En 2014, on a échangé quelques mots avec Brian Herbert, le fils de Frank Herbert, sur Dune bien entendu mais aussi sur son travail à lui en tant que romancier...
Actusf : Dites-nous en un peu plus sur la relation que vous avez avec le monde de Dune ? Avez-vous toujours baigné dedans avec votre père ?
Brian Herbert : J'ai largement évoqué le sujet dans la biographie de mon père, Dreamer of Dune. Alors que nous sommes vraiment devenus amis à l'âge adulte et alors que nous avons écrit ensemble L'Homme de deux mondes, on ne s'entendait pas toujours auparavant lorsque je vivais chez lui. Il m'a fallu du temps pour découvrir quel homme génial et aimant il était. Je n'ai donc pas lu Dune entièrement avant d'avoir une bonne vingtaine d'années. Je me souviens aussi lorsque nous vivions à San Francisco avoir entendu mon père lire des passages du roman qu'il écrivait pour ma mère, Beverly Herbert. L'un des moments les plus forts était le premier jet de la scène dans laquelle le jeune Paul Atréides subit un exercice particulièrement rigoureux de Gaius Helen Mohiam.
Brian Herbert : J'ai largement évoqué le sujet dans la biographie de mon père, Dreamer of Dune. Alors que nous sommes vraiment devenus amis à l'âge adulte et alors que nous avons écrit ensemble L'Homme de deux mondes, on ne s'entendait pas toujours auparavant lorsque je vivais chez lui. Il m'a fallu du temps pour découvrir quel homme génial et aimant il était. Je n'ai donc pas lu Dune entièrement avant d'avoir une bonne vingtaine d'années. Je me souviens aussi lorsque nous vivions à San Francisco avoir entendu mon père lire des passages du roman qu'il écrivait pour ma mère, Beverly Herbert. L'un des moments les plus forts était le premier jet de la scène dans laquelle le jeune Paul Atréides subit un exercice particulièrement rigoureux de Gaius Helen Mohiam.
Actusf : Pourquoi avez-vous voulu écrire dans l'univers de Dune et pourquoi continuez-vous à l'explorer ?

Brian Herbert : Pendant longtemps j'ai eu le sentiment que l'univers de Dune devait se terminer avec La Maison des Mères parce que ma mère en avait trouvé le titre et qu'elle est décédée pendant que mon père l'écrivait. Et puis lorsqu'il en a terminé avec ce roman, il a écrit un long hommage à la vie qu'il avait partagé avec elle et cela semblait une manière là aussi de clore la série sur laquelle ils ont tous les deux travaillé.
Mais en rédigeant la biographie de mon père, et en rencontrant par la suite Kevin J. Anderson, j'ai commencé à être de plus en plus convaincu qu'il y avait d'autres histoires à raconter dans cet univers, et que cela pourrait être fait avec Kevin.
Mais avant de rédiger le moindre mot, j'ai compilé tout ce que mon père avait écrit à propos des personnages et des lieux. Avec cette somme d'informations dans les mains (que nous n'avons pas l'intention de publier dans un livre pour l'instant), nous étions alors prêts à nous lancer dans cet énorme projet.
On a commencé avec six romans se déroulant en amont de Dune avant de prendre la suite avec Les Chasseurs de Dune et Le Triomphe de Dune qui ont pour base 30 pages de notes de mon père que j'ai trouvé après sa mort.
Actusf : Qu'est-ce qui vous plait dans cet univers ?
Brian Herbert : L'univers de Dune est plein d'idées incroyables à l'échelle planétaire mais aussi de la chronologie qui se déroule sur plus de 1 000 ans. C'est l'héritage de mon père et à chaque roman, je travaille dur pour essayer d'honorer sa mémoire et d'écrire des histoires qu'il aurait approuvées. Cet héritage est une responsabilité énorme et je le prends très sérieusement.
Actusf : Comment travaillez-vous avec Kevin J. Anderson ?
Brian Herbert : Avant de commencer à écrire, nous réfléchissons ensemble à l'histoire et nous préparerons un plan détaillé chapitre après chapitre. Ensuite nous nous assignons chacun la moitié des chapitres selon nos forces. Par exemple j'ai tendance à écrire les chapitres avec les Atréides ou le Bene Gesserit tandis que lui fait ceux avec beaucoup d'action. Nous avons une vision similaire d'où nous pouvons aller avec ces histoires, et parfois nous arrivons avec la même idée alors que nous ne nous en sommes pas parlés !
On échange après nos chapitres par ordinateur et une fois que chacun a terminé sa version, l'un des deux relit l'ensemble pour faire une deuxième version. L'autre fait ensuite une relecture complète et lorsque nous avons le sentiment que le manuscrit est assez poli, nous l'envoyons à l'éditeur.
Actusf : Y a-t-il une limite au nombre de livres que vous souhaitez écrire dans l'univers de Dune ?
Brian Herbert : Nous prévoyons encore au moins deux livres importants, Navigators of Dune (pour compléter la trilogie commencée avec Sisterhood of Dune et "Mentats of Dune) et une suite à Paul le Prophète et Le Souffle de Dune pour là aussi terminer la trilogie. Ce roman pourrait avoir comme personnage principal la princesse Irulan, ou l'Empereur Corrino, ou Leto l'Empereur Dieu.
Actusf : En France, nous découvrons le cycle Légendes de Dune. Comment vous est venue l'idée de cette série ? Et que vouliez-vous faire avec ces romans ?
Brian Herbert : Frank Herbert a passé vingt ans à expliquer aux fans pourquoi il a fait de Paul Atréides une sorte d'anti-héros dans Le Messie de Dune, après ses heures de gloire. Pour l'essentiel, mon père voulait les mettre en garde contre les leaders charismatiques qui peuvent vous emmener au bord d'une falaise. C'est le message que nous avons repris dans Paul le Prophète qui est une suite de Dune. Chronologiquement, il y a ensuite Le Messie de Dune, puis Le Souffle de Dune (l'histoire de la mère de Paul, Lady Jessica) et Les Enfants de Dune.

