ActuSF : Parlons tout d'abord de Sky Doll. Ce mois-ci sort Sky Doll Lacrima Christi, avec plusieurs récits. Comment est né ce projet ?
Barbara Canepa : Il est né il y a trois ans. D’abord, d’une envie de collaborer avec des amis et des artistes qu’Alessandro et moi aimions et admirions beaucoup. Voir notre univers interprété par d’autres « cerveaux » était assurément une expérience à mener !
Par ailleurs, il y a avait quelques points en suspens sur la véritable histoire, à cause de notre rythme de parution ; effectivement, nous risquions de ne jamais arriver à faire évoluer certains personnages, ou certains événements, même antérieurs. Alors, sur ce prétexte, pourquoi ne pas greffer un collectif à ce projet ?
Enfin, j‘ajouterai une volonté d’expérimenter, à la fois sur les plans graphique ou artistique. Que ce soit Alexandre ou moi, malheureusement, nous sommes restés prisonniers d’un style « suranné » : aujourd’hui, Sky Doll a déjà 11 ans.
Nous, en revanche, nous avons évolué. Nous avons expérimenté beaucoup de choses cette année. Aujourd’hui, la série Sky Doll, au niveau des couleurs et des dessins, ressemble beaucoup plus aux projets collectifs que vous pouvez admirer. Et tout ceci s’inscrit dans une réflexion qui nous amène à retravailler le style de la série principale au niveau du tome 4… Vous observerez certainement des changements sur ce prochain livre. Nous voudrions recréer la même surprise qu’avaient eue les lecteurs en 2000.
Alessandro Barbucci : Rien à ajouter. Ces collectifs sont une vraie « drogue », nous avons déjà un tas d'idées pour les trois prochains ! Mais nous nous efforçons de les mettre de côté pour nous concentrer sur la série principale.
ActuSF : Comment avez-vous recruté les dessinateurs ?
B.C. : Sur le premier, c’étaient tous des amis. Donc, le choix était simple. Certains étaient issus de la BD, d’autres de l’animation. Et pour le second… aussi ! Ah ah ah ! Et personnellement, je suis fan de la majeure partie de ceux à qui je l’ai proposé.
Sur Lacrima Christi, l’éditeur et les artistes qui ont participé à cette aventure sont vraiment satisfaits de la version définitive du livre. Au niveau graphique et narratif, je le préfère même au premier tome.
A.B. : Nous cherchons à donner un sens à la sélection de façon à ce que les livres, bien qu'ils soient hétérogènes, restent cohérents, qu'il y ait un « esprit commun » entre toutes les histoires. Le premier, Spaceship, était plus « avant-gardiste » et empruntait beaucoup au Japon. Pour le second, Lacrima Christi, nous voulions une touche plus artistique, nous voulions voir les coups de pinceaux. Le thème du livre est très religieux, quasi morbide. Pour tout cela, nous souhaitions qu'au nout du compte, il en ressorte une impression de fresque.
ActuSF : Est-ce que c'est plaisant de confier ses personnages à d'autres dessinateurs ? Êtes-vous surpris de la manière dont ils voient les héros de Sky Doll ?
B.C. : Très. C’est une expérience qui élargit les perspectives et qui nous apprend à accepter d’autres concepts visuels. D’autres idées. C’est loin d’être évident, la première fois… parce que, depuis vingt ans, je suis habituée à travailler avec Alessandro et que j’ai un feeling particulier avec lui. C’était étrange de découvrir, alors que j’imaginais moi aussi les scènes, un résultat qui était complètement décalé. En fait, les planches définitives n’ont quasiment jamais été comme je les avais imaginées. J’ai donc appris à les considérer avec un nouveau regard, et surtout, à les accepter ! Ah, ah, ah ! C’est certainement une expérience intéressante, que je veux continuer à mener avec d’autres projets, même si je sais qu’il est difficile de travailler avec moi, étant donné que je suis très exigeante… Alors, plus encore, je suis aujourd’hui ravie de l’effort qu’ont fait tous ces auteurs, pour nous faire plaisir… Un cadeau. Comme de vrais amis. Je leur en serai toujours reconnaissante.
