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Interview d'Ayerdhal (en 2000)
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Interview d'Ayerdhal (en 2000)

Nous : Comment êtes-vous arrivé à la SF ?
Ayerdhal :
La bibliothèque paternelle était énorme et essentiellement composée d'ouvrages de SF. En exagérant un peu, on peut dire que j'ai appris à lire sur des bouquins de SF.

Nous : Quels sont les auteurs qui vous ont marqué (bon, Herbert d'accord, mais à part lui, y'en a-t-il d'autres?)
Ayerdhal : John Varley, Norman Spinrad, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, etc.

Nous : Comment êtes-vous passé à l'écriture ?
Ayerdhal : Marre de faire autre chose.

Nous : Pourquoi un pseudonyme ? D'où vient celui-ci ?
Ayerdhal : Ce n'est un pseudo que pour les gens qui ne me connaissent pas. Je le portais déjà douze ans avant d'écrire et il sort directement de mon cerveau enfumé.

Nous : Avant d'être édité, quel a été votre parcours littéraire (fanzines?) ?
Ayerdhal : Strictement aucun. J'ai toujours écrit, pour de rire, pour faire rire ou pour faire pleurer, pour "communiquer", et un jour j'ai décidé de devenir écrivain. J'ai attaqué un roman, je l'ai fini, je l'ai envoyé chez les éditeurs de SF et Nicole Hibert, alors directrice de la collection Anticipation du Fleuve, l'a publié.

Nous : Avez-vous une technique particulière d'écriture ?
Ayerdhal : Je me lève, j'avale un café, je bosse. J'arrête quand quelqu'un franchit la porte d'entrée de la maison.

Nous : Comment naissent les histoires dans la tête d'Ayerdhal ?
Ayerdhal : D'abord il y a la colère d'où jaillit une ébauche d'intrigue, ensuite les personnages puis "l'univers" dans lequel ils vont évoluer. Je laisse souvent mûrir tout ça plusieurs années.

Nous : Votre parcours est plus jonché de romans que de nouvelles, est-ce un choix, ou le fait des opportunités ?
Ayerdhal : J'ai écrit autant de romans que de nouvelles. Je suis évidemment plus à l'aise sur les longues distances, mais cela tient aux sujets que je développe.

Nous : Apparemment, vous n'avez pas suivi le parcours "classique" des auteurs de SF : passage par la case Nouvelles publiées dans des revues et des fanzines, puis roman. Là encore, est-ce un choix ou une opportunité avec un éditeur ?
Ayerdhal : Je n'ai pas choisi d'écrire. J'ai choisi de vivre de l'écriture, donc de publier des romans chez des éditeurs "patentés".

Nous : Dans de nombreux romans, vos personnages sont des révoltés (nous pensons à L'Histrion, Parleur, Demain une oasis, La bohème et l'Ivraie, Cybione... ). Tous s'opposent à un système. Est-ce la transposition d'un sentiment profond, caché peut-être dans votre sur-moi, ou votre inconscient... (pt'ain, je, enfin, on, fera Woody Allen chez Le psy quand on sera grand...).
Ayerdhal : Ce que l'homme fait d'ordinaire à l'homme me révolte. J'écris comme je suis ce que je pense.

Nous : Plus sérieusement, avez-vous le sentiment, par ce traitement de la révolte, notamment dans Demain une Oasis et Parleur, d'être un auteur engagé ?
Ayerdhal : Je suis un être humain engagé, c'est la moindre des choses que je dois à mes semblables.

Nous : N'est-ce pas là la "spécificité Ayerdhal" ?
Ayerdhal : C'est la spécificité de tous les gens qui acceptent d'assumer leur humanité. On peut nommer cela civisme, citoyenneté, responsabilité politique, engagement, philosophie, qu'importe, l'essentiel est de faire avancer le schmilblic en se mêlant de tout avec conviction puisque tout regarde tout le monde.

Nous : Dans votre préface d'Etoile Mourante, vous parlez d'émerveillement scientifique, la science tient-elle une place importante dans votre imaginaire?
Ayerdhal : La science occupe une place prépondérante dans le fonctionnement de l'humanité, non ? Par ailleurs, dans "science fiction"...

Nous : Cherchez-vous à avoir des récits "crédibles scientifiquement"?
Ayerdhal : C'est mon job d'auteur de SF. Il y a un aspect pédagogique et l'envie de donner envie. Mais je n'en fais ni une marotte ni une gageure.

