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Interview 2018 : Nicolas Texier pour Opération Sabines
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Interview 2018 : Nicolas Texier pour Opération Sabines

Passons rapidement sur l’accessoire : archiviste, 48 ans, région parisienne, trois romans parus dans la NRF aux éditions Gallimard et quelques menus travaux d’histoire militaire ; et, pour les détails, une enfance jadis dans une ville moyenne de campagne, avant de vagues études de langue orientale et quatre ou cinq voyages. Puis une vie de papier – manuscrits, livres, notes, écrits, archives, ouvrages, lettres, épreuves... – lue, rêvée, écrite, parlée.

Venons-en dès lors à l’essentiel. J’ai dû rédiger mes premières rédactions au collège. « Ce fut une révélation » comme a écrit Flaubert : des moments hors du temps, à arpenter le continent inexploré d’un jeune imaginaire. Les rédacs ont longtemps été la seule manière que je me suis autorisé. « Écrire » (avec cette curieuse forme du verbe, sans complément ni objet) aurait été trop brûlant, trop ambitieux, trop important. Jouer à l’écrivain aurait été pire, prétentieux et ridicule. J’ai donc laissé passer les années, à lire, beaucoup, de tout, dans tous les genres, jusqu’au jour où, les premiers mots venus, je me suis peu à peu senti mieux armé.
 
Opération Sabines est le premier volume d’un triptyque intitulé Monts et Merveilles. J’ai commencé ce texte après une période un peu pénible, et ses premières pages ont été écrites sans but réel, hormis celui de me faire plaisir, de laisser venir progressivement à ce texte des éléments que j’apprécie, qu’il s’agisse d’un ton, de rimes, de rythmes, de personnes, de périodes de musiques ou d’histoires. Et beaucoup de choses ont alors émergé, sont advenues, parfois d’elles-mêmes. M’ont surpris, enchanté, sont venues s’agencer les unes aux autres, au point de m’ouvrir de nouveaux espaces, de dévoiler des ressources inconnues, de déployer des perspectives. Le narrateur d’Opération Sabines, ce vieux soldat soupirant des muses qu’est Julius Khool, est venu à la vie dès le premier paragraphe. Carroll Mac Mael Muad, jeune enchanteur irlandais au nom imprononçable et second personnage principal de Monts et Merveilles, a mis à peine plus de pages à pouvoir fièrement lui donner la  réplique. Au  fil des pages,  au long de leurs tribulations dans une Grande-Bretagne de l’Entre-deux- guerres pétrie de magie, d’êtres fés et de passages vers les outres-mondes, ils ont imposé leur présence énergique, baroque et rassurante, comme les compagnons d’un songe ou le souvenir de bons amis.
 

 
Sabines est donc le récit de la première opération à laquelle participent Carroll et Julius, enrôlés dans les services secrets de Sa Majesté. C’est un texte où j’ai voulu que se côtoient le roman d’aventure, le roman d’espionnage, le roman policier, le roman fantastique, celui de cape et d’épée. C’est un univers où affleure volontiers le merveilleux, mais également un monde menacé, à la croisée des chemins, comme l’est actuellement le nôtre.
 
Ce sont des passages, quelques phrases, une brassée de scènes, quatre ou cinq personnages dans lesquels je crois être parvenu à retranscrire un peu de cette atmosphère à la fois douce et brillante de fin d’été dans lesquelles baignent ces rêves suaves, ceux que l’on fait au matin, dans une chambre  où une pénombre bleutée s’efface lentement à la lumière, de ces  songes  qui déposent sur vos lèvres un sourire, vous révèlent ou vous étonnent,  vous allègent et vous enchantent ; qui vous laissent, au réveil, amusé ou ému, attendri ou déçu d’avoir quitté ces contrées merveilleuses, que Julius et Carroll auront la chance d’arpenter, mais où ils rencontreront nombre d’épreuves, tout comme quelques merveilles.
 

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