ActuSF : Votre roman, Adamas Maître du jeu de Laurent Ladouari, vient de sortir en poche aux éditions Pocket. Pouvez-vous d'abord nous présenter votre parcours d'auteur s'il vous plait ? Est-ce que l'on peut parler, en quelque sorte, de reconversion ?
Laurent Ladouari : Depuis l’enfance, je savais que j’écrirais des livres, mais je dois être un peu paresseux. J’ai mis du temps à m’y mettre. Tout est parti d’une blague, en été : « si Dumas et Verne écrivaient une histoire pour les lecteurs de Harry Potter, ça donnerait quoi ? » La blague s’est transformée en un univers urbain avec un casting de personnages forts, reliés par la notion de transmission entre générations. Volution.
Adamas Maître du Jeu est le premier tome du cycle : une révolte éclate dans une grande entreprise, après l’introduction d’un réseau social qui prône l’anarchie, le cosplay.
ActuSF : Est-ce que vous êtes un "gros" lecteur ? Quelles sont vos influences littéraires ?
Laurent Ladouari : Je suis un lecteur de Proust qui a regardé beaucoup de dessins animés japonais. Mon roman de SF préféré reste Des fleurs pour Algernon.
En matière d’influences, j’aime bien le mot « pop » : c’est la catégorie qui intègre toutes les autres, des plus ardues aux plus inavouables, pour les partager massivement. Dans Volution, on trouve pêle-mêle de la mythologie et des chansons à succès, des livres, de la musique, du cinéma, le Japon... et les jeux vidéos.
ActuSF : Adamas Maître du jeu s'intitulait à sa sortie en grand format Cosplay. Pourquoi ce changement de nom ?
Laurent Ladouari : Cosplay était un excellent titre pour attirer l’attention des amateurs du Japon et de cultures urbaines. Le roman ayant largement débordé ce public-là, avec Pocket nous avons pensé que le titre devait le refléter.
Dans le roman, les employés de 1T choisissent leurs avatars parmi des personnages historiques ou fictifs (d’Achille à Madonna). Ce jeu n’est pas un « cosplay » en tant que tel, mais il lui rend hommage par le nom qu’Adamas lui a donné.
ActuSF : L'univers d'Adamas et un futur proche de nous. Proche à quel point ? Où se situe l'histoire du roman ?
Laurent Ladouari : Pas trop proche, je l’espère ! Vingt ans avant que l’histoire de commence, la Guerre du Pacifique a arrêté l’expansion de l’humanité et définitivement pollué les mers ; les États-nations n’ont pas résisté à la déflagration, des révolutions sociales violentes ont fait basculer les systèmes anciens, mais ont échoué à créer un monde nouveau.
Une république marchande se redresse peu à peu, sur le Continent. L’histoire se déroule dans sa capitale, une ville cosmopolite et bourgeoise, fortifiée et traversée par un fleuve, où les oligarques se disputent les anciens musées pour s’en faire des palais. De l’autre côté du mur, la Zone doit se contenter des miettes.
ActuSF : Votre roman parle du monde de l'entreprise, et d'une entreprise en particulier : 1T. Quelle est-elle ? En quoi est-elle le point de départ de l'intrigue ?
Laurent Ladouari : C’était l’occasion d’assouvir quelques fantasmes : juger son patron, l’envoyer à la guillotine, décider de son salaire, etc.
1T est au bord de la faillite. Elle a perdu l’esprit de conquête qui était le sien lorsque Protéus, inventeur colérique et génial, travaillait pour elle. Adamas, l’homme d’affaire le plus énigmatique de la Capitale et ami du défunt Protéus, la rachète pour qu’elle serve de cobaye à l’une de ses expérimentations : le cosplay, un jeu de simulation sans règles, qui dégénère en violence virtuelle de tous contre tous.
Actusf : Qui sont les personnages que nous allons suivre et qui vont participer à un étrange jeu organisé au sein même de l'entreprise : le cosplay ?