A.B. : Oui, ce n'est pas évident seulement scénariste. En tant qu'auteurs, nous avons la mauvaise habitude d'imaginer déjà le résultat définitif. Évidemment, l'interprétation de l'artiste invité est toujours personnelle et souvent éloignée de notre idée. Dans tous les cas, c'est toujours une jolie surprise. Seulement, lorsque nous nous rendons compte que le scénario a été mal compris, nous nous permettons de suggérer quelques modifications, afin que le lecteur puisse avoir la meilleure narration !
ActuSF : Y a-t-il une histoire qui vous a particulièrement interpellés dans ce collectif ?
B.C. : Toutes les trois en vérité ! Avec Khaled, je voulais imaginer une histoire qui contiendrait une prière en filigrane : le texte aurait raconté une chose et les images en auraient raconté une autre, absolument contradictoire avec ce qu’on pouvait lire…
Khaled a vraiment réalisé des pages incroyables.
L’histoire de Fernandez a été divertissante, parce que je voulais m’essayer à un récit « érotique » et fort. Dénoncer un certain genre de télévision, aujourd’hui à mon goût trop dilué un peu partout… Enrique est issu du monde de la jeunesse et de l’animation ! En définitive, même pour lui, cela a été une belle aventure que d’illustrer quelque chose de plus adulte. Nous avons beaucoup ri.
Enfin, l’histoire à quatre mains avec Alessandro : même si c’est lui qui a écrit la trame narrative, l’idée est de nous deux et gravite autour de la fable d’Alice au pays des merveilles, de L. Carroll. Nous avons expérimenté beaucoup de choses au niveau du graphisme et des couleurs, car en plus d’écrire, je suis aussi coloriste et designer…
Cela n’a pas été simple de l’écrire. Nous avons recommencé trois fois. Nous voulions une histoire érotique, pop et surréaliste… Et huit pages, c’est très peu pour suggérer cette empreinte-là. Finalement, c’est quand même l’histoire qui me plaît le plus. Alessandro est incontestablement un maître, un grand innovateur.
A.B. : Je tiens énormément à toutes les histoires que j'écris. Quand bien même il y a un tas de défauts dans ma façon d'écrire, l'engagement est toujours maximal pour qu'il y ait le plus d'émotion possible. Je dois avouer que l'histoire d'Enrique, écrite par Barbara, est une de celles que je préfère, pour son contraste fort entre drame et humour.
ActuSF : Comment vous voyez le positionnement de Sky Doll Lacrima Christi ? C'est un complément à la série principale ?
B.C. : Absolument pas. Il fait corps avec la série. Et il explique des événements déjà arrivés ainsi que certaines connexions entre les personnages principaux. Il faut avoir lu Sky Doll, pour rentrer dedans à 100%, c'est évident. Pris indépendamment, ils sont compréhensibles, mais le lecteur perdrait une bonne partie des références et de l'univers de Sky Doll, qui est un peu un univers à la Star Wars.
A.B. : En fait, il faut toutes se les offrir ! ;-)
ActuSF : Parlons un peu de la série principale. Est-ce que vous travaillez sur un quatrième tome ?
B.C. : Oui ! Enfin. Nous l'avons commencé. Il se déroulera sur une planète très particulière, Sudra, avec des empreintes iconographiques très orientales... Balinaises, je dirais.
Ce sera très coloré, étant donné que nous nous inspirerons de la religion hindouiste. Une planète vue comme un « cirque », où les habitants seraient des sortes de freak. Une idée que j'adore ! Les personnages feraient des rencontres inattendues et ce livre développerait encore plus le caractère de Noa et son histoire. Ce sera un livre sur elle en fait, étant donné que dans le troisième tome, elle a été un peu bousculée par les événements - événements que nous devions quand bien même relater par la force des choses...
A.B. : Là aussi, nous avons des tas d'idées et c'est difficile de toutes les intégrer ! Je sais d'avance que nous couperons des petites choses, ou que nous les reporterons dans le livre suivant. Les tomes 4 et 5 seront en fait liés et feront prendre à la série un tournant décisif. Tous les mystères remonteront à la surface !
