Actusf : Comment est né le projet Délire d'Orphée ? Avais-tu l'idée avant qu'on te propose Van Helsing ou au contraire est elle venue après celle de faire un roman pour cette collection ?
Catherine Dufour : Avant. En écoutant Emily Loizeau chanter : "Une voix m'appelle puis se perd, c'est ta voix à l'autre bout du monde. Ta voix qui me dit : Mon trésor, tout ce temps je n'étais pas mort." J'ai trouvé cette idée de deuil inutile absolument monstrueuse.
Actusf : Qu'est-ce qui te séduisait dans le Club Van Helsing ?
Catherine Dufour : Xavier Mauméjean, bien sûr.
Actusf : Pourquoi avoir choisi Orphée et Morphée ? Qu'est-ce qui t'intéressait dans ces mythes ?
Catherine Dufour : Leur caractère aimable. Orphée et Morphée sont deux figures positives de la mythologie gréco-romaine, qui pour l'essentiel est composée de guerriers bas du front et de dieux qui ont autant de moralité qu'un vendeur de sex-enlarger. Sous les murs de Troie, un combattant achève son ennemi, lui broie le crâne entre ses dents et lui bouffe le cerveau. Hercule part pour ses douze travaux parce qu'il a, sous l'effet d'un coup de lune, tué sa femme et ses enfants. Tantale assassine son fils et le prépare en civet. Apollon écorche Marsyas parce qu'il est meilleur que lui à la flûte. Au milieu de tous ces fous furieux, le chant consolateur d'Orphée et les illusions compassionnelles de Morphée sont des perles rares.
Actusf : Quelles libertés as-tu prises avec eux ?
Catherine Dufour : Orphée n'a pas à se plaindre, je ne parle que de sa lyre. D'ailleurs ce n'est pas sa lyre mais celle d'Apollon, dieu vindicatif. Morphée, par contre, est franchement calomnié. Mais en fait, il ne s'agit pas non plus de lui, puisque le pauvre type est mort foudroyé par Zeus il y a 4000 ans. Il s'agit de Mormo, compagne d'Hécate assimilée aux vampires et au père fouettard.
Actusf : J'imagine qu'il y a eu un gros effort de documentation non ?
Catherine Dufour : Je m'y connais en mythologie, en bateau à voile et en Londres. Restait à lire Melville, découvrir les secrets de la chasse à la baleine à travers les âges et, dans une moindre mesure, ceux des salafistes et de la mode masculine londonienne.
Actusf : Parle-nous un peu de ton personnage principal, ce breton rude et solitaire. Comment le vois-tu ?
Catherine Dufour : Il est grand, il est maigre, il est vieux, sévèrement buriné, le regard clair, les bouclettes grises et l'air franchement paumé. Entre nous, pour ses 188 ans, il se porte bien. Et il est new yorkais.
Actusf : Il suit une ligne de conduite très stricte avec des règles (tu peux nous faire la liste ?). Tu t'es plongée dans l'univers des marins pour faire ce livre ?
Catherine Dufour : J'ai plongé avec Moby Dick (et Mocha Dick, son double réel). Les différentes phases de la chasse à la baleine sont : le guet, le jet ("Elle souffle !"), la poursuite, le lancer du harpon, la course, le coup de grâce, le dépecage, le conditionnement de l'huile et la cuite finale. Ou bien le guet, le jet, la poursuite, le lancer du harpon, la course, le dessalage, la noyade et la nourriture aux crabes.
Actusf : On pense évidemment à Moby Dick même s'il ne s'agit pas de la même chasse...
Catherine Dufour : Senoufo, c'est Melville. Tu peux vérifier ! Né le 1 er août 1819 au n° 6 de Pearl Street, Manhattan, employé à la New York State Bank. A 15 ans, travaille dans une ferme à Pittsfield, Massachusetts. S'inscrit ensuite au lycée classique d'Albany, puis s'engage comme mousse à bord d'un navire marchand en partance pour Liverpool. Se rend à Nantucket où il signe son inscription sur le rôle d'un trois-mâts baleinier de 350 tonnes, et embarque à New Bedford. Après le moratoire sur la chasse à la baleine, s'établit aux Açores, où il continue la chasse sur un mode artisanal. Les années 1980 ayant vu la fin de la chasse au cachalot des Açores, affrète un vieux gréement et part vers l'ouest. Ou alors, il s'appelle Ismaël... (C'est le nom du héros de Moby Dick.) Alors dire que j'y ai pensé, c'est peu dire.
