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2087

David Bry ( Auteur), Sylvain Sarrailh (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/04/2012  -  livre
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2087

David Bry, auteur de La Seconde chute d’Ervalon et de Failles parus en 2009 et 2011, propose cette année un roman mêlant les genres. Mais c’est aussi un auteur qui écoute de la musique, et de la bonne ! The XX et Placebo ont ainsi bercé l’écriture de 2087

Gabriel Seste, un détective ancien membre de l’Armée de Paris, erre dans les rues irradiées de la ville en quête de réponses aux crimes impunis. Comme d’habitude, ce jour-là, tout commence par un appel : une femme qui désire simplement retrouver le meurtrier de sa sœur. Banal ? Non, complexe. Car une fois arrivé chez Dahné Andrès, c’est un cadavre et la tête d’un psilien qui l’attendent. Une tête qui lui est personnellement adressée. Ensuite tout s’emballe : les morts s’accumulent autant que les questions. La vérité est dès lors la seule qui comptera, la seule qui guidera ses pas dans les profondeurs mortelles d’un Paris désenchanté.  

Roman noir, cyberpunk et polar

L’ouverture du récit est simple, rapide et efficace. Les premières lignes sont accrocheuses, l’univers sombre et futuriste planté là sans fioriture : communicateur, panneau à paysage virtuel, dôme énergétique, aérocars, passerelles semi-aériennes, air radioactif,… Bienvenue dans le Paris de 2087. Et si vous vous y perdez, il y a toujours un petit glossaire à la fin du livre, mais la plongée dans l’univers de David Bry se fait presque naturellement. L’écriture de l’auteur est machiavélique dans le sens où la fin de chaque chapitre est faite pour vous conduire irrésistiblement au suivant. En l’espace de quelques pages, nous passons d’un simple crime à trois cadavres ; le troisième se réduisant à une tête. L’intrigue rapidement s’épaissit et se complexifie. Tout est mis en place avec méthode pour ménager le suspense : les découvertes s’accumulent sans révéler leur vérité car,  sans se mêler, elles se lient à un seul homme ignorant du propre rôle qu’il joue dans cette affaire, Gabriel lui-même. Et quand l’étau se resserre autour de lui, nous partageons ses angoisses, ses cauchemars, ses douleurs, ses regrets, ses questionnements. Captiver est le mot qui convient pour décrire l’état dans lequel la lecture de 2087 nous plonge : on ne le lâche plus. L’heure des révélations approche ; moment intense, frustrant, nerveux que l’on redoute car elle annonce inévitablement la fin que l’on veut repousser, et que l’on désire pourtant tout à la fois.

Paris, piégée sous son Dôme protecteur, a perdu son humanité. Les nouvelles technologies ont produit des âmes errantes sans distinction telles des robots. La ville, sous le joug du Consul, des corporations et de l’armée, est surveillée sans relâche, les naissances contrôlées, les morts quotidiennes. Exclus et stigmatisés, les irradiés, les mutants et les psiliens sont abandonnés à leur sort. Les brumes radioactives sont devenues leur unique refuge, le crime, leur raison de survie et la haine, leur arme. Et puis bien sûr, seuls les plus riches s’en sortent bien, ceux du secteur A à l’abri dans leurs quartiers surprotégés. Et tout semble réaliste, possible : 2087 nous propose un aperçu de la fin, de celle provoquée par l’Homme lui-même avec sa frénésie des progrès. Le passé – notre présent à nous, lecteurs – ne semble plus être qu’un mythe nostalgique.

Quelques minuscules regrets tout de même

Le personnage principal est bien développé, et heureusement me direz-vous ! Bisexuel drogué, hanté par la disparition non résolu de son frère, incapable d’avancer, fuyant les personnes qu’il aime, prenant des risques et mettant sa vie en jeu, il n’est plus qu’une ombre qui ne vit que pour la vérité. Malheureusement, il n’en est pas de même pour les personnages secondaires mais qui sont tout aussi important. 2087 est un très bon polar qui aurait pu gagner en épaisseur en développant les existences de Zina, Martin, et Lieume. La vie dans les banlieues est succinctement abordée et c’est plutôt dommage. Renan de Bagnolet, pourtant grand seigneur des banlieues, n’est qu’un nom sans visage. L’horreur, le dégoût, la peur et la haine envers les mutants, les irradiés et les psiliens sont des aspects qui auraient pu être appuyés par des descriptions physiques plus minutieuses pour créer une image beaucoup plus visuelle dans l’esprit du lecteur. Peut-être aussi aurait-il été intéressant de développer la construction de ce Paris post-apocalyptique, pour appuyer le trait sur cette humanité brisée se reconstruisant à coups d’implants. Et il y a l’intrigante petite Emma. Enfin, l’impression finale de cette lecture est qu’il y a comme un manque. Ah ! Et la scène de sexe virtuelle dans le simulateur est bien sympathique mais bien courte aussi !

En tout cas, ce roman est un très bon roman palpitant et sans temps mort que j’ai dévoré. Et comme dirait Gabriel Seste : « Et merde … Et re-merde ! » : c’est déjà fini !

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