ActuSF : Je voulais évoquer également Monster Allergy. Voilà une aventure étonnante avec un nombre d'albums incroyables. D'abord, comment parvenez-vous à tenir le rythme ? Et comment parvenez-vous à superviser tous ces albums et leurs intervenants ?
B.C. + A.B. : Monster Allergy est né de quatre auteurs : Alessandro Barbucci, Katja Centomo, Francesco Artibani et Barbara Canepa.
À partir de là, il y a eu un développement différent entre l'idée et le fait que cette série voie le jour. Le choix a été d'en faire une série mensuelle à la Witch, à vendre en kiosque. Une série, qualitativement « haute » et compétitive pour contrebalancer les mangas qui envahissent tous les rayonnages. Katja, une des auteures, a créé un studio exceptionnel, la Red Whale, qui recruterait des scénaristes, des dessinateurs et des coloristes pour permettre une production de 60 pages tous les deux/trois mois. Une espèce de grande agence qui vendrait les droits de Monster Allergy dans le monde entier. Un des premiers intéressés a été Walt Disney Company, pour dire... Alessandro et moi nous sommes occupés à tour de rôle de nos contingences, lui envers les dessinateurs, moi envers les coloristes. Après avoir réalisé le premier numéro en tant qu'auteurs, notre vrai travail a consisté à superviser les autres numéros. Je ne dis pas que cela a été facile, hein ! Mais nous en sommes sortis indemnes et satisfaits. L'idée est de travailler un an en amont pour avoir cinq ou six numéros d'avance, prêts à être diffusés en kiosque, de façon à avoir sous la main une équipe de 20 dessinateurs et coloristes qui travaillent simultanément sur plusieurs numéros.
Mais attention, Monster Allergy n'est pas un produit commercial. Depuis le début, nous avons cherché à faire en sorte qu'il puisse fonctionner comme une BD jeunesse en France et aussi comme un « comics » en kiosque. Et je crois que cela se voit. Les dessinateurs qui ont participé à ce projet sont renommés et bien connus dans l'univers de la BD. Monster Allergy a été vendu dans un tas de pays. La première série se termine en 30 livres. En France, vous en êtes au vingtième. Vous en avez encore pour deux ans avant de lire la fin. Nous, cela fait longtemps que nous l'avons fini ! Et, je vous le confie en avant-première, nous sommes déjà en train de réfléchir à l'idée d'une seconde série, plus « manga » et humoristique avec la Red Whale, et avec de grands éditeurs internationaux. Le dessin animé, en revanche, en est déjà à sa seconde saison diffusée et est sorti depuis peu sur les télévisions françaises. Aux États-Unis, c'est toujours Warner Bros qui détient les droits. En France, la production a été assurée par Futurikon. Dans de nombreux pays, il y a déjà du merchandising, des produits dérivés de la série qui sont trop mignons ! Et ceux apposés sur les pots de Nutella... un rêve !
ActuSF : Est-ce que vous vous êtes donné une limite pour le nombre d'albums ? Jusqu'où poursuivrez-vous l'aventure ?
B.C. : Pourquoi se donner une limite ?! Si la série est appréciée, nous pouvons la continuer à vie ! Et moi j'adore Zick et Bombo ! On peut imaginer des milliers d'aventures avec eux. L'univers de Monster Allergy est assez vaste pour prendre toutes les directions !
A.B. : La première série comprend 30 albums (les Éditions Soleil donneront ce mois-ci le nombre total de volumes). Je précise « la première » parce que nous sommes déjà en train d'imaginer la suite ; on n'arrête plus personne ! ;-)
ActuSF : Ce qui est intéressant, c'est que vous maintenez le rythme et l'intérêt de l'intrigue. Comment fonctionnez-vous pour maintenir cette sorte de suspense et de fraîcheur ?
