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Interview 2015 : David S Khara sur la rémunération des auteurs en festival
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Interview 2015 : David S Khara sur la rémunération des auteurs en festival

 ActuSF : Le versement des subventions aux festivals par le Centre National du Livre (CNL) va être dorénavant soumis à certaines conditions, notamment la rémunération des auteurs invités. Êtes- vous favorable  à cela ? Pourquoi ? 
 
David S. Khara : Je vais commencer par une confession : j’ignorais totalement ce que vous venez de m’apprendre. La question de la rémunération des auteurs lors des salons et des dédicaces m’inspire des impressions mitigées. Sur le fond, je ne trouve pas anormal qu’une rémunération soit accordée dans la mesure où la participation aux salons peut-être chronophage et qu’il est très compliqué d’écrire, donc de produire pour employer peu poétique. Je ne puis parler que de mon cas, mais il m’est absolument impossible de travailler dans le contexte d’un déplacement à un salon. 
 
Sur la forme, le risque premier qui me vient à l’esprit tient en ce que les organisateurs se concentreront au maximum sur les têtes d’affiches susceptibles de drainer un large public, au risque de délaisser les auteurs « plus modestes », j’emploie les guillemets à dessein. On court ainsi le risque de creuser encore un peu plus un fossé déjà considérable et de fermer la porte à de très nombreux auteurs. Les espaces de promotion des livres sont limités et se faire une place est compliqué. De nombreuses rencontres, avec les lecteurs, mais aussi avec les acteurs de l’édition se font sur les salons. Il est possible qu’une nouvelle barrière ne soit érigée, limitant ces rencontres.
J’insiste sur le fait que je vous livre mes impressions à chaud et que mon opinion est loin d’être tranchée. Je pense que nous tenons là le prochain thème de discussion au sein de la Ligue de l’Imaginaire…
   
ActuSF : Dans votre métier d'écrivain, quelle place prend pour vous la promotion des livres dans les salons, les interventions dans les festivals ? 
 
David S. Khara : La part des salons est très importante, et les invitations suffiraient quasiment à bloquer les week-ends sur une année complète, hormis l’été. J’aime les rencontres avec le public, qui constituent la finalité de ce travail, mais je m’astreins à limiter le nombre de déplacements pour la raison mentionner dans ma précédente réponse : j’ai besoin d’un contexte très calme pour travailler.
 
Je n’oublierai cependant jamais mon premier salon, Le Festival Rue des Livres qui se tenait à Rennes, en mars 2010. Mon premier roman, les Vestiges de l’Aube, venait de paraître chez Rivière Blanche et les organisateurs ainsi que la librairie Critic, m’ont gentiment offert une petite place. Je suis intimement persuadé que ma carrière n’aurait pas connu la même trajectoire sans cette première expérience. 
 
Aujourd’hui, je partage mon temps entre les salons et les libraires qui ont besoin d’être soutenus par les auteurs pour faire face à la concurrence de la vente en ligne. Cet enjeu me semble aujourd’hui largement prioritaire…
  
ActuSF : Vous avez publié un livre jeunesse avec Thunder : Quand la menace gronde. Pouvez-vous nous parler de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse qui définit des barèmes de rémunérations pour les auteurs ? Est-ce qu'elle est aujourd'hui appliquée par tous les festivals ? Vous êtes également auteur de thriller : qu'en est-il des festivals de polar ? 
 
David S. Khara : Dans la mesure où je ne travaille plus avec les éditions Rageot depuis la sortie de Thunder, je n’ai quasiment jamais été invité en tant qu’auteur jeunesse. En règle générale, je suis invité comme auteur de thriller, et la plupart du temps je me rends au festival à titre gracieux, sauf intervention dans des médiathèques ou des établissements scolaires, qui font alors l’objet d’une rémunération selon le barème défini par la charte. Dans ces situations, la proposition émane directement des organisateurs.
 

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