Nous : Un après, où en est le Droit du Serf ?
Ayerdhal : Il y avait deux étapes importantes dans Le Droit du Serf. La première : remettre auteurs et éditeurs sur un même pied d'égalité dans leurs relations. La seconde : se doter d'un outil qui nous permette de négocier différemment avec les maisons d'édition pour ne plus avoir à signer des contrats qui nous déplaisaient, même si ce sont ceux que préconisent le Syndicat National du Livre. On est en train de finaliser un contrat type avec un juriste. D'ici un mois, cet outil sera à la disposition de tous les auteurs. Cette étape là est passée. Ensuite, ce sera à chacun d'aller voir ses éditeurs pour renégocier ses contrats sur cette base.
Nous : Quelle a été la réaction des éditeurs ?
Ayerdhal : J'ai beaucoup discuté avec les éditeurs qui avaient un peu peur de ces revendications. Mais finalement, ils se sont rendus compte qu'il s'agissait simplement d'élaborer des contrats qui tiennent la route et qui rééquilibrent les relations entre auteur et éditeur. A titre personnel j'ai signé trois contrats cette année sur la base du Droit du Serf. J'ai du en négocier férocement certains mais au final, ils ont été acceptés.
Nous : Un an après, le bilan à l'air plutôt positif.
Ayerdhal : Oui. Désormais, c'est à chacun d'aller renégocier ses contrats. Les écrivains qui ont envie que les choses changent vont devoir regarder leurs éditeurs les yeux dans les yeux pour leur dire non. Mais c'est difficile. Les auteurs sont infantilisés depuis tellement longtemps que la situation peut être délicate. Le second pan du Droit du Serf concerne maintenant les pouvoirs publics. Les auteurs contribuent à la culture et à l'éducation nationale et jusqu'à présent, ils avaient un tout petit avantage sur le plan fiscal, avantage qui vient d'être supprimé. Il prenait en compte la faiblesse de nos revenus. Plutôt que de débattre sur le prêt payant en bibliothèque, revenir sur cette décision peut-être une solution pour améliorer un peu la situation.
Nous : Comment se sont passées tes démarches pour convaincre éditeurs et auteurs ?
Ayerdhal : Ca s'est relativement bien passé. J'ai commencé par les gens que je connaissais et avec qui je travaillais. Ils savaient donc que j'étais plutôt rentre-dedans, dur en négociations et revendicatif. Ca ne les a pas surpris. Par contre, dès qu'il a fallu aller voir des auteurs d'autres milieux littéraires, que ce soit le polar ou la littérature générale, ça été plus difficile. Ils sont tout à fait d'accord pour le principe mais ils leur manquent l'envie de se battre vraiment. Peut-être, la pression est-elle plus forte de la part des éditeurs dans ces milieux. Quant aux maisons d'édition qui ne me connaissaient pas, ça a été extrêmement folklorique… (rires). Mais ils réagissent bien. Cette année, je ne travaille qu'avec de nouveaux éditeurs pour moi, dont un qui ne me connaissait ni d'Eve ni d'Adam et qui m'utilise d'ailleurs à contre emploi pour faire du polar plus que de la science-fiction. Quand je lui ai dit que je ne voulais pas signer son contrat mais un autre, la réaction n'a pas été négative. Et au bout d'un mois de négociation, on a fini par signer ensemble un texte qui nous convenait.
Nous : La belle unité des auteurs SF était assez flagrante…
Ayerdhal : Je sais que par essence, tous les auteurs sont confrontés aux mêmes problèmes, à part peut-être les best-sellers. Mais je n'avais pas conscience des peurs que pouvaient avoir les écrivains des autres genres. Dans le domaine de la SF, on est tellement peu nombreux que l'on communique énormément. C'est donc facile de comprendre qu'en face de nous on aura toujours des êtres humains avec qui il suffit la plupart du temps de parler. Le polar et la littérature générale sont beaucoup plus vastes et les auteurs sont beaucoup plus tenus par les éditeurs. Ils sont infantilisés au maximum et n'ont aucune responsabilité dans la chaîne commerciale. Et puis beaucoup ont plusieurs casquettes : auteur, éditeur, critique… on ne peut pas tout défendre à la fois.
Nous : Quels sont les prochaines étapes ?
Ayerdhal : Le contrat est quasiment terminé. Reste maintenant la communication. Un site Internet va être mis en place. Il rassemblera toutes les réponses aux questions des auteurs débutants et confirmés pour que chacun puisse discuter d'égal à égal avec les éditeurs lorsqu'il s'agit de droits, de durée… L'étape suivante sera de convaincre les pouvoirs publics que nous ne sommes pas que de mauvais citoyens et qu'il y a probablement autre chose dans la culture française que le foie gras, le vin et le fromage.
