Premier roman
Originaire de Bretagne, nourri dès le berceau par les légendes et croyances de sa région, Henri Bleunven vit entre deux mondes : celui de l’imagination et le réel. Passionné également par la science fiction, il se lance dans l’écriture de son premier roman, Futur antérieur (Livr'S Editions, 2019), un roman d’anticipation dystpopique.
Une quête dans un monde post-apocalyptique
Dans un monde post-apocalyptique, des petites communautés sont régies par des lois les Gardiens. C’est dans ce monde qu’ont grandit Urien et Leïla. Avec des règles strictes, que nul ne doit transgresser sous peine de se faire exécuter.
La fibre révolutionnaire brûle néanmoins dans les gènes d’Urien qui se glisse à travers les frontières et découvre une caverne équipée avec la technologie de son passé. Ordinateurs, panneaux solaires ultra perfectionnés et la possibilité de dialoguer avec d’autre rebelles du système... Les Insoumis.
Urien et sa compagne décide alors de tout quitter pour les rejoindre. Rapidement, le couple s’intègre à un petit groupe d’autres rebelles où commence une nouvelle vie faite de chasse et de cueillette alors que de son côté, Leïla est enceinte.
Jusqu’au jour où un nouveau rebelle trahit et qu’une partie des Insoumis se fait enlever par les Gardiens. Urien n’aura alors de cesse de rechercher sa compagne et son enfant à venir, avec l’aide d’un autre rebelle et d’un étrange homme, Tsuda le Second. Commence alors une quête à travers le monde...
Une idée intéressante, mais un manque de subtilité
Futur antérieur cherche à dénoncer notre propre mode de vie et les conséquences potentielles du réchauffement climatique et de notre recherche perpétuelle de confort plutôt que d’harmonie avec la nature. Le livre remet ainsi en question son passé qui est notre présent, mais également la nature humaine dans son ensemble puisqu’il découle de ce futur une certaine similitude avec l’Histoire : les camps de travail pour les personnes qui se rebellent contre le système et qui font penser à ceux de l’Allemagne nazie, la scission toujours plus grande entre riches et pauvres, les manipulations gouvernementales qui cherchent à étouffer toute révolution dans l’œuf, par la violence.
En filigrane se découvre une réflexion philosophique sur notre propre société et sur les travers qui peuvent en découler dû à notre nature humaine. Une vision sévère de l’Homme, néanmoins atténuée par la présence de rebelles qui se manifeste chez les défavorisés comme chez les privilégiés.
Cependant cette philosophie qui se veut parfois moraliste manque de subtilité, tout comme certaines explications du monde et de la technologie du passé qui sont trop scolaires et s’intègrent mal au style d’écriture d’Henri Bleunven, capable d’être beaucoup plus léger et poétique dans les descriptions. Cela apporte de la lourdeur au récit et moins de crédibilité aux personnages qui reçoivent ou débitent ces explications. Il y a également quelques incohérences au niveau du langage ; certains dialogues sont en anglais alors que le français est désormais désuet et a évolué et s’est transformé, même si cela n’est pas du tout retranscrit dans les enregistrements que les personnages possèdent du passé. Ils doivent également apprendre une nouvelle langue, mais il est difficile de comprendre à quel moment ils l’utilisent et à quel moment ils parlent leur langue maternelle, la manière dont les dialogues sont construits étant incapable de lever ces interrogations.
Par ailleurs, l’histoire reste relativement prévisible et suit un schéma trop classique, presque cliché. C’est dommage parce qu’il y a tout de même quelques belles idées dans la construction du monde, notamment les technologies, ainsi que du côté des personnages.
Une lecture mitigée, donc, qui n’appelle pas forcément à une suite.