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Guy Gavriel Kay, Enfants de la Terre et du Ciel
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Guy Gavriel Kay, Enfants de la Terre et du Ciel

Actusf : Enfants de la Terre et du Ciel vient de paraître en France aux éditions L'Atalante. De quoi cela parle-t-il?
Guy Gavriel Kay : Ce roman est un retour à la quasi-Europe que j’ai explorée auparavant, après deux livres façonnés par l’histoire chinoise. L'inspiration de celui-ci est l'Italie et la côte dalmate, et à l'intérieur des terres à Istanbul, dans la période après la chute de Constantinople. Je suis quatre personnages, dont aucun n’est une figure «puissante», et l’une des thèmatiques du livre est que les gens ont maintenant du mal à trouver la place et le sens de leurs propres vies, au milieu d’événements mondiaux dramatiques. Quelque chose qui s'applique aussi aujourd'hui.

"Je pense que la construction de personnages forts est la clé pour impliquer les lecteurs dans un

Actusf : Vos personnages sont forts, en particulier Danika et Leonora. Pouvez-vous nous parler de ces deux figures féminines?
Guy Gavriel Kay : Je suis content que vous les ressentiez comme cela. Je pense que la construction de personnages forts est la clé pour impliquer les lecteurs dans un roman. J'ai toujours essayé de trouver des moyens de travailler avec des femmes dans l'histoire, tout en reconnaissant les défis auxquels celles-ci étaient confrontées dans le passé. Je pense simplement que les livres sont plus intéressants s'ils ont une variété de personnages qui engagent les lecteurs émotionnellement, et cela inclura toujours les femmes aussi bien que les hommes.

Actusf : Marin et Pero sont également deux personnes importants qui ont du mal à trouver leur place. Est-ce un sujet important pour vous?
Guy Gavriel Kay : C'est exact ! C'est l'une des idées qui a inspiré ce roman, comme je l'ai mentionné ci-dessus. Pour ces deux hommes, artiste et fils d’une famille de commerçants à succès, le processus d’entrée dans une identité est compliqué (comme c’est le cas dans la vie) par la famille et pas seulement par les grandes affaires mondiales.

"Le «quart tournant vers le fantastique» signifie que mes personnages sont parfois inspirés par des personnes réelles, mais ce n’est clairement pas eux ! Je trouve cela libérateur, à la fois moralement et créativement."

Actusf : L’intrigue se situe dans une Europe du 16ème siècle fantasmée. On imagine sans peine les canaux de Séresse ainsi que le faste de Sarance. Pourquoi avoir choisi ce cadre ? Avez-vous une attirance particulière pour ces régions ? Cette période ?
Guy Gavriel Kay :  Je suis fasciné par l’histoire et les leçons qu’elle nous donne, mais je me suis souvent déplacé dans mes livres (Al-Andalus, Byzance dans l’Antiquité tardive, Chine dans les dynasties Tang et Sung, Vikings et Anglo-Saxons, Provence médiévale… ) Je ne dirais donc pas qu’il y a une période unique qui m’intéresse. J'aime beaucoup utiliser le fantastique pour examiner le passé, et ce pour plusieurs raisons. Cette question pourrait prendre toute l'interview ! J'ai écrit des essais et des discours sur ce sujet. Laissez-moi vous partager deux réflexions, parmi beaucoup d'autres. Utiliser le fantastique permet d'isoler une histoire d'un lieu et d'une époque spécifique. Ainsi, le lecteur ne pense pas "Ce n'est que cela". L'histoire et ses intrigues paraîssent plus pertinentes à notre époque.
En outre, j’ai un problème personnel avec «l’utilisation» de personnes réelles, de vies réelles, en faisant tout ce qu’un auteur veut faire avec elles. C'est un problème pour moi de respect pour les vies vécues. Le «quart tournant vers le fantastique» signifie que mes personnages sont parfois inspirés par des personnes réelles, mais ce n’est clairement pas eux ! Je trouve cela libérateur, à la fois moralement et créativement. Je ne prétends pas connaître la vie intérieure, les pensées, les relations et la sexualité de personnes réelles. Il y a, comme je l'ai dit, d'autres forces que je trouve en travaillant de cette façon, mais ce sont deux d'entre elles.


Actusf : Quand vous écrivez, avez-vous un plan ou laissez-vous votre imagination vous guider ?
Guy Gavriel Kay : J'hésite toujours à répondre à ces questions, car trop d’auteurs offrent aux jeunes écrivains des conseils sur «comment le faire» et je crois que c’est, et devrait être, très personnel. Donc, si je dis que je ne décris pas, que je découvre l'histoire au moment où j'écris, c'est à peu près ma méthode, je ne veux rien suggérer à d'autres auteurs ! Je construis mon intrigue généralement à partir de mes recherches dans un temps et un lieu, et je développe des thèmes et des personnages à partir de cela, puis l'arc narratif émerge de cet ensemble.

Actusf : Quelles sont vos principales inspirations? La rédaction de ce roman a-t-elle nécessité beaucoup de recherches?
Guy Gavriel Kay : La dernière réponse répond probablement à cela aussi. La recherche dure au moins un an, souvent plus, au fur et à mesure que je lis et prends des notes, correspond avec des universitaires et voyage. C'est ma partie préférée de l'écriture d'un livre, je ne fais juste qu'apprendre sans avoir de responsabilités, pour l'instant, d'en faire quelque chose. Je saurais quand commencer quand le moment viendra. Mes inspirations pour mes livres ont beaucoup changées durant plus de 30 ans d'écriture, je n'ai assurément pas de formule ni de recette bien définies.

Actusf : Quels sont vos projets actuels et futurs?
Guy Gavriel Kay : Je viens de terminer et de livrer mon nouveau livre, A Brightness Long Ago, qui sortira en anglais en mai de l’année prochaine. Il est également inspiré de la Renaissance, en se concentrant sur l'Italie cette fois.

No puns, no politics ... BOOK NEWS. My new novel has been announced today, for spring. Thanks for patiently waiting. I know I'm not fast. @bookriot got the reveal scoop this morning: https://t.co/z8COf3O6mB

And here is the US/CDN cover + animation! (UK cover to come soon.) pic.twitter.com/zEsuHIc7ur

— Guy Gavriel Kay (@guygavrielkay) 28 août 2018


Actusf : Quand viendrez-vous en France? Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Guy Gavriel Kay : J'étais présent pour une conférence et une tournée de rencontres et de dédicaces à travers plusieurs villes pour mes éditeurs, L’Atalante, l’automne dernier, et j’ai eu de belles rencontres avec les lecteurs. J'espère que je serai de retour dans un avenir proche. Si cela se produit, L’Atalante l’annoncera à l’avance et je le ferai aussi sur les médias sociaux. La France occupe une place particulière dans mon cœur: j’y ai écrit pendant quatre longs séjours dans la campagne autour d’Aix-en-Provence. Je suis toujours heureux de revenir!

(photo de Ted Davis - 2018 - L'Atalante)

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