Plus la peine de présenter J.K Rowling, l’auteur star des enfants, ados et de la plupart des adultes…Elle a su créer un personnage qui fédère enfants et parents, réfractaires à la lecture et boulimiques, lecteurs de littérature de l’imaginaire et de littérature blanche. Qu’on aime ou pas, on connaît Harry Potter, le sorcier à la cicatrice sur le front.
Avant-propos
Harry Potter a connu six succès, six best-sellers et trois camps. Le premier, celui des fans, attend avec impatience chaque sortie, dort devant les Virgin, parle des personnages comme de vieux amis. Le second snobe allégrement toute discussion, ricane, pastiche, s’agace…Le troisième – dont je fais partie – reste sur une impression mitigée. Harry Potter, trois bons premiers tomes, trois tomes un rien poussifs par la suite et une fin qu’on attend tranquillement…
J’arrête là, j’aurais l’air de me justifier…
Résumé des épisodes précédents (ne lire que si vous avez lu les six tomes)
Harry est un sorcier qui a survécu au plus grand mage noir de tous les temps, Lord Voldemort, alors qu’il n’était qu’un bébé. Depuis, Voldemort le traque car une prophétie a annoncé qu’il serait tué par lui. A la fin du sixième tome, le bilan est lourd : le parrain de Harry, Sirius Black et le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, sont morts. Harry doit quitter l’école pour détruire les Horcruxes, des objets qui contiennent les fragments de l’âme noire de Voldemort, renonçant à ses rêves et peut-être même à sa vie.
Et maintenant ?
Ce dernier tome était attendu avec appréhension. Le problème des grandes révélations, c’est qu’elles peuvent tomber complètement à plat. Le problème avec la surmédiatisation, c’est qu’on a l’impression d’être gavés avant de se mettre à table. Mettons les choses au point : non, Harry Potter ne peut pas rivaliser avec les livres de littérature de l’imaginaire que nous défendons habituellement. Oui, il y a trop de marketing, un prétexte culturel douteux, des effets extrêmement faciles. Mais ça marche.
Quitte à me prendre quelques Waylander en pleine tête, Rowling a le même talent que Gemmell : oui, ses histoires sont énormes, ses personnages caricaturaux, non, elle n’a rien inventé. Mais les ficelles sont si bien enchevêtrées qu’on oublie qu’elles sont grossières.
Revenons-en à Harry, cet ado insupportable, cet enfant de la prophétie (12540e du nom) détenteur de l’épée magique (numéro 15237) ou de la pierre noire (dans la tour blanche ?).
Harry est effectivement face à son destin, dans ce tome-ci.
Premier point : ses lecteurs ont grandi avec lui. Ils sont capables de comprendre des concepts peu accessibles à un enfant de onze ans qui lirait les sept tomes à la suite. Il y aura vraiment une génération Harry Potter. Quels concepts ? D’abord, la dualité, ensuite, la mort. Car il y a de nombreux morts, dans ce tome sept. Rowling fauche plus vite que son ombre. Il y a de la souffrance, également, des atrocités, même si rien n’est décrit (évidemment). Des bons sentiments (l’amouuuur sauvera le monde).
Des grandes lignes
Dans l’ensemble, ce tome est maîtrisé. Nous sommes loin des balbutiements des tomes 5 et 6. Vous le savez, l’intrigue reposait sur les révélations et les tabous du très cher Albus Dumbledore et ses complices. A chaque fois qu’on pensait détenir un morceau de vérité, un rebondissement nous empêchait d’en savoir plus. Usant.
Là, évidemment, l’auteur n’a pas pu reculer et il a fallu expliquer. L’ensemble est tout à fait crédible et pensé. On file de page en page pour en savoir plus, encore et encore. Ce dernier tome, mature, bien mené, se lâche difficilement.
Des petites failles
Bien entendu, un lecteur exercé, un adepte de l’imaginaire, sera agacé par plusieurs points. Tout d’abord, comme je l’avais prédit, Rowling est incapable d’expliquer ce qu’est la magie. Reprendre des grands mythes (épées magiques, elfes, centaures) est facile mais réfléchir sur leur origine demande une certaine culture du genre et un talent de vulgarisation qui n’est pas donné à tout le monde. Sur ce point, je reste déçue.
Par conséquent, il y a une explication plutôt fumeuse à propos des baguettes magiques et de leur pouvoir, de l’implication des sorciers dans leur utilisation…Le duel de fin ressemble, alors, à une mauvaise scène de films de cape et d’épée (« ah ah ah tu ne savais pas qu’en fait, j’avais caché le coffret dans le giron de la cousine de la belle-sœur du concierge que tu avais soudoyé, méchant Comte noir et cruel ! »).
Dernier point agaçant : chacun révèle à Harry ce qu’il a besoin de savoir, dans les cent dernières pages. Mais si on accepte les règles du jeu, cette faille peut s’avérer être une force et la lecture se déroule sans encombre (ne vous attendez pas, de toutes façons, à être surpris. Ce n’est pas le but.).
Bilan
Harry Potter et les Reliques de la Mort se lit plus facilement que les autres tomes, sans doute parce qu’on veut à tout prix la fin de l’histoire. Fin qui n’est d’ailleurs pas décevante, plutôt bien menée et agréable. On va pouvoir passer à autre chose...Ce n'est pas la révélation de l'année, il n'y a rien que du très convenu.
Nous quittons Harry Potter et ses amis, définitivement et il reste une dernière question : que pourra écrire Rowling, après un tel succès ?
Pour finir sur une note positive, je rappelle que cet avis n’engage que moi. Mais vous pouvez, comme pour les autres tomes, m’adresser vos mails à afakhouri@actusf.com. Je me ferai un plaisir de vous répondre !