À cinquantaine-neuf ans, Iain Menzies Banks tire sa révérence avec la même causticité débonnaire qui avait présidé à ses trente ans de carrière. Non seulement il fût l’un des quelques auteurs à avoir su durablement imprimer sa marque sur la science fiction mondiale, mais il a su aussi – en Angleterre du moins - s’attirer un public fidèle et nombreux en littérature générale.
Né en 1954 à Dunfermline, tout au Sud Est de l’Ecosse, son est père officier dans la Royal Navy et sa mère fût un temps patineuse professionnelle. Enfant unique, mais issu de familles nombreuses, il vît entouré d’oncles, tantes et cousins. Ce qui ne l’empêche de se sentir privilégié. "C’est très difficile pour des parents de n’avoir qu’un seul enfant et de l’aimer sans le pourrir […] J’ai toujours été habitué à être traité comme la personne la plus importante à la maison, ce qui peut être quelque chose de très dangereux. Bon, il se trouve que, par chance, je suis devenu quelqu’un de merveilleux, mais n’importe qui de moins bien que moi aurait facilement pu devenir imbuvable." Comme quoi, Iain Banks ne réservait pas l’usage du second degré qu’à ses seuls romans, comme en témoigne le blog qu’il a tenu jusqu’à la fin.
16 ans et déjà un premier roman
Scolarité tranquille, et jeunesse standard, c’est-à-dire ponctuée par des descentes fréquentes au rayon SF de la bibliothèque de son quartier, des appartement partagés avec des potes et des pétards fumés en quantité respectable. Rien de bien notable vraiment, si ce n’est une bizarre obsession pour les explosifs. Il passe beaucoup de temps à en fabriquer avec du sucre et du désherbant. C’est d’ailleurs ce qu’il marque à la rubrique "hobbies" sur la fiche de renseignement à son entrée à l’Université de Stirling. C’est un étudiant populaire, mais studieux. Il y suit des études de Philosophie et de Psychologie et obtient en 1975 un diplôme d’Anglais. Un choix de matières entièrement guidé par ses aspirations professionnelles, car pour lui, le choix de carrière tombe sous le sens : il sera écrivain. Depuis l’âge de quatorze ans, Iain M.Banks s’essaye à l’écriture avec une constance et un acharnement touchant. Son premier roman de tiroir, qu’il rédige à seize ans, s’appelle The Hungarian Lift Jet, un récit d’espionnage très old school avec beaucoup de violence et de sexe dedans, même s’il avoue volontiers qu’à l’époque il n’avait encore aucune expérience de l’un ou de l’autre. Il s’est depuis juré qu’à moins de lui passer sur le corps, jamais ce premier effort ne verrait le jour.
Son deuxième essai, The Tashkent Rambler, qui date de son entrée à l’université en 1972, marque certes un progrès, mais tout relatif. S’inspirant de Tous à Zanzibar et de Catch 22, il imagine en quelques 500 pages, un futur proche où les Américains, désireux de tester leur nouvel arsenal, volent au secours des Chinois qui viennent d’envahir la Mongolie pour contrer une attaque soviétique (vous suivez toujours ? OK !). Les Chinois, ne sachant que faire de la Mongolie, finissent par l’abandonner aux Américains qui décident d’en faire le 51ème Etat de l’Union. Logique ! Est-il utile de préciser que cette deuxième tentative n’a, elle non plus, jamais quitté le tiroir ?
La version définitive du roman ne sortira en Angleterre qu’en 1993, mais elle sera assez proche de ce premier jet. L’intention de Banks était alors d’écrire un roman de fantasy s’appuyant sur des bases scientifiques rigoureuses. Mais dès cette époque, ne se documentant qu’un minimum et surtout, refusant de se laisser imposer son histoire par un complexe de crédibilité scientifique aigu, il va finalement prendre de plus en plus de liberté avec son schéma de base.
