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Interview 2015 : Ryk E. Spoor pour Grand Central Arena
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Interview 2015 : Ryk E. Spoor pour Grand Central Arena

ActuSF : Votre roman, Grand Central Arena (GCA) vient juste de paraître en France aux éditions l'Atalante. Pourriez-vous nous en dire plus sur vous, s’il-vous-plaît ?
 
Ryk E. Spoor : Je suis un fondu de science-fiction, de fantasy et de jeux depuis très longtemps et j’ai réussi à réaliser mon rêve de devenir un auteur publié en 2003, quand Baen Books a publié Digital Knight. Depuis, j’ai 10 livres publiés chez Baen, et j’en ai aussi un auto-publié, mon roman sur Oz, Polychrome. J’écris autant de la hard-SF (La série Boundary avec Eric Flint) que de la fantasy épique (la trilogie The Balanced Sword qui commence par Phoenix Rising), de la fantasy urbaine (Paradigms Lost), et du space opera (Grand Central Arena). J’ai encore quelques autres livres sous contrat.
 
Je travaille également à plein temps en tant que coordinateur en recherche et développement pour International Electronic Machines, une petite entreprise high-tech. Travailler pour IEM m’a donné beaucoup de matière et d’inspiration pour écrire mes histoires de science-fiction, et en plus de tout ça j’ai déposé quelques brevets à mon nom.
Dans ma vie personnelle, je suis marié à une femme talentueuse et très charmante, Kathleen, avec qui j’ai eu quatre enfants (deux garçons, deux filles), un chien, et un paquet de poulets.
 
 
ActuSF : Grand Central Arena se passe dans l’« Arenaverse ». Qu’est-ce que c’est exactement ? 
 
 Ryk E. Spoor : Hah. C’est un peu du spoiler, je vais donc commencer ma réponse sans trop en dire et j’étofferai par la suite. GCA et son univers sont ma façon à moi d’écrire un space opera de l’« âge d’or » avec un côté moderne, tout en faisant des clins d’œil à ses sources – et surtout à E. E. "Doc" Smith, le père fondateur du space opera (auteur du cycle Fulgur et de La Curée des astres). On pourrait résumer GCA par « Stargate et Babylon 5 écrits par Doc Smith ».
 
Mais pour en venir aux détails… L’ « Arenaverse » est une réponse space opera  à la question suivante : « Pourquoi ne trouve-t-on aucune preuve qu’il existe des espèces extraterrestres chez nous ? » (La question du paradoxe de Fermi dans les cercles SF).
 
Et la réponse est la suivante : « parce que chaque espèce alien avancée a forcé tous ceux qui ont des moteurs PRL (Plus Rapide que la Lumière) à se retrouver au même endroit – l’Arène – et ces espèces doivent interagir les unes avec les autres selon les règles de l’Arène. »
 
ActuSF : Dans GCA, nous suivons les aventures de l’équipage du Graal. Quel genre de vaisseau est-ce que c’est ? Qu’en est-il de son équipage ?  
 
 Ryk E. Spoor : Le Graal est l’œuvre du docteur Simon Sandrisson, et c’est aussi le premier vaisseau à être équipé de la « propulsion Sandrisson » – un moteur que Sandrisson pense être capable d’atteindre des vitesses plus rapides que la lumière et qui permettra enfin à l’humanité de voyager entre les étoiles. En plus du moteur Sandrisson, il est également équipé d’un réacteur à propulsion laser et de tuyères d’urgences. 
 
Normalement, dans le Système solaire en 2375, un vaisseau expérimental ne serait pas dirigé par un équipage, mais les tests de Sandrisson ont fourni des résultats très étonnants, ce qui l’a forcé à rassembler un équipage de huit personnes en chair et en os : Sandrisson lui-même, Dr Marc C. DuQuesne (ingénieur des machines), Dr Carl Edlund (navigation), Dr Stephen Franceschetti (systèmes et ingénierie), Dr Gabrielle Wolfe (médecin), Dr Thomas Cussler (maintenance), Dr Laila Canning (sciences biologiques) et Ariane Austin (pilote). Canning n’est là qu’en observation et Ariane n’est à bord qu’au cas où – contre toute attente – les IA du bord qui font fonctionner le pilote automatique venaient à tomber en panne. 
 