B.C. : Nous travaillons avec des scénaristes qui comptent parmi les meilleurs que nous connaissions. Sans rire, Katja Centomo et Francesco Artibani sont franchement doués pour maintenir le suspense et créer de nouvelles aventures. Nous travaillons en totale confiance.
A.B. : Pour cela, il faut remercier Katja (Centomo) et Francesco (Artibani), les deux scénaristes. Leur créativité est exceptionnelle et leur sens de l'humour, vraiment délirant ! Ça a été très drôle, de visualiser leurs personnages, toujours plus absurdes au fil de l'histoire. En tant que dessinateur, j'ai cherché à me lâcher aussi et à surfer sur cette onde de folie. Nous ne nous sommes fixé ni limites, ni tabous, c'est pour cela que nous avons montré des « drag queen », pétomanes compulsifs, des puissants sorciers en pantoufles et de dangereuses machines en forme de cafetière italienne.
ActuSF : Quel regard portez-vous sur le dessin animé qu'M6 diffuse ? Est-ce qu'il correspond bien pour vous à l'esprit de l'album ?
B.C. : Oui et non. En ce qui concerne l'aspect purement graphique, ils ont dû le simplifier, par la force des choses... Mais on s'y habitue et je dois vous avouer que voir et entendre parler ses propres personnages fait toujours un drôle d'effet ! En ce qui concerne les histoires, ils ont respecté la trame principale, mais les épisodes se terminent de manière plus « autonome ». Et je crois que je préfère presque cette façon-là. Le public est légèrement plus jeune que celui de la série. Mais seulement d'un ou deux ans. J'adore les génériques, de début et de fin. On s'y attache en fait ! On ne pouvait attendre mieux d'une série « made in Europe ». Et en considérant le fait que nous avons donné carte blanche à la production, considérant que ni Alessandro ni moi n'avons eu le temps de nous en occuper, je crois qu'il s'agit là d'une série ambitieuse et respectueuse du projet mère.
Suivre une production telle que celle de Monster Allergy signifiait prendre le risque de ne la faire que pendant trois ans. Je suis davantage attachée aux livres et je préfère être auteure « papier ».
A.B. : Nous sommes très satisfaits de la série animée réalisée par les Italiens Rainbow et par les Français Futurikon. La qualité est extrêmement haute pour la moyenne des séries européennes. L'esprit des albums a été adapté à un public plus ciblé, mais il est de toute façon très respectueux de la série BD. Le premier épisode est quasiment calqué sur le tome 1 !
ActuSF : J'imagine que c'est un peu un rêve et un aboutissement, ce dessin animé, pour vous non ?
B.C. : Personnellement, non.... J'adore les dessins animés, mais je suis très exigeante. Peut-être trop. Et je suis une habituée du papier, pas de la vidéo. Disons que ce serait un rêve, que de voir adapté par le Studio 4C, par Miyazaki ou par les majors telles que Pixar, Dreamworks. Ça oui ! Malheureusement, les séries n'atteignent jamais cette esthétique que j'admire, hormis peut-être quelques séries japonaises, ou géniales comme les Simpsons et Futurama de Matt Groening. Bref, cela a quand même été super sympa de voir un Zick ou un Bombo bouger et parler. C'est ça le vrai choc : la voix ! On n'imagine jamais le genre de voix que pourraient avoir ses personnages... Pour ceux qui ne le savent pas, Monster Allergy n'est pas le premier à avoir été adapté à l'écran. Il y a quelques années, il y avait eu Witch. Mais j'ai préféré Monster Allergy, nul doute.
A.B. : Théoriquement, oui, voir ses propres personnages adaptés pour une animation est un peu le rêve de tous les auteurs de BD jeunesse. Pourtant, le processus pour y parvenir est tellement long et compliqué que, lorsque finalement cela arrive, on est déjà « blasé », hé hé... En revanche, je ne conçois jamais la BD par rapport à une éventuelle future animation. La BD est un genre stupéfiant et complet, il se suffit à lui-même. Peut-être est-ce pour cela que les quelques adaptations que j'ai vécues (Witch, Monster Allergy) ne m'ont pas émues plus que cela.
