Discrètement, avec L'héritage de Saint Leibowitz (Denoël PdF n° 596/597) il avait mis la touche finale à la suite post-mortem du célèbrissime Cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller. Et c'est avec un clin d'œil complice qu'il débute Hank Shapiro au pays de la récup'.
Sur les traces de Fahrenheit 451…
Hank Shapiro est un fonctionnaire dont la mission est de récupérer les œuvres d'art déclarées obsolètes. Ainsi, en détruisant toutes les anciennes reproductions des diverses expressions artistiques, l'Etat laisse (c'est du moins la version officielle) la possibilité aux jeunes de se faire un nom… C'est donc un bon récupérateur jusqu'au jour où il découvre non seulement que Homer, la chienne avec laquelle il vit seul depuis la mort de sa mère, est malade mais aussi qu'il est incapable de se débarrasser d'un disque de Hank Williams… Pourtant jamais il n'avait eu ce genre de problème, employé modèle, il récupérait CD, VHS, DVD, livres, comme ce poche de Miller, Un cantique pour Leibowitz sans le moindre état d'âme.
…mais en dérapant très vite vers un Thelma & Louise version hallucinée
Sa vie va prendre une tournure dramatique lorsqu'on lui annonce qu'Homer est mourante et qu'en cherchant à se procurer un archaïque tourne-disque, il tombe dans une fusillade. Outre le fait qu'il se prend une balle dans la jambe, Hank arrive de justesse à s'en tirer mais perd son disque qu'il doit bien entendu avoir rendu à son département à la fin du mois. Et c'est parti pour le road movie… Le récit se déroule sur deux niveaux : la cavale de Hank Shapiro et l'explication de cette Amérique où les œuvres d'art immortelles sont indésirables.
Encore un excellent Lunes d'encre
Satire sur nos dérives économiques, notamment le cauchemar du télé-marketing avec ses standards automatiques et son cortège d'incapables ou de " je-m'en-foutistes ". Réflexion sur le devenir de l'art et sur l'importance des œuvres passées, Hank Shapiro au pays de la récup' aurait déjà été bon s'il s'en était tenu là… Mais voilà, Terry Bisson part en vrille et livre un roman foisonnant et délirant où les chiens et les morts se mettent à parler, où les clones d'un indien organisent un marché noir de l'art interdit, et où les micros espions prennent la forme de cafards… Percutant et prenant en plus d'être drôle. A lire de toute urgence.
La chronique de 16h16 !