Mais bien sûr elles tombent en panne et seules les compétences d’Ariane les maintiennent en vie. Dans Grand Central Arena, les personnages humains les plus importants sont Ariane, Simon et Marc – et Ariane devient petit à petit le leader.
 
ActuSF : Au début de l’histoire, les humains se font piéger dans l’« Arène » et rencontrent des factions extraterrestres. Quelles sont-elles ? 
 
Ryk E. Spoor : L’Arène compte peut-être des milliers de « factions » extraterrestres, mais les cinq principales sont : 
 
• Les Molothos : Une seule espèce qui représente en gros les monstres aux yeux globuleux classique de la SF pulp ; ils haïssent à peu près tout ce qui n’appartient pas à leur race et cherche à conquérir et détruire les autres factions si possible. 
 
• Les Analytic: Les chercheurs et scientifiques de l’Arène, les Analytic cherchent surtout à rassembler des connaissances. C’est l’une des factions les plus amicales.
 
• Les Faith: La plus part des gens pensent que l’Arène et ses phénomènes étranges sont le fruit d’une technologie très avancée. Mais les Faith pensent le contraire, que les « Voidbuilders » n’étaient autres que des Dieux ou des anges, et que l’Arène elle-même est une sorte d’antichambre ou de purgatoire du paradis. Leur « Initiate Guides », leurs prêtres des niveaux supérieurs, ont des pouvoirs qui vont dans le sens de ces croyances. 

• Les Blessed To Serve: Une race d’êtres contrôlés par des super-IA appelées les Minds – bien que ce contrôle soit limité à l’intérieur de l’Arène, dans laquelle aucune IA ne fonctionne, les Minds se doivent de rester dans l’espace normal et dépendent de leurs espèces asservies pour faire leur travail.

• Les Vengeance: La faction opposée aux Faith, d’une certaine manière, ils croient que les Voidbuilders ont créé l’Arène comme un piège pour toutes les autres espèces, ce qui les empêcherait d’atteindre les mêmes capacités que les Voidbuilders, et les Vengeance veulent trouver ces secrets et traquer les Voidbuilders.
 
En plus de ces factions, il existe les Shadeweavers – qui ne sont pas exactement une faction, mais plutôt un groupe d’êtres mystérieux qui maîtrisent des pouvoirs qui semblent magiques. 
 
Pour l’humanité et nos héros, l’autre faction important est les Liberated, une faction constituée d’un seul membre, dont le nom pourrait être traduit par « Orphelin » ; il s’est révolté contre les Blessed, et c’est le seul qui reste de sa faction, et il s’avère être un allié peu fiable mais très utile.
 
 
ActuSF : L’Arène n’est qu’un lieu de combats ?  
 
Ryk E. Spoor : Oh, non, pas du tout. C’est un point de convergence, une place centrale tout autant qu’un univers à part. Les Challenges qui sont la mécanique de base de la résolution de conflits peuvent se terminer en combats, mais peuvent tout aussi bien être l’équivalent d’un jeu d’échec. Je dois bien admettre que – pour rendre mes livres intéressants – la plupart des Challenges que vous trouverez seront certainement des combats, ou d’autres seront des courses d'une grande importance, parce que je ne souhaite pas ennuyer mes lecteurs. 
 
Mais les événements qui ne sont pas des Challenges peuvent impliquer des manœuvres et du marchandage politique – mais cela concerne plus Spheres of Influence, bien qu’on en voie des bribes dans Grand Central Arena.
 
ActuSF : Spheres of Influence est la suite de GCA. Combien de livres dans la série « Arenaverse » allez-vous écrire ? 
 
Ryk E. Spoor : pour l’instant, je ne peux en garantir que trois – je travaille actuellement sur Challenges of the Deeps, le troisième livre de la série. Pour répondre à toutes les questions – et surtout la suivante : « Qu’est-ce qu’étaient les Voidbuilders et pourquoi ont-ils créé l’Arène ? » il faudrait bien plus de livres que ça – je dirais trois ou quatre de plus. J’espère pouvoir les écrire.
 
ActuSF : En 2015, c’était le Puppygate pour le prix Hugo. Qu’en avez-vous pensé ? 
 