Laurent Ladouari : Katie Dûma une fille brillante, qui a eu la malchance de naître du mauvais côté du mur. Par un concours de circonstances rocambolesque, elle est mise à l’essai le jour du rachat de 1T, et jetée dans le cosplay avec les autres employés. Katie découvre les joies de l’entreprise masquée, et dans un jeu vidéo qui lance une révolution sociale.
Autour d’Adamas, le redoutable homme d’affaires, on découvre ses jeunes collaborateurs hauts en couleurs, les Nonpareils, qui vont servir de maîtres de jeu, dans le Cosplay et au-dehors.
Enfin, il y a dans cette entreprise tout ce qu’il faut de patrons, de secrétaires, de ragots, de frustrations et de règlements de comptes pour que l’histoire soit divertissante.
Actusf : Dans le livre, on va voir apparaitre Athos, Robespierre mais également Madonna, la Fée Morgane... c'est un mélange de références littéraires et de références issues la culture geek - comme le premier titre Cosplay. Peut-on dire que Adamas Maître du jeu est un roman geek, ou pour les geeks ?
Laurent Ladouari : Certainement, mais pas uniquement. Une bonne histoire doit parler à tout le monde.
Actusf : Autre référence forte portée par le titre de votre roman et son univers, celle du jeu : jeu de rôle, jeux vidéos… Êtes-vous vous-même joueur ? Pourquoi avoir fait du jeu un des moteurs narratif de Adamas ?
Laurent Ladouari : Je suis joueur, mais pas de jeu vidéo. En France, la fantasy est arrivée via le jeu vidéo et le jeu de rôle, plus que par Tolkien. Les deux combinés permettent de faire basculer un monde réaliste dans un univers de fantasy complètement cinglé. Si on met un masque, et que c’est « pour de faux », on redevient libre, pour le meilleur ou pour le pire.
ActuSF : Vous avez dit dans une interview que vous vouliez écrire ce roman pour ceux qui ont 20 ans aujourd'hui. Pourquoi à eux précisément ? Parce qu'Adamas véhicule un message qui leur est particulièrement destiné ?
Laurent Ladouari : Pour qu’ils prennent le pouvoir. J’aimerais qu’en fermant ce livre, ils se disent avec un sourire gourmand : « c’est possible… » Adamas a fondé Nonpareil pour que de jeunes gens imposent leur marque sur le monde, mais avec les moyens du Comte de Monte-Cristo.
ActuSF : Adamas Maître du Jeu est le premier tome d'une série. Pouvez-vous nous dire un mot de la suite, L’Or des Malatesta, qui sortira le 24 mars prochain chez HC édition ? Combien de tomes prévoyez-vous ?
Laurent Ladouari : L’Or des Malatesta se concentre sur Tancrède Malatesta, le bras droit d’Adamas, et sur l’héritage maudit de son père, un mafieux qui a joué un rôle clé dans l’effondrement du monde. Tancrède a été formé à l’école de Nonpareil, qui applique des méthodes novatrices pour catalyser les talents des élèves. Sa façon d’utiliser cet or est très surprenante.

ActuSF : Quels sont vos projets d'écriture en cours ?
Laurent Ladouari : La troisième « volution » est en cours, autour d’Adamas, personnage clé de tout le cycle. Je suis très impatient.
ActuSF : Où les lecteurs pourront-ils vous rencontrer dans les mois à venir ?
Laurent Ladouari : Je participerai au Salon du livre le 17 mars sur le stand de Pocket et les 18 et 19 mars sur le stand HC Editions. Le 1er avril, je serai invité par Dimension Fantastique, en même temps que Christopher Evans, qui réalise les magnifiques couvertures de la série.
ActuSF : Le mot de la fin. Quel est votre coup de cœur lecture du moment ?
Laurent Ladouari : Les Prophéties de Léonard de Vinci.