ActuSF : Une petite question sur l'Italie. Comment se porte le marché de la BD en Italie ?
B.C. : Je ne le sais plus... Je suis loin de mon pays depuis maintenant plus de cinq ans... Et honnêtement, je suis ravie de ne pas en savoir plus. Le marché de la BD en Italie m'angoisse. Même en parler m'angoisse... Je crois qu'il faudrait uniquement s'en entretenir avec les grands éditeurs, ceux des romans et avec ceux qui publient de la BD. Je parle en tant qu'auteure et de la part des auteurs. En Italie, les points de vente de BD n'existent pas. On ne trouve pas de BD dans les librairies, on les achète en kiosques avec un débit hebdomadaire ou mensuel. Les auteurs sont une sorte de « marchandise d'échange ». Tu n'es personne en Italie si tu fais de la BD. On ne considère pas que c'est un travail. Et dire que nous avons eu des auteurs extraordinaires comme Hugo Pratt, Mattotti, Manara, Mattioli, Toppi, Cavandoli, Silver (pas connu chez vous, mais l'équivalent d'Uderzo chez nous), Serpieri et tant d'autres... Aujourd'hui, même si tu gagnes un prix international tel que celui d'Angoulême, en Italie personne ne te considère pour autant. La preuve avec Gipi ou Marco Corona. C'est un long discours et je pourrais vous en écrire des tartines sur le sujet... Je préfère ne pas en parler, ça me déprime... J'adore la bande dessinée, attention, mais comme aux USA : sur les grands quotidiens, et basta.
A.B. : En réalité, je dois contredire Barbara sur un point : Gipi est en ce moment considéré en Italie comme une sorte de messie de la BD !
Bref, moi non plus je n'en sais pas vraiment plus... L'Italie a connu pendant des années un marché éditorial florissant, avec des BD mensuelles qui se vendaient à hauteur de 500 mille exemplaires par mois (Witch est arrivé jusqu'à 300 mille !). Maintenant que ce marché est en forte crise, les éditeurs se sont jetés sur les « graphic novel ». Un peu comme partout ailleurs finalement...
ActuSF : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
B.C. : Mes projets en tant qu'auteure sont nombreux, mais davantage encore en tant que directrice de collection et responsable d'un label international. Je vais essayer de procéder dans l'ordre. Actuellement, je suis déjà en train de travailler au quatrième tome de Sky Doll (eh oui, finalement !) avec Alessandro Barbucci et aux deux spin off de la série Space Ship Compilation. Dans le même temps, je travaille sur ma série End. Une BD très différente de Sky Doll, plus proche de mon esprit noir, intimiste. C'est un projet qui est né il y a une dizaine d'années, et la co-auteure est une artiste incroyable : Anna Merli. C'est un livre auquel je tiens beaucoup. Le thème de cette BD est la mort et évidemment, ce n'est pas simple d'en parler... Le titre sera «Elisabeth » et la sortie est prévue pour cet automne dans la Collection Métamorphose que je dirige avec Clotilde Vu aux Éditions Soleil. Enfin, je suis en train d'écrire une adaptation d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll qui s'intitulera « Dreamland ». Au dessin et à la couleur, on retrouvera l'exceptionnel Valp.
La petite nouveauté, c'est bien sûr mon aventure en tant qu'éditrice et directrice sur la Collection Métamorphose. Une collection particulière, qui a vu le jour le 26 décembre avec Billy Brouillard, de Guillaume Bianco. Nous sommes heureux de voir de quelle manière la critique a accueilli ce livre. Même chose côté public. Jusqu'à aujourd'hui, nous avons reçu des avis très encourageants, issus de personnes qui ne sont pas forcément les lecteurs habituels des Éditions Soleil. En à peine une semaine, l'album est déjà en réimpression. C'est un immense succès pour un livre à 80% en noir et blanc, de 144 pages et au prix de 22 euros. La Collection Métamorphose parle de la vie, du devenir, mais aussi de la mort. Mais ce n'est pas une collection qui se contente de parler de monstres ou de fantômes... Elle propose des clefs philosophiques et métaphysiques. Qui sommes-nous ? Quelles sont nos peurs ancestrales ? Que dissimule notre for intérieur ? Les livres de cette collection proposent une réflexion, un rêve - et même s'il est parfois effrayant, il n'en demeure pas moins fascinant.
