Actusf : Pourquoi avez-vous choisi d'écrire pour la jeunesse ? Et avez-vous l'intention d'écrire un jour, un roman pour des lecteurs adultes ?
Arthur Ténor : Ce ne fut pas un choix. J'ai écrit mon premier livre à 18 ans (de l'heroïc-fantasy), puis diverses aventures policières que je destinais à un public adulte. C'est un éditeur qui m'a suggéré d'écrire pour la jeunesse, car il lui semblait que j'avais une plume qui correspondait bien à ce public. "Ha ?" Me suis-je dit. Et effectivement, dès l'instant où je m'y suis plongé... Et maintenant, je ne suis pas près d'en sortir ! Aussi, je ne songe pas encore à écrire pour les adultes. En fait, ma source est dans la jeunesse.
Actusf : Que pensez-vous du succès d'Harry Potter ? Quelles sont, selon vous, les répercussions (bonnes ou mauvaises) sur la littérature jeunesse ?
Arthur Ténor : C'est un phénomène hors norme, une bizarrerie sociologique sur laquelle on n'a pas fini de disserter. Cela me rappelle la sortie du film E.T. de Spielberg. Une vraie folie, les gens applaudissaient dans les salles de cinéma. Ce n'était pourtant pas un chef d'œuvre absolu. Mais le conditionnement était tel qu'on était déjà convaincu d'entrer dans la salle, qu'on allait voir une merveille. Cela dit, j'ai passé un très bon moment avec ce film, comme d'ailleurs, à lire le premier tome d'Harry Potter. Les répercussions sont à la mesure du phénomène. Lorsque je me déplace sur un salon, je constate en permanence qu'Harry est une sorte de référence, d'étalon même. "J'ai lu tout Harry Potter !" annoncent fièrement des bambins de huit ans. Et les parents ont les yeux qui brillent de fierté. N'empêche, ces mêmes enfants me font dédicacer des livres estampillés "À partir de huit ans". Bref, l'ami Harry a créé une singulière dynamique. Qui s'en plaindra ? Je ne vois pas d'effet négatif. Il faudrait vraiment avoir l'esprit tordu pour en voir.
Actusf : La majorité de vos romans sont des récits historiques ou s'appuyant sur des faits historiques. Pourquoi ? Quelle est votre période préférée de l'Histoire de France ?
Arthur Ténor : L'Histoire est la plus grande source des histoires. On trouve tout dans l'Histoire ! Les amours, les miracles, les drames, l'étonnement, la poésie... Certaines périodes m'inspirent plus que d'autres, ce sont le Moyen Âge, l'Égypte Antique et le règne de Louis XIV. Mais j'ai aussi plein d'envies sur d'autres moments ou personnages du passé.
Actusf : Dans Les énigmes de Versailles ou Les énigmes de François Ier, vous donnez bon nombre d'informations sur l'histoire de France. Vos romans ont-ils un but pédagogique ? Pensez-vous que mélanger la science-fiction et l'histoire peut être un bon moyen pour enseigner cette dernière aux enfants ?
Arthur Ténor : Mes romans n'ont pas d'intention pédagogique, sauf deux d'entre eux... et ce sont précisément ceux que vous citez. J'avais envie de faire découvrir autrement ces périodes de l'histoire de France. L'idée d'associer le lecteur à la résolution des énigmes a germé dans Les énigmes de Versailles et s'est concrétisée avec Les énigmes de François Ier. Le prochain pourrait voir une nouvelle avancée dans ce sens... Je dois dire que je n'ai pas songé, en écrivant ces deux romans, que la SF était un bon vecteur pédagogique. Mais à posteriori, pourquoi pas ?
Actusf : Dans Alerte aux virulents, vous abordez le thème du clonage. Pour vous, le roman est-il aussi un moyen pour faire passer un message auprès du jeune lecteur ?
Arthur Ténor : Je n'écris pas spécialement pour faire passer des messages, mais d'abord pour divertir. Cependant, il est vrai que j'aime donner du sens à mes récits. Il est remarquable d'ailleurs de constater que, parfois, des lecteurs voient des messages là où, moi, je ne pensais pas en avoir mis. C'est un peu normal, car l'écrivain exprime en général des choses qu'il ressent, et s'il ressent des choses, cela doit se ressentir, alors on peut parler de messages, mais il faut veiller à ce que l'intention ne soit pas trop lourde.
Actusf : Avez-vous des sujets tabous que vous ne voulez pas aborder dans vos livres ? Quelles sont les difficultés majeures lorsque l'on veut écrire un roman pour un jeune public ?
Arthur Ténor : Je n'ai pas de tabou, donc pas de sujet interdit. Si j'avais envie de parler d'un sujet particulièrement délicat, je le ferais, comme d'autres auteurs jeunesse le font. Je crois qu'avec les enfants et les adolescents, on peut parler de tout, mais il est nécessaire d'y mettre des formes adaptées. La jeunesse a ses fragilités qu'il faut savoir ménager.
Actusf : Vous devez avoir des réactions d'enfants sur vos romans. Comment les perçoivent-ils ?
Arthur Ténor : Question délicate. Les jeunes lecteurs sont très exigeants et souvent disent franchement ce qu'ils pensent lorsqu'ils rencontrent l'auteur. Je suis très attentif aux remarques et sensible aux compliments. Certains préfèrent le suspens, d'autres aiment le Moyen Age et se disent fans du Félin, par exemple, (série chez J'ai Lu Jeunesse). D'autres encore préfèrent les histoires avec de la magie... Bref, j'entends tout ce que mes amis auteurs entendent. C'est de toute façon toujours important de recevoir l'avis de ceux pour qui nous écrivons.
Actusf : Quelles sont ou quelles ont été vos influences (littéraires, cinématographiques, musicales…) ?
Arthur Ténor : Mes influences littéraires sont multiples, car j'ai toujours aimé goûter à tous les genres. Cependant, quand on me pose cette question, j'ai aussitôt trois réponses à donner : Bob Morane, d'Henri Verne, l'aventure en série par excellence. Le seigneur des anneaux, la GRANDE aventure, unique, l'évasion garantie. Et l'œuvre de René Barjavel. L'aventure encore qui se dévore, qui vous dévore... Côté cinéma, j'évoquerai Spielberg, La Guerre des Étoiles, certains films historiques aussi. L'aventure toujours. Et pour la musique... j'ai eu ma période hard-rock, classique, folk. Pas vraiment d'influence, quoique, certaines musiques de film.
Actusf : Quels sont vos projets ?
Arthur Ténor : Outre la série du Félin qui continue (je viens d'achever le N° 12), j'ai un projet de trilogie fantastique, les Énigmes de Pompéi à méditer, et j'aimerai replonger dans l'histoire de France, au XVIIIème ou peut-être retourner rendre une petite visite au roi-chevalier (François Ier). J'ai en tête assez de projets pour les dix ans à venir...
Actusf : Petite question subsidiaire : que vouliez-vous devenir lorsque vous étiez enfant ?
Arthur Ténor : Cela changeait en fonction des saisons : motard, cosmonaute, pilote de montgolfière... mais jamais je n'ai imaginé devenir écrivain. C'est une vocation qui est née à 18 ans, très brusquement, un jour où j'ai eu l'idée d'un roman et que je m'y suis mis... Ça ne m'a pas lâché depuis.
La chronique de 16h16 !