Ryk E. Spoor : Honnêtement ? Les « Sad Puppies » parlaient de leurs buts de la plus mauvaise des manières, Les « Rabid Puppies » se sont greffés sur ce mouvement et sont allés encore plus loin, Les « Sads » n’ont pas totalement laissé les Rabids tomber, donc le tout a tourné en désastre. Les votants quant à eux ont fait ce qu’il fallait et ont voté « On ne veut pas de votre façon de piper les dés ». C’est un peu dommage pour certains des nominés, mais la façon dont les « Puppies » approchaient le processus n’était pas bonne, et la réponse du « pas de prix » était ce qu’il fallait faire. Ce que je viens de dire ne va pas me rendre très populaire auprès de certaines personnes dans certains cercles, mais c’est vrai. Ils avaient (peut-être) quelques bons arguments, mais ils n’avaient pas la bonne approche pour remédier à ces fautes. C’était même la pire des approches, et la plupart des disputes qui s’en sont suivis étaient des justifications alambiquées pour ne pas faire face à l’idée qu’ils avaient perdu trop tôt la main sur toute la situation.
 
Vous pourriez peut-être me demander « Mais quelle était la bonne façon d’approcher ces points, si la leur n’était pas bonne ? ». C’est simple : se joindre au groupe, en faire partie – un processus qui bien entendu prend des années, tout comme s’introduire dans n’importe quel grand club – et l’influencer avec le temps. Oui, il faudra se satisfaire de bien des choses qui ne vous conviennent pas pendant des années, et ça n’apportera aucun résultat rapide. Mais essayer de prendre le jeu de force ou de piper les dés n’apportera rien de plus, même si cette approche est légale d’un point vue technique, parce que le groupe se mobilisera contre vous – ce qui inclus les membres du groupe qui seraient d’accord avec votre point de vue. 
 
ActuSF : Quels sont vos projets à venir ? Viendrez-vous en France ou en Europe ?
 
Ryk E. Spoor : Challenges of the Deeps mis à part, je travaille sur Princess Holy Aura, un livre très différent – basé sur la « mahou shoujo » ou le sous-genre de la « fille magique » du monde manga/anime japonais (dont le titre le plus connu doit être « Sailor Moon », mais le genre en lui-même est bien plus vieux et large que ça). J’examine les hypothèses de ce sous-genre depuis un point de vue que j’espère assez intéressant. 
 
Je vais aussi (c’est presque certain) faire une histoire appelée « The Adventure of the Reluctant Detective » qui va paraître dans une anthologie Alternate Sherlocks, qui sera publiée par Michael Ventrella, qui sortira probablement l’année prochaine.
 
Le dernier volume de la trilogie the Balanced Sword – Phoenix Ascendant – sortira l’année prochaine. J’espère pouvoir travailler sur une trilogie associée, The Spirit Warriors, mais je n’ai toujours pas de contrat pour celle-ci. Il y a quelques autres possibilités mais toujours rien de fait ; j’ai aussi une trilogie spatiale Demons of the Past qui est en ce moment chez différents éditeurs et un roman de superhéros Stuff of Legend qui est en lui aussi en train de passer entre plusieurs mains.
 
En ce qui concerne un voyage en France ou ailleurs en Europe, j’adorerais ça (tout comme ma famille). Mais le plus gros problème est financier – je ne peux pas me permettre un tel voyage pour le moment. Mais si la situation change, je ferais le voyage tout de suite.
 
ActuSF : Les lecteurs français vont bientôt vous découvrir avec GCA. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez leur dire ?
 
Ryk E. Spoor : Hormis « Achetez mes livres !! », vous voulez dire ? Eh bien, tout d’abord, j’espère que vous aimerez lire Grand Central Arena. Grâce à l'Atalante, Grand Central Arena a été traduit en trois langues différentes (il a été traduit en japonais en 2011), et cette nouvelle me fait très plaisir ! Ensuite – si vous aimez effectivement Grand Central Arena, faites-le savoir autour de vous, grâce à des critiques ou d’autres méthodes, car ça augmentera le nombre de chance pour que Spheres of Influence vous parvienne aussi ! (Et ceci vaut pour tous les livres de tous les auteurs : si vous aimez un livre, critiquez-le et parlez-en ; vos auteurs vous en seront grés !) Et enfin, si vous voulez en savoir plus sur moi ou sur mon travail, retrouvez-moi sur : http://www.grandcentralarena.com !
 
Traduction : Hermine Hémon et Erwan Devos
 
Traduction : Hermine Hémon et Erwan Devos
 
 

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