1979, l’année du déménagement
Recherchant désespérément le sujet de roman qui lui permettrait d’empocher, enfin, un contrat, il tente en 1980 d’écrire quelque chose qu’il pourrait proposer à un plus grand nombre d’éditeurs. En dépit des protestations de certains de ses proches qui l’accusent de se vendre, il s’essaye à une histoire située de nos jours en Ecosse. A mesure qu’il décrit les perversités morbides d’un jeune adolescent vivant cloîtré sur une île avec son père, une sorte de professeur Nimbus qui prend bien garde de le préserver du monde extérieur, Iain M.Banks ne peut s’empêcher de se demander "qui pourrait bien avoir envie de lire un truc aussi chiant". Finalement, après plusieurs refus, il se décide à aller déposer le manuscrit chez Macmillan, tout simplement parce que c’est l’éditeur le plus proche du cabinet où il travaille. Là, James Hale, le responsable du département fiction le lit en un week-end, et est tout à la fois horrifié et amusé par cette intrigue tordue. Le lundi suivant il déjeune avec Banks dans un pub voisin de leurs bureaux respectifs, et le contrat est signé. Il restera son éditeur, jusqu’à sa mort, en 2003.
Trouvant que le "M" de Menzies faisait un peu trop maniéré, il lui suggère de l’escamoter. Après avoir en retour proposé un changement de nom plus radical : John B.Macallan (en hommage à ses deux whiskies préférés, le Johnny Walker Black Label pour les blended, et le Macallan pour les single malt), il se range à l’avis de son éditeur, et c’est sous le nom de Iain Banks que paraît Le Seigneur des guêpes en 1984. Contre toute attente, le succès est immédiatement. La critique y voit une satire cruelle de l’individualisme et du culte du pouvoir, deux valeurs chères aux cœur des conservateurs du gouvernement Thatcher et que l’auteur pousse à leurs extrêmes les plus grotesques.
L’écriture à temps plein
Bien vite Le Seigneur de guêpes se vend assez pour permettre à Iain Banks d’abandonner son emploi et ne plus se consacrer qu’à l’écriture. Ce n’est pas encore la fortune, mais assez en tout cas pour qu’il puisse opérer un tel virage – à condition toutefois que Annie, sa compagne, continue de travailler. Pressé de se mettre à écrire, Hale lui conseille de ne pas trop en faire : "Un livre par an sera tout à fait suffisant". Banks ne se le fait pas dire deux fois.
Le train de vie qu’il adopte à partir de cette époque, semble bien éloigné des principes qu’il défend par ailleurs. Un paradoxe apparent dont il s’accommodera sans peine. "Mes amis savaient que j’étais avant tout un égomaniaque, donc rien n’a vraiment changé si ce n’est que la réalité à fini par s’aligner sur mes bizarres espérances", aimait-il à dire, toujours sarcastique. "Mais ils savent aussi que le fait que je sois riche est essentiellement dû à un coup de chance, et que la société dans laquelle nous vivons rétribue de manière absurdement surévaluée ce que je fais. Deux de mes vieux amis sont enseignants, et ce qu’ils font est bien plus utile à la société. Mais c’est ça le Capitalisme, il y a un gros marché pour l’évasion, l’Art et l’amusement, donc je gagne beaucoup plus d’argent que je ne devrais." Mais bien qu’il confesse des revenus plus que confortables (en moyenne un quart de million de livres par an, mais parfois plus), sa nouvelle aisance n’émoussait en rien sa haine de l’ultralibéralisme et de ses défenseurs.
Walking On Glass et Entrefer
En cueillant la critique à froid il diffère quelque peu l’épreuve du - "toujours problématique" - second roman. On lui reproche bien d’avoir privilégié la forme sur le fond, mais pas au point d’y avoir sacrifié son histoire. Ce sera d’ailleurs une constante chez lui : "J’aime les intrigues, j’aime les histoires. Je déteste ces romans qui s’arrêtent d’un coup. Je ne peux pas m’empêcher de penser "Eh, les gars ! Qu’est ce qui s’est passé ? Vous êtes tombés en panne de mots ?" Ces auteurs ont l’air de s’imaginer que c’est la manière la plus intelligente de terminer un roman. Pas moi ! Il me faut une fin. Bordel ! Je ne veux pas de ces merdes existentialistes post-modernes. Je veux une histoire, avec une fin."
