Bernard Simonay : Aucune nostalgie. Lorsque j’ai commencé la série de Phénix, elle devait comporter d’autres ouvrages utilisant le même univers. L’histoire de Lakor était prête depuis une vingtaine d’années déjà. Mais j’ai fait d’autres choix d’écriture.
Il y aura encore un autre roman, qui se situera encore avant, et qui apportera des explications sur ce que j’ai appelé le «Jour du Soleil». Il donnera aussi la solution à l’énigme posée par Le tombeau de Lauryanne, dont on trouve également la trace dans La Malédiction de la Licorne à travers la présence des « filles au sang bleu». Tout est lié. Je dirai même que La Porte de Bronze fait aussi partie du cycle de Phénix. Les lecteurs curieux trouveront l’explication en lisant attentivement la chronologie que l’on trouve à la fin de La Vallée des Neuf Cités.
Actusf : Lakor, dieu de la cité de Gwondaleya à l'époque du cycle Phénix est également Hegon d’Eddnyrà, le héros de ce nouveau roman.
Comment est venue l'idée de traiter la réalité d'un mythe ?
Bernard Simonay : A l’origine de tout mythe et de toute légende, il y a bien souvent une réalité historique, qui a été déformée par le temps et la transmission orale, voire écrite, puisque chaque transcripteur va apporter sa touche personnelle. Il en est ainsi, par exemple, pour la légende du roi Arthur. A l’origine, le Graal n’y figurait pas.
Avec Hegon, je me suis tout simplement amusé à démonter le phénomène par lequel un homme peut être divinisé au fil du temps. L’histoire du Christ est édifiante à ce titre. (Mais je ne veux pas choquer les croyants.)
Actusf : On peut voir que les croyances des héros de votre livre sont très inspirés de la mythologie nordique. Une passion pour ces histoires ?
Bernard Simonay : Exactement. Je suis passionné par toutes les mythologies, et la civilisation viking est très intéressante. De plus, je ne voulais pas retomber dans un autre univers trop simple de chevalerie qui rappellerait trop Phénix. J’ai donc axé le monde de La Vallée des Neuf Cités sur l’atmosphère scandinave. De plus, la présence de descendants de vikings dans la vallée du Danube était plausible si l’on admet que l’avancée de la banquise les a poussés à se diriger vers le sud. Voir les annexes du roman.
Actusf : Votre roman fourmille de détails sur ses habitants, leurs coutumes, leurs cultes, leurs structures sociales, religieuses et culturelles...
Bernard Simonay : Comme je l’ai dit, j’ai mis en annexe les documents qui m’ont servi de base au roman. Je me suis inspiré de la civilisation et de la cosmogonie scandinave. Le temps que ça m’a pris ? Je l’ignore, et cela n’a aucune importance. Je me suis simplement amusé à imaginer ce que pourrait devenir une civilisation issue des vikings. C’est pourquoi les noms ne sont pas toujours faciles à lire. Il me fallait donner une homogénéité à l’ensemble. Par exemple, j’ai souvent rajouté des accents sur les « a ».

Actusf : Vous ne vous considérez pas comme un auteur de SF... Pourtant vous avez écrit plusieurs livres (cycle Phénix, cycle des Enfants de l'Atlantide, La Porte de Bronze) que l'on peut qualifier de «fantastiques»...
Bernard Simonay : Leur aspect fantastique ne me sert que de décor pour, par le biais de paraboles, parler de notre monde actuel.
Actusf : On peut remarquer que les dérives religieuses et l'écologie sont des thèmes récurrents dans votre oeuvre. Une envie de dénoncer certaines choses ?
Bernard Simonay : Bien sûr. Entre l’extermination des Cathares, le massacre des prétendues sorcières, la déportation de millions de Noirs africains qui n’étaient pas censés avoir une âme, les credos stupides des Créationnistes américains du XXIème siècle et les actions criminelles imbéciles des intégristes islamiques, il y a de quoi se poser de multiples questions sur les religions. Et la liste n’est pas exhaustive.
Quant à l’écologie, il y a aussi beaucoup à dire. Encore que le réchauffement de la planète soit un sujet pour lequel je réserve mon appréciation, compte tenu du scepticisme de certains experts. Mais il existe beaucoup d’autres problèmes comme celui de l’eau potable ou encore la déforestation massive, où l’action de l’Homme est directement en cause.
Cela dit, je n’ai pas la prétention de faire bouger les choses. Tant que le monde sera aux mains de financiers cupides et irresponsables, on continuera de faire des conneries. Alors…
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?`
Bernard Simonay : Je viens de terminer un roman policier qui se déroule en Ecosse dans les années 50. Ensuite, je verrai. Il y a plusieurs projets en route.
Actusf : De combien de temps avez-vous besoin pour ciseler une nouvelle histoire ?
Bernard Simonay : Comme je n’ai pas d’autre activité que l’écriture, en moyenne six mois.




