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Interview 2017 : Grégory Da Rosa pour Sénéchal
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Interview 2017 : Grégory Da Rosa pour Sénéchal

ActuSF : Parle-nous un peu de toi, qui es-tu avant le surprenant Sénéchal ?
  
Grégory Da Rosa : Je dirais que je suis un vagabond. Professionnellement parlant déjà, des études de géologie arrêtées du jour au lendemain, un job alimentaire en supérette et d’autres à la suite. Mais aussi personnellement, je m’intéresse tantôt à la danse, tantôt au théâtre, parfois à la politique, parfois à l’histoire.
Mais dans tout ce cheminement hasardeux, une seule constante : l’écriture. Et je crois que c’est elle, finalement, qui me qualifie le mieux, que ce soit avant, pendant et après Sénéchal.
 
 
ActuSF : L’intrigue nous a bluffés, peux-tu en parler sans tout dévoiler ?
 
Grégory Da Rosa : Elle prend place dans la capitale du royaume de Méronne, la dénommée Lysimaque. Cette dernière, par surprise, est assiégée par les armées du roi Lysander de Castlewing. De nombreux félons ou infiltrés portent atteinte à la vie d’Edouard, roi de Méronne, et ce, alors que nul assaut n’a encore été lancé !
Notre fameux sénéchal, qui retranscrit chaque journée dans ses petits carnets, se poste comme le témoin malgré lui de ces tromperies. Il est alors rapidement question de confondre les auteurs des attentats avant qu’ils n’affaiblissent par trop le pouvoir royal, et il apparaît bien vite que la machination est plus vaste qu’elle n’y paraît, jouant avec force cruauté sur les passés torturés des différents protagonistes, fourrageant des secrets et des non-dits pourtant enfouis depuis des années.
 
ActuSF : Le sénéchal est un personnage fort et profond, très représentatif de la complexité qui nous habite, qui est-il et d’où vient-il ? 
  
Grégory Da Rosa : Le sénéchal Gardeval est un homme du peuple, du moins le pense-t-il car il n’a aucune ascendance noble. Il est peu confiant mais masque son manque de confiance par une certaine arrogance. Il réfléchit beaucoup, est sujet à la nostalgie et n’est dans le fond pas un mauvais bougre malgré ses pointes d’aigreur. C’est un éternel insatisfait. De manière objective, il a réussi sa vie mais pense tout à fait l’inverse. Et c’est sans doute ce décalage entre ce qu’il est et ce qu’il voudrait être qui le rend profond, car finalement, n’est-ce pas un sentiment qui a touché et touche encore beaucoup d’entre nous ? Avoir le sentiment de passer à côté de sa vie, d’en être le spectateur impuissant, ma foi…
 
ActuSF : On retrouve dans Sénéchal de nombreuses références antiques et médiévales, des objets, des meubles, des expressions, un réalisme hallucinant ! D'où tires-tu tout ça ?
 
Grégory Da Rosa : De mes lectures principalement !
Côté roman historique, il y a Pierre Naudin qui, grâce à ses véritables fresques en pleine guerre de Cents Ans, m’a propulsé dans une ambiance médiévale fichtrement réaliste.
Côté roman fantasy, je ne serai pas très original, je le crains, mais Georges R.R. Martin avec le Trône de Fer a, à l’époque, opéré un véritable déclencheur. Puis est venue la lecture de Gagner la Guerre de Jean-Philippe Jaworski, la claque.
J’écume le net. Je lis. J’ingurgite. J’oublie. Je relis. Je me procure des pavés d’histoire en libraire, des magazines. J’ai mon cahier de notes à mon chevet que je noircis au moment de lire un roman historique. Je déniche des dictionnaires de vieux françois, parcours les encyclopédies de Viollet-le-Duc.
 
Ce qu’on aime beaucoup aussi, c’est qu’il n’y a pas d'elfes ou de dragons dans ton roman, mais de la magie mystique, des séraphins, des anges déchus. Pourquoi cette place aussi importante de la religion ?
En s’intéressant au Moyen-Âge, il est évident qu’on passe difficilement à côté de la religion et du poids phénoménal qu’elle possédait à cette époque. Je ne me voyais pas dépeindre un univers pseudo moyenâgeux sans l’une de ses plus grandes caractéristiques.
 
 
Ce que j’ai voulu dans Sénéchal, c’est donner autant de poids au réalisme médiéval qu’au surnaturel de la fantasy. Il m’a alors semblé évident que ce qui pouvait lier ces deux éléments de la plus belle des façons était justement la religion, notamment le christianisme (que je renomme et revisite allégrement) et qui me permet, en plus de cela, de mettre à mal les beaux principes du manichéisme.
 
ActuSF : Pour conclure, pourquoi avoir choisi la fantasy ? Penses-tu que ce genre littéraire, qui souffre encore de quelques préjugés, joue un rôle spécifique auprès des lecteurs ?
  
Grégory Da Rosa : La fantasy est en effet un genre qui souffre de « quelques » préjugés, pour aimer les euphémismes. Pour ceux qui s’y risquent et qui l’adoptent, il me paraît évident qu’elle joue un rôle spécifique et celui-ci dépend de chaque lecteur. Un rôle d’évasion, de divertissement, de réflexion, de critique, de dénonciation. Mieux, certaines œuvres peuvent même être lues autant de manière légère que de façon plus analytique. Et rares sont les genres, il me semble, à offrir du divertissement à la première lecture, puis de la réflexion à la deuxième. La fantasy (comme la science-fiction) fourmille de détails, de clins d’œil, d’hommages et de critiques qu’on voit rarement du premier coup.
 
Je pense qu’on peut d’ores et déjà l’annoncer, tu seras présent au salon des Imaginales à Épinal et avant ça nous pourrons te retrouver à Livre Paris en dédicace sur le stand des Indés de l’Imaginaire.
 
 

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