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Interview Christophe Lambert
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Interview Christophe Lambert

ActuSF : Dans un premier temps, pourriez-vous expliquer rapidement ce que le lecteur va découvrir en lisant Vegas mytho ?
Christophe Lambert : Une ambiance roman/film noir, dans les années 50, avec du fantastique (ou de la fantasy urbaine, je ne sais pas trop), des complots, des trahisons, des clins d’œil à Coppola, Scorsese, un style un peu « slam » à la Ellroy.

ActuSF : Comment vous est venu l'idée de base du roman ?
Christophe Lambert : un beau matin, le parallèle entre saga du Parrain de Puzo/Coppola et la mythologie grecque m’est apparu évident. Brando, le patriarche = Zeus. Sonny, le fils nerveux = Arès, etc. Ils sont vraiment dépeints comme un panthéon mythique. Il y a une dimension « fresque » qu’on ne retrouve pas du tout dans « Les Soprano » par exemple, où la mafia est disséquée d’une manière plus réaliste, par le petit bout de la lorgnette. Je me suis dit : « ça serait vraiment génial si les gangsters réglaient leurs comptes non pas avec des mitraillettes mais avec des pouvoirs paranormaux (éclairs, etc.), comme les super héros ». Voilà l’impulsion initiale. Ensuite il a fallu greffer des thèmes sur cette envie d’histoire. Celui de l’immortalité s’est rapidement imposé, avec toutes les questions existentielles que cela implique. J’avais raté le coche dans Le commando des immortels, à ce niveau-là. Mes elfes, comme certains critiques l’on souligné, pouvaient se résumer à « des indiens avec des oreilles pointues ». J’ai essayé d’approfondir davantage cette fois…

ActuSF : Le personnage principal de Vegas mytho apparaît comme légèrement caricatural. N'est-ce pas parce qu'il est inspiré d'auteurs célèbres ?
Christophe Lambert : Ce personnage me donnait enfin l’occasion de payer mon tribut à toute une frange d’auteurs qui m’ont fortement marqué quand j’avais 20 ans : Fante, Djian, Brautigan et bien sûr Bukowski, qui est le modèle principal. Jusqu’ici, en anticipation ou en « space opera », je ne pouvais guère régurgiter ces influences… Dans l’espace, personne ne vous entend picoler. Je ne sais pas si le résultat est caricatural mais cet exercice de style (toute l’intro dans Greenwich Village) était très amusant à composer. J’aime bien mon héros : il met 400 pages à accepter le côté éphémère et absurde de la vie… en côtoyant des immortels !

ActuSF : Il semble que Vegas mytho soit le fruit d'une documentation assez riche sur les années cinquante, Las Vegas, etc. Est-ce effectivement le cas ? Où avez-vous trouvez les informations nécessaires à l'écriture du roman ?
Christophe Lambert : Les sources sont énumérées dans la postface (« Les Fifties », de David Halberstam, etc.). J’ai toujours aimé cette époque, Sinatra, Dean Martin, la saga Kennedy… Quand je prépare un roman, je lis tout ce qui me tombe sous la main concernant la période ciblée, j’écoute de la musique et je regarde des films ad hoc. Je m’immerge dans l’ambiance comme un sous-marin, puis j’en ressors quelques semaines plus tard avec plein de notes. J’essaie de trouver des détails qui donnent de la chair au récit, qui font « vrai ». Les biographies, les documentaires, les essais sont de précieuses mines d’anecdotes… C’est une méthode de documentation très classique.

ActuSF : Vegas mytho est dans la même veine uchronique que La Brèche, Zoulou Kingdom ou Le Commando des immortels. Qu'est-ce qui vous attire dans ce genre de récit où l'Histoire dévie de son tracé, ou n'est pas ce que les manuels scolaires racontent ?
Christophe Lambert : Je ne vois pas Vegas mytho comme une uchronie car il n’y a pas vraiment de point de divergence : Rome est bien envahie par les barbares, la ligue catholique gagne à Lépante, le Titanic coule le 14 avril 1912… Tout cela est raccord avec l’histoire officielle. Je me suis limité à imaginer des coulisses, disons, surprenantes. Sinon, oui, j'aime l'uchronie : on a toute la "doc" possible et imaginable à disposition mais, contrairement au roman historique classique, on n'est pas muselé, on peut délirer...

ActuSF : Vous écrivez des romans dans des genres variés. Y a-t-il une différence entre écrire un roman policier, un roman pour la jeunesse ou un roman de science-fiction ?
Christophe Lambert : Je ne parviens jamais à trouver une réponse satisfaisante à cette question. Peut-être parce qu’il n’y en a pas. Les genres sont poreux, les lectorats également. Bon, évidemment, il y a du sexe et de la violence, dans Vegas mytho, donc je ne le conseillerais pas forcément à des gamins de douze ans. Concernant le style, c’est vraiment le sujet qui dicte le ton du livre… ce qui ne m’empêche pas d’avoir des tics stylistiques récurrents (mais je me soigne, enfin j’essaie). La méthode de travail est toujours la même, quel que soit le genre abordé : une envie, une période de gestation où personnages, thèmes et structure prennent forme, sorte de rêverie sous contrôle, très agréable. Puis vient la rédaction, beaucoup plus laborieuse que la période « le puzzle se met en place ».

ActuSF : L'impression que donnent vos romans est de pouvoir être adaptés facilement au cinéma. Avez-vous des projets dans ce sens ?
Christophe Lambert : Non.

ActuSF : Sur quels projets d'écriture travaillez-vous actuellement ?
Christophe Lambert : Le troisième volet d’une trilogie de fantasy «jeunesse » co-écrite avec Stephane Descornes, un thriller ado « anticipation » co-écrit avec Samantha Vansteen. Et puis j’ai un roman historique à finir qui traîne depuis deux ans : le jazz sous le IIIème Reich…

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