Un homme, victime d’un accident de voiture est plongé dans le coma, et dans sa fuite intérieure. Entremêlant rêve et réalité dans un enchevêtrement complexe matérialisé par les entretoises d’un titanesque pont qui abrite tout un monde, on navigue entre illusions et souvenirs d’une vie d’ennui. La poésie qui se dégage d’Entrefer est fortement teintée de fantastique. Banks y glisse même quelques allusions à ses univers de science fiction, mettant en scène un vaisseau spatial qu’il décrit comme "un château dans le ciel". Une partie de la critique ne s’y trompe d’ailleurs pas, et le chronique comme un roman de SF. Quoiqu’il en soit, Entrefer est bien accueilli. Iain Banks a réussi son examen de passage.
La SF une fois sur deux
Le rythme est donc pris : SF une année sur deux. Après L’Homme des jeux en 88 c’est un nouveau roman en blanche qui sort l’année suivante. Canal Dream est un huis-clos s’ordonnant autour de la prise d’otage d’un pétrolier traversant le canal de Panama. De son propre aveu, c’est l’un des romans dont Iain Banks est le moins fier. Et, accessoirement, celui dont l’écriture lui a demandé le plus de travail."C’était ma première tentative de thriller-politique, et je ne suis vraiment pas taillé pour ça.". Doit-on voir une certaine forme d’ironie à ce que ce soit son livre "le plus faible", qui attire pour la première fois l’attention des cinéastes ? Des noms ont circulés et Banks a fait savoir qu’il ne serait prêt à céder les droits qu’à Oliver Stone, le seul en qui il ferait assez confiance pour conserver le côté "gaucho" de l’intrigue.
Premier roman écrit en 77 mettant en scène la Culture, le manuscrit vieux de plus de quinze ans nécessite un gros travail de réécriture. Il doit notamment resituer la Culture, qui n’y était guère qu’un élément du décor. Sur la suggestion de son ami Ken McLeod, il peaufine cette idée de deux histoires se croisant (l’une chapitrée de 1 à 13 et la seconde de XIII à I), et travaille sa structure pour la faire coller au plus prêt à son intrigue. Le résultat est à la hauteur de ses espérances, et lui-même considère que L’Usage des armes est son meilleur roman après Entrefer. Pour la communauté des lecteurs de SF cette fois la preuve est faite que Banks est bel et bien un auteur de tout premier plan, qui est train de révolutionner le genre.
Sans doute pour compenser sa surproduction de l’année 1989, il s’octroie une année off. Rien de sortira en 1991. Il met à profit ces petites vacances pour revenir s’installer en Ecosse, et donner à l’université de Stirling des cours de création littéraire. Une expérience qu’il ne renouvellera pas, ce qui ne l’empêchera pas d’être nommé docteur honoris causa en 1997.
La Plage de verre, dernier roman de ses tiroirs
Son retour sur les étagères des librairies se fait avec un roman non-SF, lui aussi inédit en France. The Crow Road s’axe autour la personnalité de Prentice McHoan, une jeune étudiante désinhibée qui revient dans sa riche famille à l’occasion des obsèques de sa grand-mère. Un roman finalement assez léger, qui cadre sans doute assez bien avec l’état d’esprit d’un jeune marié, puisqu’à presque quarante ans et après douze ans de vie commune, il fini par convoler en justes noces avec Annie, qu’il avait rencontrée en 1980 alors qu’il travaillait pour son cabinet d’avocat. Le mariage se déroule à Hawaii, juste à la fermeture du bureau de l’état civil, alors que le couple revenait d’une convention à Adelaide. "Nous avions une heure devant nous, et le choix entre rentrer vite fait à l’hôtel pour passer autre chose qu’un T.Shirt et un short et prendre un appareil photo, ou bien aller boire un coup en attendant que l’officier d’état civil soit prêt. Hé bien devinez, quoi ? Pas de photos ! Juste le juge, et sa secrétaire en guise de témoin."