Les thématiques sont essentiellement philosophiques, poétiques, fantastiques, et la narration s'inspire principalement du style fin de siècle, victorien, gothique... La collection s'adresse à tous ceux qui aiment rêver. À tous ceux qui aiment les histoires racontées par leur grand-mère avant de s'endormir... Elle propose des projets oscillant entre le livre jeunesse et le roman graphique, aujourd'hui lus par un public large et adulte. Ce sont des livres de narration fantastique comme Nightmare before Christmas (T. Burton) au cinéma, ou Harry Potter (J.K. Rowling) en littérature. Mais certaines histoires rappelleront également l'écriture narrative de I. Allende, ou d'E. Allan Poe...
En ce qui concerne Venusdea : ce sera un label qui verra le jour en 2009, ce sera une véritable petite maison d'édition, indépendante des Éditions Soleil. Je la dirigerai seule. Ce sera un label international, qui produira des livres-objets, avec des gadgets. Les artistes qui y seront rattachés seront en majorité des artistes internationaux, issus d'horizons artistiques variés : photographie, design, peinture, sculpture,... Un label pop, surréaliste et romantique, comme j'aime à le définir... Il y aura des artistes incroyables tels que Junko Mizuno, Nicoletta Ceccoli, Mijn Schatje ou Natalie Shau... Mais aussi beaucoup d'artistes qui débutent, et qui, je l'espère, deviendront les locomotives de demain. Pour ceux que cela intéresse, de petites avant-premières sont disponibles sur mon blog : http://canepabarbara.blogspot.com/
A.B. : Hormis Sky Doll 4, je suis en train de retourner aux origines, pour ainsi dire. J'ai commencé très jeune à faire de la BD, et je privilégiais la BD humoristique, destinée à un public jeune. A présent, je suis en train de concevoir une nouvelle série, humoristique et épique, au sein de laquelle je signe les textes et les dessins. Je m'amuse comme un fou ! Elle sortira en 2009. Dans le même temps, je m'amuse dans l'univers de l'animation : j'ai créé et suis en train de développer un dessin animé. C'est un projet très ambitieux, inspiré du monde de la musique. On pourrait le définir comme étant un mélodrame electro-pop ! Je travaille aussi au graphisme d'une autre série d'animation complètement différente, très « aventureuse ». Côté bd, je suis aussi en train de réalizer le character design pour un autre série très ambitieuse… malheureusement tous ce projets sont encore « top secret » donc je ne peux pas donner des details. Ajoutez à cela les couches (je suis papa depuis tout juste deux mois !) : ça me fait un beau paquet de travail.
ActuSF : Et plus loin, quels sont vos envies à vous ?
B.C. : En ce moment ? Vous allez rire... m'occuper de mon chez-moi ! Peindre les murs dans une autre couleur (j'adore les gris naturels), attacher mes cadres, m'occuper de mes collections, écouter de la musique classique très fort, passer plus de temps avec ma famille et mon compagnon. En somme, des envies très simple, comme lire, chose que je n'arrive pas à faire aussi facilement, parce que j'ai un rythme de vie un peu agité, et que je suis toujours en voyage... Surtout, prendre les choses de manière plus « zen » est un de mes prochains objectifs. La vie est bien trop courte pour se stresser en permanence, non ?
A.B. : Survivre à ce qui a été développé ci-dessus sera déjà un bel objectif. Pour la suite, nous avons tous deux et comme beaucoup d'auteurs, des ambitions littéraires ;-). J'ai déjà quelques romans dans mes tiroirs que je souhaite voir publier pour mes 40 ans. On verra bien ce qu'il adviendra ! Par ailleurs, les propositions cinématographiques autour de Sky Doll se multiplient ; ainsi, une incursion sur le grand écran n'est pas exclue, tôt ou tard. Nous verrons, nous verrons...