Nous : Pourquoi êtes-vous présent au salon ?
Marc Caro : Pour manger gratuit (rires). En fait, je suis venu pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que je suis un fan de science-fiction et j'ai un vieil attachement pour Jules Verne. Deux, je suis nantais et c'était donc une bonne occasion de revenir dans la ville où tout a commencé. Trois, on est l'an 2001 et forcément, il y a un hommage à Stanley Kubrick qui est rendu sur le salon. Ca fait quand même beaucoup de concours de circonstances !! ( Silence) Et puis, j'avais envie de voir ce qu'était un festival de science-fiction.
Nous : Première impression sur ce salon ?
Marc Caro : Ce que je trouve très intéressant sur ce salon, c'est de montrer tous les aspects de la SF. C'est vrai que tous les modes de représentations se développent beaucoup autour de ce thème comme par exemple dans les jeux vidéos qui ont pour la plupart une base SF. Le fait de montrer tous ces aspects enrichi beaucoup plus qu'un simple salon littéraire.
Nous : Comment êtes vous tombé dans la SF ?
Marc Caro : Tout a commencé avec des films, des martiens et tout ça. Et puis, il y a eu le petit écran avec Neil Amstromg lorsqu'il a marché pour la première fois sur la lune. Cela m'a un peu orienté. Quand on est môme, on veut être cow-boy, pompier, ou autre… Moi je voulais être cosmonaute. Cela a continué avec la littérature. Mon premier grand choc cinématographique a été quand même 2001, l'Odyssée de l'espace. J'étais très jeune et c'était une expérience quasiment mystique avec le son et l'image. Et c'est vrai que je ne m'en suis pas encore bien remis. C'est un film que je ne me lasse pas de voir, de revoir et de rerevoir…
Nous : Quel auteur de SF vous a le plus marqué ?
Marc Caro : Oh, y'en a plusieurs !! En fait, c'est par période. Dans les débuts, je lisais Van Vogt, Asimov… toute la science fiction classique des années 50 et puis après, j'ai basculé dans la SF spéculative avec des auteurs comme Dick, Spinrad, Silverberg. Y'en a un que j'aimais beaucoup, c'était Stanislas Lem. Et maintenant je continue à lire régulièrement : Dan Simons, Iain Banks que j'aime beaucoup, Neal Stephenson…Gibson aussi, mais plutôt à ses débuts.
Nous : Qu'est ce qui vous attire dans la SF ?
Marc Caro : La SF imagine souvent plein de choses à l'avance mais en général, ça ne se passe pas comme prévu dans le réel. Voir le décalage, le rebond, c'est plutôt intéressant. Le processus est vraiment fascinant. Des gens imaginent des choses, cela fait rêver d'autres personnes, leur donne des idées qu'ils tentent d'appliquer dans le réel. Et de l'autre côté, les personnes qui imaginent le futur sont tout le temps inspirés par les avancées technologiques qui les entourent dans la réalité. Cette partie de ping-pong, ce processus de l'esprit humain qui jongle avec le réel et l'imaginaire pour avancer, je trouve cela rigolo.
Nous : Pourquoi avoir accepté d'être président du jury cinéma ?
Marc Caro : Soutenir un événement comme ça, c'est vraiment très important, surtout auprès des gens. Au niveau du cinéma, on connaît les grands films comme Star Wars, 2001 l'Odyssée de l'espace mais en même temps en France, la science-fiction garde toujours un côté marginal. Aux Etats-Unis, tous les ans, on peut voir une dizaine de films de SF sortir sur le grand écran car là bas, cela reste un genre beaucoup plus établi. Il existe un vrai marché, une vraie culture. Regardez, rien que le terme " science-fiction " est américain. En France, il existe une fascination, un intéressement mais ce n'est pas aussi établi que le polar, par exemple.
Nous : Pourquoi, en France, les réalisateurs ne se lancent pas dans des films de Science-fiction ?
Marc Caro : Réaliser des films de SF coûte très cher entre autres à cause des effets spéciaux. Bien sûr, les réalisateurs ont plein de projets, ils ont envie de faire de la SF mais les moyens font défauts. Pour créer un univers, il faut le réinventer complètement, fabriquer des décors de A à Z pour que ce soit crédible. Avant tout, il y a les idées, mais c'est bien plus simple de faire un film à la campagne qu'un film dans un futur délirant.
Il serait peut-être plus innovant d'entreprendre d'autres types de films. Actuellement, il y a beaucoup plus à apprendre des mangas que du le cinéma hollywodien où on retrouve toujours trois pauvres cosmonautes dans l'espace qui se battent toujours contre le même sous-alien. Par contre, lorsqu'on voit des essais comme Bienvenue à Gattaca, c'est génial.
Nous : Pour vous, la Science-fiction est une source d'inspiration ?
Marc Caro : La SF est un genre dans lequel on retrouve de nombreuses idées, des problématiques très importantes comme par exemple la génétique ou la physique quantique et l'astronomie qui change notre vision de la réalité et de notre environnement. La SF est la seule littérature qui parle de ces problématiques. L'idéal serait de retrouver cela dans le cinéma. Quand on voit des films comme 2001, l'Odyssée de l'espace et les sujets qui y sont traités, c'est vraiment passionnant alors que les films actuels laissent à désirer. N'importe quelle vision peut être réalisée mais comme cela coûte trop cher, les cinéastes délaissent souvent des thématiques intéressants.
Nous : Vous avez des projets au niveau SF ?
Marc Caro : Je vais ouvrir un pizzeria… une pizzeria espace. (rires). Oui, j'ai des projets.
Nous : Secret ?
Marc Caro : Non, ce n'est pas secret mais juste de la superstition.
La Chronique de 16h16