Le retour aux affaires se fait en 1993 avec un des ses romans slipstream. Complicity, est clairement le produit de ses interrogations. Avec le recul, The Crow Road a fini par lui apparaître comme bien trop "confortable". Il décide de réaliser un vieux projet, s’attaquer à une detective story. Situant son action à Edimbourg, Banks nous emmène enquêter sur une série de meurtres se déroulant dans les milieux aisés de la finance. Pour ne pas qu’on l’accuse de s’amollir avec les années, il parsème Complicity de morts perversement inventives, qu’il prend d’autant plus de plaisir à imaginer qu’elles mettent en scène des parangons de tout ce qu’il déteste. Son intention étant alors d’écrire un roman sur le thatcherisme, c’est avec une avec une jubilation caustique qu’il règle leurs comptes aux golden boys des années fric. Le roman est d’ailleurs accueilli comme tel dans une Angleterre fatiguée de près de quinze années d’administration Tory, et qui n’hésite plus à le montrer. Le climat social et économique est tendu, et au terme d’un vote de confiance au Parlement cette même année, l’administration de John Major ne sauve sa tête que de justesse. Complicity participe de ce grand mouvement qui ne tardera plus maintenant à ramener les Travaillistes au 10 Downing Street.

"C’est dans la Culture que je me sens le plus à mon aise"
1995 et cette fois Iain Banks s’attaque à la religion. Après avoir failli s’appeler Twenty-Nine et Cult Novel, c’est d’après le nom de son héroïne – Isis Whit – qu’il intitule ce "livre sur la religion écrit par un prosélythe athée". Whit, lui aussi inédit en France, raconte l’histoire d’une secte perdue en Ecosse. Isis y est "l’Elue de Dieu", et elle doit être l’invitée d’honneur du quarantième Festival de l’Amour organisé par la secte. Sa rencontre fortuite avec une reine du porno va, on s’en doute, modifier ses plans. Avec son côté débonnaire, Banks est parfois passé pour, sinon un charlatan, du moins un roublard madré. Mais avec Whit un nouveau cap est passé, et certains critiques n’hésitent pas à qualifier le roman de "classique moderne".
"C’est dans la Culture que je me sens le plus à mon aise. C’est plus "mon bébé"". Dans ces conditions il était grand temps d’y revenir. Après deux escapades consécutives hors de sa création fétiche, Iain M.Banks y revient avec Excession. Amoureux des formes extrêmes, il développe cette fois une histoire incroyablement complexe que viennent encore embrouiller des ruptures de textes, des intrigues croisées, et un nombres totalement déraisonnable de personnages. Le titre est bien choisi (ce n’est sans doute pas innocent de sa part), et pourtant ça marche. Evitant de se caricaturer il pousse l’exercice jusqu’au bout, tout en n’en perdant jamais la maîtrise.
Verve acide
Théoriquement, Inversions n’est pas un roman de la Culture. Techniquement, plusieurs allusions glissées au fil de l’intrigue l’y rattachent pourtant. Tordant les codes de l’intrigue croisée, il juxtapose deux histoires totalement indépendantes pour composer une image d’ensemble d’une planète en crise où évoluent incognito ce qui nous apparaît à nous, lecteurs coutumiers de son univers, comme deux ressortissants de la Culture. Il se dégage de cette tentative de fantasy un parfum de vague tristesse. Une désillusion à laquelle Banks ne nous avait guère habitué, et que l’on retrouvera de manière plus prononcée encore deux ans plus tard dans Le Sens du vent.
De même qu’il prouve que sa verve acide ne l’a pas quittée. Le Business qui paraît en 1999, entre Inversions et Le Sens du vent est bel et bien un petit brûlot cynique. On y croise Kate, employée mandatée par une grosse société transversale qui décide d’acheter un petit état au pied de l’Himalaya dans le but de pouvoir s’offrir un siège à l’ONU. Pour une fois traduit en français, Le Business fait nous fait découvrir une facette inattendue de Banks, facette dont les Anglais profitent déjà avec bonheur depuis près de vingt ans.
