Actusf : Parlez-nous tout d'abord un peu de vous. Quels sont les auteurs qui vous ont marqué et qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ?
Daniel Polansky : J'ai vraiment été influencé par de nombreux auteurs de manières très différentes. Si je commençais à tous les lister, nous en aurions pour toute la journée ! Concernant uniquement les personnes que j'aime, une liste raccourcie pourrait inclure Rebecca West, V.S. Naipaul, Dashiell Hammet, Gene Wolfe, Proust, Tolstoy, John Keegan.
Quant à pourquoi j'ai commencé à écrire, c'est difficile de répondre à une telle question. J'ai commencé à travailler sur Basse-Fosse comme une expérience. Je n'avais jamais essayé d'écrire de la fiction avant ça et je voulais voir si je pouvais y arriver. Après avoir commencé, j'ai réalisé que cela m'amusait beaucoup. Je suis coincé dedans depuis.

Daniel Polansky : Basse-Fosse vient de mon amour pour les romans policiers. J'ai pensé que la vision du monde pessimiste et le rythme propres à ce genre se marieraient bien avec la high fantasy. Et pourquoi ne pas essayer de les mélanger par moi-même ?
Actusf : Y a-t-il des auteurs qui vous ont plus spécialement influencés pour ce roman ? Vous parliez dans une interview sur votre site de George R.R. Martin et de Chandler. Quevous ont-ils apporté ?
Daniel Polansky : Comme je l'ai dit, beaucoup d'écrivains ont une eu large influence sur moi, mais si je devais vraiment choisir deux personnes ce serait Raymond Chandler et Dashiell Hammett. D'une certaine façon, Basse-Fosse est un vrai hommage à ces deux hommes, à leur monde peuplé de héros amers et de femmes fatales abîmées.
Actusf : Comment avez-vous travailler pour "construire" la ville et cette intrigue de polar ?
Daniel Polansky : Ça a été principalement un procédé organique, pour les deux. Je n'avais pas d'idée très précise les concernant quand j'ai commencé à écrire. Alors que j'avançais, j'ai finalement vu comment plusieurs choses se liaient naturellement entre elles, que ce soit du point de vue de l'intrigue ou du cadre.
Actusf : Prévot est personnage complexe. Il possède ses démons et en même temps il ne cesse d'agir et de se battre. Comment le décririez-vous ?
Daniel Polansky : Prévot est ma tentative de faire coïncider l'archétype du détective dur à cuire dans un univers dark fantasy. Il est ce que Phillip Marlowe aurait été si sa vie avait une succession ininterrompue d'histoires d'horreur. J'ai fait de mon mieux pour faire de lui un anti-héros légitime dans le sens où il n'est vraiment pas quelqu'un de bien... mais, avec un peu de chance, vous finissez quand même par vous attacher à lui.
Actusf : Pourquoi en avoir fait un hors-la-loi plutôt qu'un véritable inspecteur ?
Daniel Polansky : Beaucoup de raisons à ça. Le monde de Basse-Fosse n'est certainement pas assez avancé pour avoir des détectives privés, qui n'ont commencé à vraiment exister qu'au milieu du XIXe siècle (le premier était d'ailleurs un Français, le légendaire Eugène François Vidocq). Avoir Prévot en tant que privé aurait été une espèce d'anachronisme. Et puis, je voulais qu'il soit un peu plus mauvais, un peu plus méchant que le héros habituel de roman hard-boiled.
Actusf : Que pouvez vous nous dire de la suite ? Que va-t-il se passer ?
Daniel Polansky : Comment ? Vous voulez que je spoile tout pour vous dans l'interview ? Bon, pour faire court, tout le monde meure. Et pour développer un peu, les livres restants racontent l'effondrement croissant de Prévot et plus généralement de la ville de Rigus. Et puis... il y aura des duels à l'épée.
Actusf : Sur quoi travaillez vous, quels sont vos projets ?
Daniel Polansky : En ce moment, j'apporte la touche finale au deuxième livre de Basse-Fosse. C'est principalement ce à quoi je travaille ces derniers jours.