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Interview de AD ASTRA
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Interview de AD ASTRA

ActuSF : D'abord pourquoi avoir voulu monter une maison d'édition ?
Xavier : Pourquoi ? Cette question je me la pose encore, étant donné le contexte éditorial. Par folie sans doute. Et par amour du livre, que ce soit en tant que lecteur, libraire, éditeur, auteur, j’ai toujours voulu m’impliquer là-dedans, parce que c’est ce que j’aime. Dès mes premières lectures, dès mes premières pages noircies, j’ai su que je voulais explorer le monde des livres. Après, je suis plus ou moins autodidacte, j’aime bien apprendre à faire de nouvelles choses, auxquelles j’essaie d’appliquer ma passion. Ensuite, pour monter sa maison d’édition, il faut aimer les auteurs et avoir l’envie de se sacrifier en partie pour eux. J’avais envie de continuer à soutenir les auteurs, ce que je faisais déjà en tant que libraire. Ou que j’essayais de faire, parce que ce métier est de plus en plus difficile à exercer, surtout dans les grands groupes (je travaillais pour l’un d’entre-eux). Quand on sait que certains magasins préfèrent axer leur politique sur la vente de cartes de fidélités attrape-gogos plutôt que sur la vente des livres, on peut se poser des questions sur l’identité réelle et l’importance de son travail.
Ensuite, il s’agissait d’une envie partagée avec mon frère Mikaël de s’investir dans un projet commun, vu que nous nous entendons parfaitement bien. Nous n’avons pas le même genre de parcours, lui est plutôt un scientifique, mais nous avons une passion commune pour la lecture. Il adore la SF aussi, surtout le space-opera, et bien d’autres genres de livres encore. C’est un réel plaisir de travailler ensemble.
Mikaël : Pour ma part, ce projet est l’occasion de partager, en partie, l’univers de Xavier. Pour un non initié, le milieu de la création littéraire semble très éloigné. Ce projet commun me permet donc de me rapprocher un peu et de partager cette passion de la SF. Par ailleurs pour moi le challenge de la création d’entreprise est particulièrement intéressant et excitant comme tout processus de création quel qu’il soit. On forme donc une équipe complémentaire et soudée autour de ce projet que l’on veut axer autour de la mise en valeur des auteurs.

ActuSF : Quelle sera votre ligne éditoriale ?
Xavier : Nous avons deux tendances éditoriales. Dont une très claire : notre collection Ad-Ventures proposera des romans de Science-Fiction (pas de fantasy) et notamment des romans d’aventures. Nous privilégions le Space-Opera et le Planet-Opera. Nos références, dans ce domaine, vont de Philip José Farmer à Jack Vance, en passant par Neal Asher, Ken Mcleod, Julia Verlanger, Laurent Genefort. Nous cherchons à proposer des textes de divertissement d’où toute réflexion n’est bien évidemment pas exclue. Mais priorité divertissement pur. En Hors Collection, nous proposerons des livres un peu différents, dans des domaines aussi éclectiques que la nouvelle, le roman graphique noir et blanc, le livre de cuisine, ou le Sketchbook. Nous publierons d’ailleurs en fin d’année un sketchbook d’Eric Scala (qui jusqu’à présent n’avait curieusement aucun livre à présenter). Tous les projets ambitieux, tant qu’ils restent dans notre imaginaire de genre, sont les bienvenus, nous ne sommes pas sectaires. Nous avons aimé des auteurs comme Jeff VanderMeer, Sean Stewart, Alfred Boudry…nous sommes curieux et aimons les expérimentateurs et les audacieux. Nous aimons beaucoup le mélange des genres.

ActuSF : Quels sont vos objectifs ?
Xavier : La réponse la plus simple que je vois serait de dire : vendre un maximum de livres ! Même si nous n’avons pas un gros capital, nous restons une entreprise. Mais nous souhaitons évidemment que nos auteurs soient contents, que les lecteurs prennent du plaisir à lire les textes que nous proposerons, avec des livres de qualité (à la fois au niveau du contenu et du contenant). Evidemment, nous tâtonnons encore avec les outils, comme des bébés, mais nous espérons nous améliorer au fur et à mesure :-)
Mikaël : Comme le dit Xavier l’objectif est de vendre, mais surtout de monter progressivement une structure viable. L’objectif à court terme est de se faire connaître et reconnaître dans le milieu et de faire en sorte que chaque parution permette de financer la suivante.Nous souhaitons pérenniser cette folie d’abord d’un point de vue qualité pour fidéliser nos lecteurs et gagner la confiance des acteurs du secteur que sont les auteurs et les libraires. Si nous parvenons à réaliser cet objectif, alors peut-être que l’on pensera à mettre un peu de côté pour nos vieux jours !