Nous : Comment s'est passée votre collaboration avec Jean-Claude Dunyach sur Etoile Mourante ?
Ayerdhal : Elle a été si riche que je souhaite à tous les auteurs de tâter de la collaboration créative et que je remettrai le couvert à la première occasion, avec Jean-Claude et avec tous ceux qui me feront la fleur de partager l'aventure.

Nous : Quel est la genèse de ce roman ?
Ayerdhal : Jean-Claude et moi nous lisions avec un peu plus que de l'intérêt depuis nos premières parutions. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n'avons dépisté aucune contre-indication à l'amitié et nous avons diagnostiqué une forte propension au boulot. L'un de nous deux a suggéré une collabo, l'autre lui a offert son plus bel univers pour base de réflexion. Puis nous avons joué au tac au tac créatif avant d'entremêler nos écritures...

Nous : Vous avez inauguré la collection Macno avec Conscience virtuelle, comment cela s'est-il passé?
Ayerdhal : Comme le dit Kassovitch : jusqu'ici tout allait bien.

Nous : Quel regard jetez vous sur le milieux de La SF française aujourd'hui?
Ayerdhal : C'est quoi un "milieu" ? Une mafia ou une moyennitude ? Il n'y a pas de milieu, juste des lecteurs, des auteurs et des éditeurs... et, parmi eux, une poignée de "militants" qui consacrent une part déraisonnable de leur temps libre à promouvoir d'arrache-pied leur "genre" de prédilection. Dans l'ensemble, je dirais qu'il règne une certaine intelligence entre tous ces acteurs, dans l'ensemble... Et puis il y a ceux qui ne peuvent pas s'empêcher de casser leurs jouets. Quand j'en veux un peu trop à ces derniers, j'ouvre mon mail ou je prends mon bigo et j'appelle Serge Lehman, Pierre Bordage, Marion Mazauric, Jacques Baudou, Olivier Delcroix, Roland Wagner, Laurent Genefort, Henri Loevenbruck, Alain Névant, Jean-Marc Ligny, Gilles Francescano, Mandy, Jean-Claude Dunyach, Anne Guérand, François Froideval, Patrice Duvic, Jacques Chambon, Marc Bailly, France Ruaud, Stéphane Nicot, Bruno Della Chiesa, Alain Jardy, Sara Doke, Stéphane Marsan, Michel Pagel et nous revisitons la SF française à grand renfort de fou rire : ça relativise pas mal.

Nous : Quelle importance a eu pour vous le Grand Prix de l'Imaginaire pour Demain une oasis, et Le prix Tour Eiffel pour Etoile Mourante ?
Ayerdhal : Qui cracherait sur une sanction récompensant son travail ? Par ailleurs, j'ai été plutôt content quand les lecteurs de SF-Mag ont octroyé le Prix Ozone à Parleur.

Nous : D'ailleurs, les prix littéraires ont-ils une importance à vos yeux?
Ayerdhal : Ils facilitent la promotion des ouvrages auprès des éditeurs, des médias et des marchés étrangers.

Nous : Ces deux prix ont-ils changé quelque chose dans votre carrière ?
Ayerdhal : Cf réponse précédente.

Nous : En 1992, vous avez répondu aux questions du journal Planète à vendre. Vous y écriviez que vous n'étiez pas forcément pour le mélange des genres (SF, Fantasy, Fantastique). Est-ce toujours d'actualité ?
Ayerdhal : Je suis pour l'abolition des "genres".

Nous : D'autre part, juste après, vous parliez de la nécessité d'un magazine reliant tous les médias autour de la SF. Que pensez de l'expérience SF Mag, ou Parallèle ?
Ayerdhal : Qu'Henri et Alain ont fait avec SF-Mag exactement ce que j'attendais d'un magazine pro tout public et que leur travail est merveilleusement complété par celui de Galaxies.

Nous : Vous disiez que la SF se vendait mal car elle pêchait sur trois points : la qualité des oeuvres, la mauvaise image du genre et sa méconnaissance du grand public. Les conditions ont-elles changées aujourd'hui pour vous?
Ayerdhal : D'une façon phénoménale.

Nous : Quel avenir pour la SF?
Ayerdhal : Celui de la littérature.

Nous : Quels liens avez-vous avec l'illustrateur Franscescano ?
Ayerdhal : Ceux privés d'amitié et ceux professionnels d'admiration.

Nous : Quelles sont vos envies futures ? Quels sont vos projets ?
Ayerdhal : Humaniser l'humanité.

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