Brian Herbert : C'est une trilogie à propos de la fondation des grandes écoles de Dune, des milliers d'années avant les événements des romans initiaux de mon père. Le premier roman de cette série est Sisterhood of Dune (à propos du Bene Gesserit), suivi récemment par Mentats of Dune (à propos des Mentats donc) et par Navigators of Dune qui n'est pas encore écrit et qui parlera de la Guilde spatiale. Dans les pages de ces romans, nous écrivons aussi à propos de deux autres écoles, The Swordmasters et The Suk Medical School.
Actusf : Y a-t-il des projets pour le cinéma ou la télévision autour de Dune ?
Brian Herbert : Cela fait l'objet parfois de discussion, mais nous n'avons rien à annoncer pour le moment.
Actusf : Quels sont vos projets ?
Brian Herbert : Lorsque nous n'écrivons pas ensemble avec Kevin, je travaille sur d'autres projets. Récemment j'ai rédigé un roman entre science-fiction et fantasy intitulé Ocean et basé sur une idée de ma femme Jan. Il y a quelques années alors qu'elle rentrait d'un séjour à Hawaï, elle m'avait dit "Et si l'océan avait décidé de se battre contre nous ?" Elle imaginait des créatures des mers et l'esprit même de l'océan se révoltant contre la pollution humaine. Dans ce roman, de dangereuses créatures déclarent la guerre à l'humanité. Elles nettoient les côtes avec des méduses toxiques et créent une force militaire aquatique pour évacuer les humains des mers, avec des attaques éclairs de requins et d'orques, d'espadons capables d'embrocher des plongeurs, d'énormes baleines pouvant faire s'échouer de grands bateaux, des calmars géants carnivores avec des becs acérés, des poissons-scies, des lamproies digérant la chair humaine, des araignées semblables à des vampires maritimes, des serpents de mer plus venimeux que des cobras, des crabes guerriers, etc. Il y a aussi de grandes créatures que l'on pensait éteintes comme des plésiosauriens (comme le monstre du lac du Loch Ness), des requins de cinquante pieds ou des crocodiles avec des mâchoires énormes.
Cette armada est dirigée par le corps d'officiers des Sea Warriors (des hybrides poissons/humains), capables de créer de gigantesques vagues qui frappent la côte des États-Unis (le plus grand pollueur du monde). Ce sont des activistes dont l'une des tactiques est de repousser tous les déchets humains vers les plages américaines, forçant ainsi les hommes à nettoyer leurs propres saletés. L'océan ne sera plus un dépotoir.

J'ai aussi un autre concept de roman environnemental qui sera publié en juillet : The Little Green Book of the Chairman Rahma.
Pour tous mes romans, j'espère m'impliquer un peu plus sur les réseaux sociaux que je ne l'ai fait ces dernières années. Je vais avoir besoin des conseils et de l'aide de ma famille, de mes amis et de mes fans !