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Interview d'André-François Ruaud (2004)
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Interview d'André-François Ruaud (2004)

Actusf : Comment est née l'idée de cette maison d'édition ?
André François Ruaud : D'un besoin de changer de vie aussi bien que d'une volonté de poursuivre de mon côté le travail que j'avais entamé à l'époque des éditions Étoiles Vives.

Actusf :Qu'as-tu envie de faire avec ?
André François Ruaud : Faire de beaux livres, littéralement: des ouvrages qui soient esthétiquement plaisant, mias également des "beaux livres" au sens éditorial français de ce terme, à savoir des ouvrages de grand format, très illustrés. Il y aura ainsi un ou deux "beaux livres" par an aux Moutons électriques, en sus d'ouvrages plus "habituels" (romans et recueils).

Actusf : Quelle sera sa ligne éditoriale ?
André François Ruaud : Une politique d'éditeur, c'est comme une vie philosophique: ça demande un processus de clarification exigeant et continu. Pas un "créneau", mais la fidélité à quelques principes se précisant et s'étoffant avec le temps. Je veux publier de la littérature de science-fiction et de fantasy, bien entendu - mais avec un accent sur le mot "littérature".

Actusf :As-tu déjà une idée des premiers titres ?
André François Ruaud : Outre le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, qui sort fin septembre, paraitrons ensuite un roman inédit de fantasy par Thomas Burnett Swann, Le Phénix vert (octobre), puis un ouvrage autour d'Alan Moore (incluant un court roman de Moore ; janvier 05). Ensuite, sortira par exemple le premier volume d'une grosse anthologie périodique, qui sera la nouvelle édition française de la revue nord-américaine F&SF (comme autrefois la revue Fiction; février 05).

Actusf :Peux-tu nous parler du premier livre, ce Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux ? Qu'y trouvera-t-on ?
André François Ruaud : Il s'agit d'un volume très grand (19x27 cm), très illustré (près d'un millier de dessins, tableaux, photos, etc) et très soigné, qui présente quelques 80 articles sur les auteurs et illustrateurs des littératures du merveilleux. Cela va de William Shakespeare à Fabrice Colin, en passant par Les Mille et une Nuits, Hans Christian Andersen, J.R.R. Tolkien, Lewis Carroll, Arthur Rackham, J.M. Barrie, Robert E. Howard, Fritz Leiber, Michael Moorcock, Tanith Lee, David Eddings, Robert Holdstock, Tad Williams, Terry Pratchett, J.K. Rowling, Hayao Miyazaki ou Robin Hobb... Le tout avec la collaboration de René Beaulieu, Ugo Bellagamba, Francis Berthelot, Bruno B. Bordier, Jean-Daniel Brèque, Fabrice Colin, Raphaël Colson, Olivier Davenas, Sara Doke, Catherine Dufour, Johan Heliot, Rhys Hugues, Stephen Jones, Jean-Marc Lofficier, Patrick Marcel, Xavier Mauméjean, P.J.G. Mergey, Michael Moorcock, Harry Morgan, Alexis Nevil, Laurent Queyssi, Jean Ruaud, Léa Silhol, Thierry Sportouche, Michael Swanwick et Terri Windling.

Actusf :Tu as déjà beaucoup écris sur la fantasy, qu'est-ce qui te plait dans ce genre ? Que te reste-t-il à explorer ?
André François Ruaud : Une littérature aussi vaste présente un champ d'exporation quasiment infini... Je n'avais, avec Cartographie du merveilleux, fait qu'efflorer le genre. Il s'agissait en fait d'une sorte de version Reader's digest du travail que je menais depuis quelques années sur les littératures du merveilleux, et qui trouve une sorte d'aboutissement dans le Panorama. Ce qui ne signifie nullement que j'entends arrêter là mes recherches sur la fantasy! Ce genre me fascine par le prolongement qu'il crée avec les mythes les plus profonds de l'humanité et par la richesse dont il fait preuve en se réinventant sans cesse. La fantasy, lorsqu'elle est de qualité, ne présente pas des tentatives d'évasion de la réalité mais, tout au contraire, une plongée au plus profond de celle-ci.

Actusf : On a souvent dit que la fantasy était un peu la locomotive des genres de l'imaginaire en France. Est-ce encore vrai pour toi ?
André François Ruaud : Plus que jamais, bien entendu. Mais pas seulement en France : les vieux genres de la science-fiction et du roman policier n'ont plus de nos jours autant de pertinence qu'ils pouvaient en avoir auparavant, et la fantasy est venue apporter aux littératures de l'imaginaire des approches qui sont à la fois populaires et captivantes. La fantasy n'en a pas fini de nous surprendre, surtout en France où le domaine demeure encore trop alourdit par les productions alimentaires de type médiévalisant, alors qu'une foule de chefs d'oeuvres attendent d'être traduits. Le succès d'un roman comme Le Dernier magicien de Megan Lindholm donne confiance en l'avenir du genre.

Actusf : Et quel regard portes-tu sur les auteurs français ? Il y a deux ans, tu évoquais David Calvo, Fabrice Colin, Laurent Kloetzer et Léa Silhol. Y'a-t-il d'autres auteurs qui t'ont séduit ?
André François Ruaud : Kloetzer n'écrit plus, hélas, mais la production de fantasy en France est devenue remarquablement riche. J'ai pris énormément de plaisir à découvrir récemment les romans d'Erik L'Homme, de Pierre Pevel et de Philippe Monot, par exemple. Johan Heliot et Xavier Mauméjean n'ont pas fini de nous surprendre, aussi. Beaucoup d'auteurs sont sans doute publiés trop jeunes, trop vite, avec un manque de travail éditorial, et c'est dommage, mais dans le flot les bonnes surprises sont nombreuses.

Actusf : Parlons deux minutes de la fantasy anglo-saxonnes. Quels sont pour toi les auteurs incontournables là bas et que l'on n'a pas encore découvert chez nous ?
André François Ruaud : Charles de Lint s'impose comme LE nom d'un auteur formidable que personne n'a encore traduit: je vais diriger l'an prochain un recueil de cet auteur, chez l'Oxymore. Steven Brust, aussi, est un passionnant écrivain encore inconnu : il va enfin être traduit, chez Mnémos. Quant à Terri Windling, je vais la publier aux Moutons électriques. Mais les auteurs formidables à découvrir ne manquent pas.

Actusf : Aujourd'hui on retrouve André-François Ruaud l'éditeur. Mais où en est l'auteur ?
André François Ruaud : L'auteur travaille tranquillement, dans son coin... Avec peut-être en vue un gros roman en fin d'année prochaine, si tout va bien. Ainsi que plusieurs essais en préparation, dont un Sherlock Holmes (en collaboration avec Xavier Mauméjean) et un Arsène Lupin, aux Moutons électriques.

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