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Interview Christopher Paolini
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Interview Christopher Paolini

Actusf : Pourquoi avoir choisi d'écrire de l'Imaginaire ?
Christopher Paolini : C'est pour moi une des littératures les plus puissantes. Le Seigneur des Anneaux s'attache à des histoires de pouvoir, tout le cycle Wagnérien pourrait s'appeler la cupidité... Tous les grands cycles s'intéressent aux grandes expériences humaines. Et à mon avis la fantasy est un des moyens de narration les plus puissants.

Actusf : Comment est né Eragon ?
Christopher Paolini : D'abord en lisant. Ensuite en étant en contact permanent avec la nature. Et puis principalement en me posant des questions en permanence. D'où viendrait un dragon ? Qui pourrait trouver un œuf de dragon ? Tout cela m'a permis de poser les bases du monde... Les seuls vrais problèmes qui peuvent survenir, c'est si on ne répond pas honnêtement aux questions qu'on se pose...

Actusf : Qu'on dit vos parents en vous voyant écrire ? Avant que cela ne soit un succès ?
Christopher Paolini : Honnêtement, ils n'ont pas réagi différemment que lorsque je me lançais dans la gravure sur bois, la soudure, etc. J'étais tout le temps en train de commencer à créer quelque chose. L'écriture était donc un projet parmi les autres. Dans l'ensemble ils m'ont plutôt soutenu dans mon entreprise.

Actusf :
Comment travaillez-vous ? Quelle est votre journée type ?
Christopher Paolini :
Elle commence après le petit déjeuner par un passage sur internet pour lire les news. Puis lorsque j'ai l'esprit à peu près clair, je commence à écrire jusqu'à deux-trois heures de l'après-midi. Ensuite je vais faire de l'activité physique et j'essaie de faire autre chose jusqu'au soir. Évidemment, si j'ai une deadline qui approche pour un roman, je travaille toute la journée.

Actusf : Vous vous déguisiez au début de la série lors de vos apparitions publiques... Ça vous manque ?
Christopher Paolini :
(rire). Non pas du tout. C'était une façon que nous avions trouvé au début pour attirer l'attention. Je me retrouvais déguisé de manière un peu stupide devant des gamins de mon âge... Non ça ne me manque pas...

Actusf :
Le succès des trois premiers tomes a été mondial. Avez-vous encore un peu d'angoisse à l'idée de publier ce quatrième tome ? Êtes-vous inquiet ou curieux de la réaction du public ?
Christopher Paolini : Le livre a été publié en novembre dernier en anglais. Donc je n'ai plus d'appréhension concernant sa sortie. Ça va mieux. Je m'inquiétais surtout de la réaction des lecteurs à la fin de l'histoire. Ma plus grande peur c'était de les décevoir. Heureusement ça s'est bien passé. L'émotion a été très forte. A priori ça les a touchés fortement. Et en positif !

Actusf :
Mettre un point final était un soulagement mêlé à de la tristesse ? Qu'avez-vous éprouvé en terminant cette histoire ?
Christopher Paolini : J'ai toujours su que la série allait s'arrêter. Dès le début j'avais une idée de la manière dont ça se terminerait... Dans le premier livre déjà, il y a un rêve qui parle de la fin. Je ne pensais donc pas que clore la série allait me faire quelque chose... Et puis en écrivant la dernière ligne, j'ai senti comme une vague de chaleur, je me suis mis à trembler... C'était tellement intense que j'ai eu du mal à écrire les derniers mots. J'ai donc préféré passer deux mois à tout relire avant de revenir sur cette dernière page. La deuxième fois, ça allait mieux (sourire). J'ai alors ajouté un seul mot : "dark". Ce simple mot a réussi à me débloquer pour écrire les ultimes phrases.

Actusf :
Est-ce que c'est vraiment un point final ?
Christopher Paolini :
C'est le point final de cette histoire. Mais je compte bien revenir dans cet univers. D'ailleurs j'ai pris soin de jeter les bases dans les quatre premiers tomes de ce qui sera à l'origine du cinquième volume.

Actusf :
Vous avez inventé un vrai langage dans Eragon...
Christopher Paolini :
J'aime beaucoup les langues même si je n'ai jamais étudié les langues étrangères. La langue que j'ai inventée est fortement inspirée du norvégien ancien. En revanche celle des nains est totalement nouvelle. J'ai juste essayé de garder des bases grammaticales qui ressemblent à celles de l'anglais pour que les lecteurs anglophones aient des repères même si les mots étaient inventés. Après j'aimerais bien apprendre l'allemand. Ça ressemble pas mal au norvégien ancien...