Ayerdhal : Il y avait deux étapes importantes dans Le Droit du Serf. La première : remettre auteurs et éditeurs sur un même pied d'égalité dans leurs relations. La seconde : se doter d'un outil qui nous permette de négocier différemment avec les maisons d'édition pour ne plus avoir à signer des contrats qui nous déplaisaient, même si ce sont ceux que préconisent le Syndicat National du Livre. On est en train de finaliser un contrat type avec un juriste. D'ici un mois, cet outil sera à la disposition de tous les auteurs. Cette étape là est passée. Ensuite, ce sera à chacun d'aller voir ses éditeurs pour renégocier ses contrats sur cette base.
Nous : Quelle a été la réaction des éditeurs ?
Ayerdhal : J'ai beaucoup discuté avec les éditeurs qui avaient un peu peur de ces revendications. Mais finalement, ils se sont rendus compte qu'il s'agissait simplement d'élaborer des contrats qui tiennent la route et qui rééquilibrent les relations entre auteur et éditeur. A titre personnel j'ai signé trois contrats cette année sur la base du Droit du Serf. J'ai du en négocier férocement certains mais au final, ils ont été acceptés.
Nous : Un an après, le bilan à l'air plutôt positif.
Ayerdhal : Oui. Désormais, c'est à chacun d'aller renégocier ses contrats. Les écrivains qui ont envie que les choses changent vont devoir regarder leurs éditeurs les yeux dans les yeux pour leur dire non. Mais c'est difficile. Les auteurs sont infantilisés depuis tellement longtemps que la situation peut être délicate. Le second pan du Droit du Serf concerne maintenant les pouvoirs publics. Les auteurs contribuent à la culture et à l'éducation nationale et jusqu'à présent, ils avaient un tout petit avantage sur le plan fiscal, avantage qui vient d'être supprimé. Il prenait en compte la faiblesse de nos revenus. Plutôt que de débattre sur le prêt payant en bibliothèque, revenir sur cette décision peut-être une solution pour améliorer un peu la situation.
Nous : Comment se sont passées tes démarches pour convaincre éditeurs et auteurs ?
Ayerdhal : Ca s'est relativement bien passé. J'ai commencé par les gens que je connaissais et avec qui je travaillais. Ils savaient donc que j'étais plutôt rentre-dedans, dur en négociations et revendicatif. Ca ne les a pas surpris. Par contre, dès qu'il a fallu aller voir des auteurs d'autres milieux littéraires, que ce soit le polar ou la littérature générale, ça été plus difficile. Ils sont tout à fait d'accord pour le principe mais ils leur manquent l'envie de se battre vraiment. Peut-être, la pression est-elle plus forte de la part des éditeurs dans ces milieux. Quant aux maisons d'édition qui ne me connaissaient pas, ça a été extrêmement folklorique… (rires). Mais ils réagissent bien. Cette année, je ne travaille qu'avec de nouveaux éditeurs pour moi, dont un qui ne me connaissait ni d'Eve ni d'Adam et qui m'utilise d'ailleurs à contre emploi pour faire du polar plus que de la science-fiction. Quand je lui ai dit que je ne voulais pas signer son contrat mais un autre, la réaction n'a pas été négative. Et au bout d'un mois de négociation, on a fini par signer ensemble un texte qui nous convenait.
Nous : La belle unité des auteurs SF était assez flagrante…
Ayerdhal : Je sais que par essence, tous les auteurs sont confrontés aux mêmes problèmes, à part peut-être les best-sellers. Mais je n'avais pas conscience des peurs que pouvaient avoir les écrivains des autres genres. Dans le domaine de la SF, on est tellement peu nombreux que l'on communique énormément. C'est donc facile de comprendre qu'en face de nous on aura toujours des êtres humains avec qui il suffit la plupart du temps de parler. Le polar et la littérature générale sont beaucoup plus vastes et les auteurs sont beaucoup plus tenus par les éditeurs. Ils sont infantilisés au maximum et n'ont aucune responsabilité dans la chaîne commerciale. Et puis beaucoup ont plusieurs casquettes : auteur, éditeur, critique… on ne peut pas tout défendre à la fois.
Nous : Quels sont les prochaines étapes ?
Ayerdhal : Le contrat est quasiment terminé. Reste maintenant la communication. Un site Internet va être mis en place. Il rassemblera toutes les réponses aux questions des auteurs débutants et confirmés pour que chacun puisse discuter d'égal à égal avec les éditeurs lorsqu'il s'agit de droits, de durée… L'étape suivante sera de convaincre les pouvoirs publics que nous ne sommes pas que de mauvais citoyens et qu'il y a probablement autre chose dans la culture française que le foie gras, le vin et le fromage.