Né en 1970 à Belgrade, Vukasin Gajic n'est autre que le frère d'Aleksa Gajic, l'excellent dessinateur du Fléau des Dieux. Son parcours fut par contre plus chaotique. D'abord attiré par le dessin, il part vers le Portugal pour échapper à la dictature. Là bas, en situation irrégulière, il enchaine les petits boulots, d'ouvrier dans le bâtiment à infographiste. Finalement, sous les conseils de son frère cadet, il vient en France en 2004. Et comme une belle histoire, son premier album sort deux ans plus tard.

Le futur est sombre

Lisbonne 2051. Dans une ville à moitié enfouie sous les eaux et où l'on ne sors pas sans son masque à cause de la pollution, Alex reçoit la visite de trois de ses amis d'enfance. L'occasion pour lui de faire la fête avec eux dans de joyeuses retrouvailles. Mais peu à peu des doutes se forment dans son esprit. Et si cette visite impromptue était liée à une gigantesque expérience génétique ? Et si les pillules que lui font avaler ses compères n'étaient pas si anodines qu'ils veulent lui faire croire ? Le début d'un tourbillon pour Alex qui va bouleverser sa vie...

Dessin très "informatique"

On attendait bien sûr avec beaucoup de curiosité cet album pour voir comment allait se débrouiller le "frère de Gajic". Et le résultat est au final plutôt positif. Côté graphisme, il faut du temps pour s'adapter à ces dessins fait à l'ordinateur avec un côté très "lisse" et "informatique". Une technique qui choque un peu au début notamment sur le traitement des personnages (là où le côté "lisse" du dessin est le plus visible). Elle a aussi pour atout de mettre en valeur des vues sur la ville de Lisbonne, des vues parfois apocalyptiques quant les héros s'aventurent dans des quartiers pratiquement complètement enfouis sous les eaux. Et là cela devient réellement superbe car Vukasin Gajic maîtrise bien ses outils et sa palette graphique. Et peu à peu, l'effet choquant s'éfface et on se plonge complètement dans cet histoire.
Car l'autre atout de ce premier album, c'est son scénario. Sur un thème plutôt classique ("on nous dit rien, on nous ment en permanence"), Vukasin Gajic dévoile un récit assez efficace avec comme principal intérêt la relation entre les quatre protagonistes. On en ressort avec de nombreuses questions et surtout l'envie d'en découvrir un peu plus. Un album qui en rebutera certain par son aspect visuel mais qui a de nombreuses qualités. Vivement la suite.