ActuSF : Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter ?
Amar Djouad : Je m´appelle Amar Djouad, je vis à Helsinki avec mes 4 enfants, Aprés des études en Ecole des Beaux Arts et Arts Appliqués j´ai commencé á travailler dans le domaine de l´illustration et de la bande dessinée, pour Lanfeust mag, Black mamba, Oxymore entre autres et une trilogie avec Tiburce Oger au scénario qui n´a pas aboutie ( Vous pouvez découvrir quelques planches sur mon site.) J´ai ensuite voulu explorer d´autres domaines voisins comme la couverture de livre et le jeu vidéo (consoles, PC et IPhone) C´est ainsi que j´ai rencontré l´éditeur de Altalantes (ex-interkeltia), j´ai débuté avec Millecrabe, j´ai accroché d´emblée, ce livre fait partie des lectures qui resteront dans ma mémoire. Aujourd´hui je fais du concept art pour Housemarque qui produit Dead nation. En résumé je suis un Freelancer.
ActuSF : En ce qui concerne les couvertures : avez-vous eu des contacts réguliers avec l'éditeur, l'auteur, comment se passe la composition des couvertures, le choix de la scène, des couleurs, la mise en avant de tel ou tel aspect ? Quels types de recherche effectuez-vous avant de vous lancer dans la composition ? Comment travaillez-vous : crayon, ordinateur, PAO ?
Amar Djouad : L´éditeur m´à donné une description de la couverture qu´il désirait. Il faut savoir qu´Un illustrateur ne lit pas le livre qu´il va illustrer. Je voulais en savoir plus, je voulais faire un travail fidèle au récit. J´ai eu la chance de rentrer en contact avec l´écrivain et il a joué le jeu avec enthousiasme. Il m´a carrément envoyé le livre !!! Mais ça il ne faut pas le dire á l ´éditeur, en faisant cela il est allé à l´encontre de son contrat, il a pris des risques, j´ai beaucoup aimé son investissement dans le projet. Il m´a fait part de ce qu´il voyait, de ce qu´il aimerait, mais jacques est le patron et il a le dernier mot. Bien heureusement on s´entend bien tous les trois, donc c´était que du bonheur. J´ai commencé des croquis papier/crayon de batailles aériennes pour le tome 1, Un seul croquis est validé, je vais ensuite peaufiner l´esquisse et si nécessaire je fais des rectifications de compositions. J´effectue aussi un sérieux travail de documentation par souci de réalisme : le type d´avions de tanks ou le modèle de mitraillettes utilisées par les protagonistes. Une fois que c´est Okay pour tout le monde je scanne le dessin et je commence la couleur. J´utilise Photoshop et j ´essaye de faire quelque chose d´intéressant. Dans le tome 1 j´étais censé représenter les prémisses d´une guerre s´amorçant. Dans le tome 2 le conflit s´enlise, donc les aspects tragiques et dramatiques étaient primordiaux pour PJ Hérault, le but n´était pas de faire l éloge du combat en peignant de valeureux guerriers tirant à tout va mais plutôt en montrer sa fatalité. Dans le tome 3 j´ai utilisé des couleurs chaudes, pour moi c´était la meilleure tonalité pour finir la trilogie, le orangé c´est le crépuscule (ou l´aube ?), le moment de l´apocalypse. Les Romantiques allemands m´ont beaucoup influencé pour cette dernière couverture (Friedrich en particulier) j´ai essayé de recréer cette sensation de vulnérabilité de l´homme face á la puissance de l´univers. Des films comme Apocalypse Now, La ligne Rouge m´ont aussi bien influencé.
ActuSF : Comment se décide le choix final des couvertures, auriez-vous quelques anecdotes à nous livrer par rapport à la création des couvertures ? Avez-vous des retours sur votre travail ? Connaissiez-vous le mot Uchronie avant de réaliser ce travail ? En avez-vous déjà lu ? Qu'évoque ce mot pour Vous ?
Amar Djouad : Comme je disais antérieurement l´éditeur à le dernier mot, mais je ne veux pas décrire un tyran, Jacques m´a vraiment fait confiance et nous avons eu une communication triangulaire et fluide. Nous avons été même jusqu´á établir un dialogue avec l´imprimeur bulgare quand nous n´étions pas satisfait de la sortie papier. Je dois dire que la trilogie de Millecrabe est un produit de qualité, nous avons été attentifs à tous les niveaux de la réalisation, rien n´a été fait á moitié, quand nous n’étions pas satisfaits, nous recommencions. Je n´ai eu, jusqu´à maintenant, que des retours positifs sur cette trilogie, on est tous très satisfait dans l´équipe, on est même très fier de cette œuvre. Une anecdote qui m´a retenue : Michel à fait une guerre que mes parents ont fuit étant adolescents. Aujourd´hui j´illustre ses livres, certes des récits guerriers et bien menés, mais la guerre à travers ce genre de livre n´est pas que sublimée, l´effet est cathartique et finalement le message est avant tout pacifique. L’Uchronie avant Millecrabe signifiait pour moi quelque chose d´abstrait, j´avoue que j’étais quasi ignorant sur le sujet. Donc la première chose que j´ai faite a été de me renseigner. Je pense que l´Uchronie peut être un des genres les plus intéressants que ce soit sur écran ou sur du papier, et bien sur à condition que l´œuvre soit bien dirigée. Millecrabe est la première uchronie que j´ai lu et ca m´a mis une claque. L´Uchronie est si vaste et si pertinente dans le fond qu´elle pourrait bien devenir le prochain style á la mode dans Hollywood, et cela pour le meilleur...ou le pire.
A suivre