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Hard Rescue - Les secrets d'écriture d'Harry Bozino
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Hard Rescue - Les secrets d'écriture d'Harry Bozino

A l'occasion de la sortie du 1er tome de Hard Rescue, Harry Bozino revient sur l'écriture du scénario de cette bande dessinée parue le 24 mars aux Humanoïdes Associés.

Actusf : Comment est née l'idée d'adapter le roman d'Antoine Tracqui ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de le faire ?

Harry Bozino : C’est Bruno Lecigne, éditeur chez les Humanoïdes Associés, qui m’a parlé de ce livre et du partenariat qu’il était en train de développer avec les éditions Critic lors de notre première rencontre en 2017.
Très attiré par le résumé qu’il m’en a fait, j’ai commencé à le lire juste après notre entrevue. À chaque page que je tournais, je me disais « c’est génial ! C’est typiquement le genre d’histoire que je rêve de raconter depuis que je suis gamin ! »
J’ai retrouvé le plaisir que j’avais, adolescent, en lisant les romans de Clive Cussler.
Le bouquin original est un sacré pavé. Je me suis demandé comment je pouvais faire rentrer tout ça dans deux albums BD... C’était un véritable challenge ! Mais j’étais très motivé.

Actusf : Comment avez-vous travaillé pour cette adaptation pour le scénario ? Est-ce que vous avez discuté avec Antoine Tracqui ?

Harry Bozino : Pas du tout ! (rires) Je sais qu’il a lu les différentes versions et qu’avec son éditeur, ils ont veillé à distance à ce que l’adaptation reste fidèle à l’univers qu’il a créé. Mais je dois bien avouer que j’ai été plutôt libre.

Pour la méthode, j’ai d’abord analysé toute la structure de l’histoire. J’ai répertorié le rôle de chaque personnage, déroulé l’intrigue principale, les intrigues secondaires, etc. En parallèle, j’ai identifié les aspects qui me plaisaient le plus et ceux qui me plaisaient le moins.
Puis j’ai commencé à faire des choix. Il fallait transformer 1000 pages de roman en deux fois 56 planches de BD. Autant dire qu’on ne peut pas raconter la même chose !
Le roman d’Antoine Tracqui était déjà très « visuel » mais il y a beaucoup de choses qu’il faut transformer pour que ça marche en BD. La narration n’est pas la même. Un chapitre entier pouvait se transformer en une seule page.
C’était un exercice passionnant. Il fallait tirer l’essence de l’histoire et la recomposer pour l’adapter au format BD.

Actusf : Quels ont été les choix graphiques ?

Harry Bozino : Au niveau du découpage, j’ai découpé les planches un peu à la manière d’un film. Cette histoire s’y prêtait d’ailleurs très bien. J’ai écrit l’histoire avec en tête un dessin franco-belge, mais je ne savais pas qui la mettrait en image.

Actusf : Comment avez-vous travaillé tous les deux avec Roberto Meli ?

Harry Bozino : Malgré la distance (Roberto vit dans le Nord de l’Italie), nous avons beaucoup discuté. Roberto est un dessinateur très exigeant qui a besoin de beaucoup de détails. Bien plus que ce que j’avais mis dans le script ! J’ai rajouté des plans de certains décors, des références visuelles pour les bateaux, les personnages, etc
Nous avons travaillé par mail et par skype avec des points réguliers tout au long de la mise en image de l’album.
J’ai adoré travailler avec lui. À chaque fois que je recevais une de ses planches, je me disais que c’était encore mieux que ce que j’avais imaginé au moment de l’écriture ! Chiara Di Francia a également fait un travail remarquable au niveau des couleurs.

Actusf : On y suit une société spécialisée dans les missions périlleuses. A sa tête Caleb McKay. Comment le voyez-vous ?

Harry Bozino : Caleb est un aventurier. Un peu à l’ancienne. Je me suis amusé à lui donner ce vieil appareil photo argentique qu’il tient de son grand père. Une manière de donner un peu de contraste avec le monde ultra-technologique dans lequel il évolue.
C’est quelqu’un de courageux, qui sent dès le début que quelque chose de louche se trame.

Actusf : C'est un thriller sur fond d'aventures et de mystères puisqu'on va se retrouver en Antarctique à la découverte d'un artefact. Comment avez-vous travaillé le scénario et le graphisme pour rendre le dosage entre action et mystère ?

Harry Bozino : J’adore les scènes d’action et honnêtement ce n’est pas la partie qui m’a donné le plus de fil à retordre.
Pour le mystère, par contre, c’est plus technique. Il faut distiller les éléments au fur et à mesure. En donner assez pour intriguer le lecteur mais pas trop pour ne pas qu’il obtienne toutes ses réponses. Ce qui peut être dur à tenir sur la longueur, surtout avec le risque de décevoir le lecteur si l’explication n’est pas à la hauteur.
Il fallait être vigilant lorsque Roberto travaillait sur le storyboard à ne pas dévoiler des détails sur la suite de l’intrigue.

Actusf : Il vient tout juste de sortir. Comment vivez vous cette période, ces jours où votre BD ne vous appartient plus ?

Harry Bozino : C’est une période étrange. J’ai écrit les premières lignes du scénario en 2017... Il y a presque quatre ans ! Il y a une sorte de déconnexion difficile à expliquer. En réalité, j’ai fourni le gros du travail il y a deux ans et j’ai donc eu le temps de prendre du recul sur l’album.
C’est un mélange d’excitation et de libération. Ça fait quatre ans que tous les aspects de cette histoire trottent dans ma tête. Je suis content d’enfin partager ça avec les lecteurs !
La sortie d’une BD est quand même particulière. Le jour J, il se passe tout et en même temps il ne se passe pas grand-chose ! (rires) Surtout en ce moment. Pas de salon, très peu de dédicace, bref peu d’échange direct avec les lecteurs.

Actusf : Quels sont vos projets, sur quoi travaillez-vous ?

Harry Bozino : En plus du Tome 2 qui paraitra normalement en août, j’ai trois autres albums en chantier chez les Humanos. Deux albums qui se déroulent dans l’univers des Planètes Orphelines (la suite de L’ange aux ailes de lumière paru l’année dernière). Le dessin est d’ailleurs bien avancé là-dessus.
Et je viens de terminer il y a quelques jours le script d’un polar fantastique qui se déroule au cœur de l’Écosse pendant les années 60.

Jérôme Vincent

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