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Interview 2018 : Charlotte Bousquet pour Shâhra
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Interview 2018 : Charlotte Bousquet pour Shâhra

ActuSF : Votre livre Shâhra, les Masques d’Azr’Khila, est sorti aux éditions Mnémos le 7 juin dernier. 3 femmes, 3 destins. Qui sont-vos héroïnes ? Quelles ont été vos inspirations pour les créer ? 

Charlotte Bousquet : Au départ, il y a Djiane, Arkhane, Tiyyi. Puis Aya Sin, qui a pris de plus en plus de place dans mon récit. Fille d’un riche Teshite, cavalière, héritière d’un art secret, Djiane a vu son univers voler en éclats lorsque son père a épousé, en secondes noces, une femme manipulatrice qui lui a donné UN héritier.  Menacée de tout perdre – y compris la liberté puisqu’elle est fiancée contre son gré à un seigneur du désert, elle décide de fuir, en compagnie de celui qu’elle aime. Arkhane est un.e enfant sacré.e, un.e androgyne (là, j’écris en inclusif mais ce n’est pas le cas dans le roman : j’ai choisi d’employer indifféremment il ou elle, jusqu’à ce que…) Destinée à devenir un.e puissant.e chamane, Arkhane est abandonné.e par celui qu’iel aime. Piégé.e par son ennemie de toujours, mutilée, Arkhane est abandonnée aux portes d’unr eg aride. Tiyyi, nomade Nyambe, a vu sa famille et son clan massacrés sous ses yeux. Réduite en esclavage, elle survit à une marche éreintante sous la chaleur brûlante du désert. L’attaque d’un khaib’er rum, ver des sables monstrueux, lui permet de s’échapper. 

Voici la situation de mes trois héroïnes, au début du récit. 

Mes sources d’inspiration pour les créer ? Djiane est née dans une nouvelle inachevée, que j’avais commencée pour l’anthologie Coups de cœur des Imaginales, paru chez ActuSF. Arkhane vient du mythe de l’androgyne conté dans Le Banquet de Platon (d’ailleurs, je le reprends dans mon récit). Tiyyi, elle, devait couver depuis un moment en moi, je pense qu’elle est née de plusieurs idées de personnages… 

Quant à Aya Sin, elle apparaît dans « La Voix des renards pâles », nouvelle parue dans l’anthologie Destinations dirigée par Stéphanie Nicot.  

ActuSF : Comment vont-elles se retrouver au cours de votre récit… et leurs histoires se croiser ? 

Charlotte Bousquet : Aya Sin, qui est une sibylle et une oniromancienne, s’arrange pour que leurs chemins coïncident. Elle-même est liée à la déesse de la magie et des illusions, Azara. Et Azr’Khila, maîtresse de la vie et de la mort, veille sur leur destinée. 

"Elle manipule, certes, mais on est loin de la superpuissance cynique qui considère les humains comme des pions."

ActuSF : L’univers de votre roman déborde de magie, que ce soit à travers vos personnages féminins, Azr’Khila, l’immortel… Cette facette-là de la fantasy est-elle un point important dans vos histoires ?

Charlotte Bousquet : La magie est omniprésente, en effet. Et, d’une certaine façon, elle possède des caractéristiques communes avec celles que je développe dans mes autres univers de fantasy : innée ou rituelle, liée aux éléments, à la divination, à l’animisme etc. Les Djinns, par essence, sont des êtres magiques et immortels. Quant aux divinités, elles accordent des dons. Bien sûr, il y a des couacs. Genre, être immortel et désirer à tout prix mourir. Ou être coincé dans un corps vieillissant (voire décrépi) et vouloir la jeunesse éternelle. Mais dans l’ensemble, elle est beaucoup plus positive, beaucoup plus naturelle et solaire, j’ai envie de dire, que dans L’Archipel des Numinées ou Amarantha. Et elle possède également une dimension initiatique qui n’est pas présente ailleurs : on apprivoise la magie comme on apprivoise sa propre intériorité… 

ActuSF : Azr’Khila est la déesse de la vie et de la mort dans votre roman. Qui est-elle vraiment au sein de votre univers ?

Charlotte Bousquet : Azr’Khila est la plus ancienne des divinités. La plus respectée. Capable de créer la vie et de la détruire, gardienne des âmes – ses vautours guident ces dernières jusqu’au pays des Morts. C’est elle qu’on invoque pour présider aux naissances, elle encore qu’on prie lors des funérailles. Elle est parfois représentée sous forme d’un dragon, également. Si je devais lui donner des attributs, ce serait : la terre, le sang, le vautour, l’obsidienne et l’os … Sinon, c’est plutôt une divinité très cool. Elle manipule, certes, mais on est loin de la superpuissance cynique qui considère les humains comme des pions. Elle est plutôt extrêmement bienveillante.

ActuSF : Pouvez-vous nous parler de l’ennemi de ces femmes, le djinn immortel ? Quel est son but ?

Charlotte Bousquet : Malik n’est pas un djinn. Le sang d’un immortel coule dans ses veines et lui a accordé une forme d’immortalité... qui s’avère une malédiction. Prisonnier de son corps humain, condamné au vieillissement et à la putréfaction, Malik est obsédé (on le comprend un peu) par la jeunesse éternelle et l’accession à la divinité – pour se venger de son père (qu’il juge responsable de son état) et des dieux (dont Azr’Khila, mais pas seulement…). Malik est surtout fou à lier et possédé. 

ActuSF : En combien de tome est prévu Shâhra ? 

Charlotte Bousquet : 2 tomes. 

ActuSF : Avez-vous d’autres projets d’écriture en cours ?

Charlotte Bousquet : Deux romans pour ados, une fresque familiale (merci Xavier M. !), et plusieurs autres projets, dont un roman graphique. 

ActuSF : Quand est-ce que les lecteurs pourront vous retrouvez en dédicace ? 

Charlotte Bousquet : Ma dernière dédicace de l’année est prévue le 7 juillet, au salon du livre lesbien. 

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