C’est en 2002 que paraît Dead Air où nous faisons la connaissance de Ken Nott, animateur de radio controversé, vaguement de droite, dont les aventures avec une riche femme mariée vont l’entraîner dans les ennuis avec la pègre londonienne. L’histoire commence le 11 septembre 2001, l’occasion pour Iain Banks de remettre les pendules à l’heure. Choisissant de raconter l’histoire par la bouche de Nott, on sent la tentation de la provoc’. "Elle avait qu’à mettre sa putain de ceinture" fait-il dire à son DJ quand il apprend la mort de Lady Di. Et peut-être s’y est il un peu trop laissé allé car la critique ne manque pas de signaler, qu’en dépit de ses qualités, Dead Air est un cran en dessous du reste de sa production. Elève doué, peut mieux faire !
La quête du whisky parfait
Il est peut-être temps pour Iain M.Banks de prendre un peu de recul. En 2003, pas de fiction, mais un livre - Raw Spirit : In Search of the Perfect Dram - dans lequel il raconte sa quête du whisky parfait. Ça devait arriver. Banks est célèbre pour ses écarts maltés lors des tournées promos. Grand amateur de whishy donc, il laisse parler sa passion, même si il ne peut pas s’empêcher de déborder un peu. Notamment il évoque à plusieurs reprises de sa mauvaise humeur à voir son pays participer à l’invasion de l’Irak. Néanmoins, Raw Spirit reste aimablement anecdotique (et largement dénué d’intérêt pour qui n’aime pas le whisky et ne partage pas l’engouement de l’auteur pour les voitures).
Profiter de la vie
Depuis Iain M.Banks semble s’était installé dans un rythme plus relâché. Volontiers sarcastique, parfois désinvolte, Banks ne parvenait jamais à agacer. Certainement parce qu’il avait sur lui le recul nécessaire pour s’amuser du personnage qu’il s’était créé. "Je présume que si vous êtes un bon auteur vous ne vendez pas, et que si vous vendez par wagons entiers, c’est que vous êtes un auteur de merde. Donc j’imagine que je dois être en train d’avouer que je suis un auteur de merde." disait-il. Son invraisemblable aisance d’écriture masquait à peine le travailleur acharné, celui qui dès l’âge de quatorze ans, avait tout mis en œuvre pour devenir écrivain, tout comme d’autres mettent tout en œuvre pour devenir rock star. Il se qualifiait volontiers de flemmard, et le prouvait, affirmait-il, en ne travaillant que trois mois par an. Coquetterie de bosseur, parce qu’on n’est pas créateur à mi-temps, ni surdoué à éclipses. Or Iain M.Banks était indubitablement l’un et l’autre, avec le lot de doute et de questionnements que cela engendre : "A chaque fois vous vous dites que c’est bon, que c’est avec celui-là qu’on va finir par s’apercevoir que, finalement, vous n’êtes peut-être pas si bon que ça. Et ça, vous n’avez vraiment aucun moyen de le savoir avant, parce que même les très mauvais écrivains - parmi lesquels je ne me compte pas pour le moment – s’imaginent probablement que ce qu’ils viennent d’écrire est l’un des meilleurs bouquins du monde. Parce que c’est un tel sentiment d’accomplissement quand vous réussi à mettre ce que vous ressentiez sur le papier. C’est comme si vous mettiez au monde un enfant.". Fanfaron et lucide tout à la fois, tout le personnage était résumé ici.
Divorcé d’avec Annie en 2007, il vivait depuis avec l’éditrice Adele Hartley. C’est à ses côtés qu’il a vécu ces derniers mois, en lui demandant si elle voulait bien “lui faire l’honneur de devenir sa veuve.“ Et, peut-être, son secret résidait-il tout simplement dans son acharnement à profiter de la vie.
Il avait annoncé cette triste fin en avril dernier. Nul doute qu’il aura su rendre grâce aux anges – à qui tout amateur de whisky sait qu’il faut sacrifier une part de précieux nectar – de lui avoir accordé la satisfaction de survivre à Margaret Thatcher, à qui il avait toujours su réservé une absolue détestation. "Bien-sûr, disait-il, j’aimerais bien qu’il y ait plus de gens qui pensent comme moi, et moins comme ces trous du cul de droite, mais à part ça, je n’ai pas à me plaindre. Hey ! C’est la belle vie : surpayé, sans se tuer à la tâche…" Ironiquement, il nous a pourtant quitté quelques jours à peine avant la parution de son ultime roman, The Quarry.