Actusf : Vous parliez de votre rapport à la nature. Or vous n'êtes pas le seul auteur de fantasy à avoir ce rapport-là. Comment est-ce que vous l'expliquez ? Est-ce que c'est parce que dans la nature comme dans la fantasy, on est confronté à des choses plus grandes que nous ?
Christopher Paolini : Quand on vit dans un endroit comme le Montana où le paysage est aussi important, on ne peut pas y échapper. La région a toujours eu un impact fort sur ma psychologie. Y vivre sans se préoccuper de la nature, ce serait comme vivre à Paris en ignorant la Tour Eiffel. M'y promener m'a permis d'aller récolter des détails qui ont nourri mon univers et mes personnages. Si je vivais à New York, mes romans seraient sans doute très différents.

Actusf :
Est-ce que vous aimeriez écrire des histoires où elle aurait moins d'importance ?
Christopher Paolini : Ça dépend comment vous définissez la nature. Je pourrai écrire une histoire de science fiction qui se passe dans un vaisseau spatial mais nous aurions toujours des interactions avec les planètes, les étoiles, les trous noirs, etc. Ce n'est pas possible d'échapper à l'environnement.

Actusf : Est-ce facile avec ce succès de continuer une vie normale et de ne pas prendre la grosse tête ?
Christopher Paolini :
J'essaie. Je suis vraiment très reconnaissant pour tout ce qui m'arrive. Ce qui m'aide, c'est que je ne perds jamais de vue que mon succès est dû aux lecteurs. Sans eux, il ne se passerait rien. Dans ma famille, on a toujours vécu un peu différemment. Du coup j'ai l'habitude de vivre un peu différemment. Et ça nous a pas mal réussi. Je ne prends pas toute cette folie trop au sérieux. Parce que quand je rentre, je devrais passer l'aspirateur...

Actusf :
Vous disiez qu'il faudrait reprendre totalement le premier film tiré d'Eragon au cinéma, faire un remake... Avez-vous déjà pensé à un réalisateur et quel serait votre casting rêvé ?
Christopher Paolini : Difficile à dire... Pour Eragon, il faudrait un acteur inconnu parce que dès que l'on est un peu connu, c'est qu'on a passé l'âge du héros... J'ai bien quelques idées mais je ne peux pas en dire trop pour l'instant parce qu'il y a encore une possibilité que ça se fasse.

Actusf :
Vous n'êtes pas content de la première adaptation ?
Christopher Paolini : Je suis heureux qu'Eragon soit devenu un film. Il y a très peu de livres qui connaissent cet honneur-là. Et puis il m'a apporté beaucoup de nouveaux lecteurs. Je me suis investi autant que possible dans ce premier film mais il reflète au final plus la vision des équipes qui ont travaillé dessus que la mienne...

Actusf :
Est-ce que vous expliquez le succès d'Eragon ?
Christopher Paolini : Je ne sais vraiment pas pourquoi la série a eu autant de succès... J'ai quelques théories. Si on m'avait demandé d'écrire un best-seller en 1998, je n'aurai pas écrit Eragon. J'aurai écrit quelque chose qui ressemblerait à John Grisham ou Tom Clancy. Mais là j'ai écrit ce que j'avais envie de lire. Et puis la thématique de la quête initiatique, du héros qui devient adulte, est assez porteuse et universelle. Et puis il y a la relation entre Eragon et Safira. Qui n'a jamais rêvé d'avoir un ami aussi fidèle... J'espère que le succès de la série a quelque chose à voir avec la façon dont j'ai écrit cette histoire qui m'importait. Mais je ne m'explique pas tout. Je suis juste reconnaissant vis-à-vis de ces millions de lecteurs de part le monde.

Actusf : Vous êtes assez actif sur Twitter. C'est important cet échange permanent avec les fans ?
Christopher Paolini : En fait j'y suis arrivé en novembre dernier. C'est assez rigolo. Ça me permet d'échanger ce que je trouve sur Internet. En revanche je ne réponds pas aux emails. Ce serait trop long... En revanche, les réseaux sociaux sont une manière plutôt ludique de rester en contact avec les lecteurs sans disparaître totalement entre deux livres.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous ?
Christopher Paolini : Pour l'instant je ne travaille sur rien. Le tome 5 viendra plus tard. Je suis parti pour une tournée de 91 jours en Europe, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Du coup tous mes projets sont à l'arrêt jusqu'à cet été. Je terminerai en disant que j'espère que les lecteurs trouveront le tome 4 aussi surprenant qu'intéressant et qu'ils auront autant de plaisir à lire mes autres livres. Et avec un peu de chance le prochain ne sera pas aussi long...

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