Anne Fakhouri est enseignante en lettres. Mais elle est aussi une auteure. Reconnue pour ses livres Jeunesse (Le Clairvoyage puis La Brume des Jours, L’Horloge du Temps Perdu) elle a aussi ensuite publié un thriller adulte : Narcogenèse. Avec Hantés, elle s'adresse aux jeunes pour leur parler, sous forme romancés, de problèmes réels et sérieux de notre monde.

 

 

Samuel a seize ans. Son beau-père, avec lequel il partageait une grande complicité, est mort depuis quelques mois. Policier, il est accusé d’être un ripoux et d’avoir été victime d’un règlement de compte. Le jeune homme ne croit rien de ces accusations et est capable de frapper ceux qui salissent la mémoire de son père.

 

Le garçon a d’autres soucis : il entend parfois des voix qui le hantent et l’appellent par-delà la mort. Arrivant dans un nouveau lycée, il rencontre Darius qui, lui, voit des fantômes. A eux deux, ils vont pouvoir entrer en contact avec des âmes en peine.

 

Hatari était Rwandais. Enrôlé pour le génocide, il est devenu enfant-soldat. Il est mort mais son esprit ne trouvera pas le repos tant qu’il n’aura pas réussi à assurer la tranquillité pour les siens. Et le passage lui permettant de réaliser sa tâche se trouve être Samuel.

 

Leurs destins sont-ils liés ? Pourront-ils réhabiliter la mémoire des leurs ?

 

 

Anne Fakhouri nous offre avec ce court roman une aventure passionnante et moderne. Des adolescents actuels, plongés trop tôt - et trop seuls – dans notre monde parisien plein d’argent et de rancœurs. Ils sont beaux, astucieux et surtout inconscients.

 

En contrepoint, elle nous trace à grands traits – rouge sang – les événements du Rwanda et la vie de ceux qui l’ont vécu. Certains ont été assassinés, d’autres ont fui ou se sont retrouvés à prendre part aux combats. Avec des mots simples, sans forcer le trait ni masquer le pire, l’auteure nous invite à nous pencher sur ces gens, nous force à nous souvenir, à réhabiliter les victimes, quoi qu’elles aient été poussées à commettre comme crime.

 

En parallèle de ces horreurs africaines, elle nous offre aussi, en touches habiles, une vue rapide de la vie de ceux que nous appelons pudiquement les « sans-papiers » et que nous laissons survivre dans les recoins cachés de nos villes. Parfois les mêmes que ceux qui ont fui la guerre dans leur pays en ayant tout perdu.

Et, autour de ces gens qui n’ont que leur sourire à offrir, elle nous montre comment rôdent les profiteurs, gens bien comme il faut faisant en sous-main du trafic d’armes ou simplement vivant de la crédulité des masses.

 

 

Ce qui semblerait a priori n’être qu’une histoire de fantômes emplie de jeunes gens tranquilles dessine en fait de nombreux travers de notre société, comment l’oubli vient prendre possession des vivants au moins autant que des morts… Un livre difficile à lâcher avant la dernière page.