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Interview 2018 : Nabil Ouali
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Interview 2018 : Nabil Ouali

Actusf : Quel a été l’idée à l’origine de cette trilogie ?
Nabil Ouali : À l'origine, je voulais écrire le dernier chapitre du tome 3. Pour cela, il me fallait écrire une histoire où mettre en scène mes propres préoccupations morales. Les personnages principaux (Glawol, Ravel et Frimas) ont, globalement, tous les trois une idée semblable du bien, mais leurs choix moraux divergent parce qu'ils ne fondent pas ce bien de la même manière. Glawol pense que la morale se fonde chez l'homme, Ravel pense qu'elle se fonde chez les dieux et Frimas n'y pense pas : il ne fait qu'agir bien sans jamais se demander pourquoi ni comment il détermine la valeur morale de ses actes.
C'est ce qui rend d'ailleurs Frimas, à mes yeux, presque inhumain, et je suis toujours intrigué d'apprendre que des lecteur/ices parviennent à s'identifier à lui.



Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce 3ème tome, Le courage et le vent ?
Nabil Ouali : Le troisième tome résout les arcs narratifs des tomes précédents mais apporte aussi son lot de nouveautés. Les lecteurices pourront ainsi faire la connaissance de Cobalt, Ciel et Saphir : les princes de la Cité des Arts. Chacun d'eux a une forte personnalité et tente d'honorer la volonté de leur père, le roi-peintre, en prenant d'assaut la Cité des Sages. Les chapitres mettant en scène Saphir furent sans doute les plus difficiles, mais j'y ai pris autant de plaisir qu'en décrivant les exploits de Tara dans le tome précédent... ce qui n'est pas peu dire !
N'en faisons pas un secret : le troisième tome achève un processus amorcé dès la fin du premier, à savoir l'effacement de héros masculins au profit de femmes également extraordinaires. La prophétie du début, qui promettait que Glawol, Frimas et Ravel sauveraient l'empire, est accomplie, mais ce ne sont pas leurs noms que l'histoire retiendra.
La grande question qu'on me pose sur ce tome est : "Frimas va-t-il revenir ?" ... ce à quoi je ne peux décemment pas répondre. En revanche, je peux promettre ceci : vous n'avez pas fini d'entendre parler de Tara d'Amarshaal.

Actusf : Vous avez créé de nombreux personnages. Ont-ils suivis la route que vous leurs aviez tracé ou vous ont-ils surpris ?
Nabil Ouali : Les personnages m'ont globalement surpris, à quelques exceptions près. Frimas ne m'a pas surpris, mais comme je le faisais entendre, c'est parce qu'il n'est presque pas un personnage à mes yeux.
Pour Glawol, en revanche... C'est le seul personnage à propos duquel je n'ai presque rien planifié. Tout au long du roman, je l'ai fait réagir spontanément et improviser en permanence. Cela m'a amené vers des chemins, disons, inattendus. C'était assez excitant (et terrifiant) d'écrire le tome 3 en ce qui le concerne parce que j'avais peur qu'il lui arrive quelque chose.

Actusf : En avez-vous un préféré ? Pourquoi ?
Nabil Ouali : C'est difficile à dire. Glawol est le personnage dont je me sens le plus proche, je ne sais pas si cela signifie que je le préfère... Entre nous, j'aime beaucoup Tara.

"Elin est particulièrement important pour moi parce que son évolution va de pair avec la construction de mes convictions politiques. Grâce à lui, plus qu'aucun autre, mon roman est empreint de thèmes qui me tiennent à coeur, et c'est heureux."

Actusf : Elin, « votre empereur » cache un lourd secret. Pouvez-vous nous parler un peu plus de lui ? De sa création ?
Nabil Ouali : À l'origine, Elin ne devait être qu'un fil conducteur, un personnage purement fonctionnel qui me permettrait de construire l'intrigue. Le faire évoluer m'a rendu sensible à son tempérament et il a prit de plus en plus d'importance au fur et à mesure que je rédigeais le premier tome.
Elin est particulièrement important pour moi parce que son évolution va de pair avec la construction de mes convictions politiques. Grâce à lui, plus qu'aucun autre, mon roman est empreint de thèmes qui me tiennent à coeur, et c'est heureux.

Actusf : Avec La Voix de l’Empereur, vous vous êtes lancé dans une véritable fresque de fantasy. Il y a une raison en particulier ? Est-ce un genre qui vous permet de vous exprimer plus facilement ?  D’aborder des sujets qui vous tiennent à coeur ?
Nabil Ouali : Je voulais que mon premier roman soit de la fantasy. Parce que cette idée me plaisait, mais aussi parce que j'avais besoin de me sentir particulièrement libre, tant du point de vue de ce qui pouvait singulariser les personnages que de l'environnement dans lequel ils évolueraient. Et puis, à l'époque où j'ai commencé à y réfléchir, je baignais dans ce genre d'imaginaire.

Actusf : Quand vous avez construit l’univers de La Voix de l’Empereur, vous vous êtes senti plus architecte ou jardinier ? Votre écriture et vos techniques ont évolué au fil de ces 3 tomes ? 
Nabil Ouali : Architecte, je dirais. J'écris mes trames comme je prépare mes séances de jeu de rôle : je cible les grands axes narratifs nécessaire à l'avancée de l'intrigue, puis j'improvise entre chaque étape, pour laisser un maximum de place aux nouvelles idées et de "liberté" aux personnages. Autrement dit : je sais exactement où je vais, mais j'ignore comment.
Mon écriture s'est fluidifiée, je crois. J'ai aussi, pour être honnête, moins de choses à prouver que lorsque j'ai écrit le premier tome. Ça aide !

"Pour moi, la littérature procède un peu comme la musique [...]. C'est une combinaison d'éléments qui, ensemble, racontent quelque chose."

Actusf : Dans La Voix de l’Empereur, il y a un côté très lyrique dans l’écriture avec une réflexion sur les sonorités et les sens. D’où vient cette envie d’écrire avec autant de contraintes ? Était-ce un choix conscient ?
Nabil Ouali : Pour moi, la littérature procède un peu comme la musique (si on met de côté les concepts de signes et d'intelligibilité). C'est une combinaison d'éléments qui, ensemble, racontent quelque chose. Je ne choisis pas seulement des mots pour écrire, ce sont des phonèmes, des notes de sons susceptibles de provoquer toutes sortes d'émotions selon la façon dont on les dispose, et qui s'ajoutent ou se juxtaposent aux émotions provoquées par le sens de ces mêmes mots.
Ce n'est pas seulement une contrainte, c'est au coeur de ce qui me plaît dans l'écriture.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Nabil Ouali : Je travaille actuellement sur un roman de fantasy/SF, qui se déroule dans un univers passionnant. Vous en saurez bientôt davantage, héhé. En parallèle je continue ma chaîne youtube, SSJW.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Nabil Ouali : Le 24 je serai à Sèvres pour les Rencontres de l'Imaginaire. Mes prochains évènements seront sans doute après les fêtes de fin d'année !

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