ActuSF : Parle nous un peu des deux premiers projets. Peux-tu nous présenter Les Pilleurs d'âmes ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de l'éditer ?
Xavier : Les Pilleurs d’âmes est un roman que j’ai adoré, il m’a plu dès les premières pages. Je n’ai pas trop envie de déflorer l’intrigue, car on rentre dedans tout de suite, mais il met en scène un personnage mystérieux, Yoran Le Goff, dont on aimerait bien connaître la véritable identité. Il s’engage sur un navire flibustier, celui du célèbre Olonnais (un pirate historique célèbre, considéré comme l’un des plus sanguinaires ayant vécu), visiblement à la recherche de quelqu’un. Qui plus est, il est équipé d’un matériel qui visiblement n’est pas d’époque (le XVIIè siècle) ! Bref, tout cela est un joli prétexte à nous raconter sacs de villes, abordages, la vie des flibustiers, etc. On se croirait dans un roman de CS Forester, ou de Pierre McOrlan pour le côté maritime, dans un Genefort ou un Verlanger pour le côté SF. Il y a de la gouaille, de l’énergie, on ne s’ennuie jamais. Je ne peux pas dire grand chose de plus sinon qu’il s’agit d’un merveilleux roman qui sonne comme un appel aux voyages et à l’aventure.

ActuSF :
Évoquons l'anthologie Contes de villes et de fusées. Peux-tu nous la présenter ?
Xavier : L’idée remonte à il y a deux ou trois ans. Je me souviens, j’étais dans un bar rennais avec Eric Scala et quelques autres peintres locaux qui faisaient une démonstration en temps réel. Ce jour-là, j’ai eu longuement Lucie Chenu au téléphone et, de fil en aiguille, on a commencé à discuter de ce projet qu’elle cogitait. Elle avait le sujet, j’avais l’illustration parfaite pour le recueil ajouté à mon projet de maison d’édition. Il a fallu un  certain temps pour que tout se mette en place (la crise est passée par là, est toujours présente, mais, à un moment donné, si on veut se lancer, il faut prendre le taureau par les cornes et se jeter un alea jacta est) mais le résultat préexiste. Nous la sortirons fin août, au train ou vont les choses – dernières corrections. Contes de villes et de fusées nous emportera sur les rivages toujours aussi fascinants des contes de notre enfance, comme par exemple Le Petit Chaperon Rouge ou Hansel et Gretel. Mais les contes en questions ont été adaptés à la modernité, repensés, et réécrits à la sauce d’une quinzaine d’auteurs. On y trouve de la SF, de la fantasy, voire des textes pas loin de la litt.gen. L’inspiration a été assez éclectique et je suis vraiment comblé par le résultat final. La couverture, donc, est elle-aussi d’Eric Scala, mon ami et partenaire privilégié dans le domaine illustratif. J’adore son travail.

ActuSF : J'imagine que vous avez avec Lucie Chenu une première idée du sommaire. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
Xavier : Bien sûr, d’autant que le sommaire traîne ici et là. Tiens, le voici :
Il était une nouvelle fois (préface de Lucie Chenu)
Julien FOURET : « Une leçon de contes de fées »
Jean MILLEMANN : « La Fée des glaces »
Delphine IMBERT : « Une histoire de désir »
Pierre-Alexandre SICART : « La Griffe et l’Épine »
Antoine LENCOU : « ReCréation »
Pierre GÉVART : « Grain de sel et Bretelle »
Nicolas BALLY : « La Petite Capuche rouge »
Charlotte BOUSQUET : « Corner Girl »
Sylvie MILLER et Philippe WARD : « Le Pacha botté »
Jean-Michel CALVEZ : « Un temps de cochon ! »
Lionel DAVOUST : « Le Sang du large»
Sophie DABAT : « La Mort marraine »
Jess KAAN : « Pour Judith»
Mélanie FAZI : « Swan le bien nommé »
Estelle VALLS DE GOMIS : « Poches et Troncs »
Léonor LARA : « Sacrifices »

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