Actusf : Tu t'approches de près du personnage de Van Helsing et le dotant même d'une histoire d'amour. Y'avait-il des consignes de la part de Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau sur le personnage ?
Catherine Dufour : Il y a une bible CVH, où figurait Senoufo Amchis comme chasseur potentiel et Van Helsing comme grand patron. Pour le reste, j'ai eu une totale liberté de ton ainsi que le droit de parler de Van Helsing tant que je n'en faisais pas un portrait trop précis (qui aurait pu encombrer les auteurs suivants).
Actusf : Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Catherine Dufour : Sur un bouquin de SF plein de gros mots qui réjouit mon coeur et use mon cerveau. Sortie possible dans, hm, deux ans ? Si un éditeur en veut.
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.
Catherine Dufour : Avant. En écoutant Emily Loizeau chanter : "Une voix m'appelle puis se perd, c'est ta voix à l'autre bout du monde. Ta voix qui me dit : Mon trésor, tout ce temps je n'étais pas mort." J'ai trouvé cette idée de deuil inutile absolument monstrueuse.
Actusf : Qu'est-ce qui te séduisait dans le Club Van Helsing ?
Catherine Dufour : Xavier Mauméjean, bien sûr.
Actusf : Pourquoi avoir choisi Orphée et Morphée ? Qu'est-ce qui t'intéressait dans ces mythes ?
Catherine Dufour : Leur caractère aimable. Orphée et Morphée sont deux figures positives de la mythologie gréco-romaine, qui pour l'essentiel est composée de guerriers bas du front et de dieux qui ont autant de moralité qu'un vendeur de sex-enlarger. Sous les murs de Troie, un combattant achève son ennemi, lui broie le crâne entre ses dents et lui bouffe le cerveau. Hercule part pour ses douze travaux parce qu'il a, sous l'effet d'un coup de lune, tué sa femme et ses enfants. Tantale assassine son fils et le prépare en civet. Apollon écorche Marsyas parce qu'il est meilleur que lui à la flûte. Au milieu de tous ces fous furieux, le chant consolateur d'Orphée et les illusions compassionnelles de Morphée sont des perles rares.
Actusf : Quelles libertés as-tu prises avec eux ?
Catherine Dufour : Orphée n'a pas à se plaindre, je ne parle que de sa lyre. D'ailleurs ce n'est pas sa lyre mais celle d'Apollon, dieu vindicatif. Morphée, par contre, est franchement calomnié. Mais en fait, il ne s'agit pas non plus de lui, puisque le pauvre type est mort foudroyé par Zeus il y a 4000 ans. Il s'agit de Mormo, compagne d'Hécate assimilée aux vampires et au père fouettard.
Actusf : J'imagine qu'il y a eu un gros effort de documentation non ?
Catherine Dufour : Je m'y connais en mythologie, en bateau à voile et en Londres. Restait à lire Melville, découvrir les secrets de la chasse à la baleine à travers les âges et, dans une moindre mesure, ceux des salafistes et de la mode masculine londonienne.
Actusf : Parle-nous un peu de ton personnage principal, ce breton rude et solitaire. Comment le vois-tu ?
Catherine Dufour : Il est grand, il est maigre, il est vieux, sévèrement buriné, le regard clair, les bouclettes grises et l'air franchement paumé. Entre nous, pour ses 188 ans, il se porte bien. Et il est new yorkais.
Actusf : Il suit une ligne de conduite très stricte avec des règles (tu peux nous faire la liste ?). Tu t'es plongée dans l'univers des marins pour faire ce livre ?
Catherine Dufour : J'ai plongé avec Moby Dick (et Mocha Dick, son double réel). Les différentes phases de la chasse à la baleine sont : le guet, le jet ("Elle souffle !"), la poursuite, le lancer du harpon, la course, le coup de grâce, le dépecage, le conditionnement de l'huile et la cuite finale. Ou bien le guet, le jet, la poursuite, le lancer du harpon, la course, le dessalage, la noyade et la nourriture aux crabes.
Actusf : On pense évidemment à Moby Dick même s'il ne s'agit pas de la même chasse...
Catherine Dufour : Senoufo, c'est Melville. Tu peux vérifier ! Né le 1 er août 1819 au n° 6 de Pearl Street, Manhattan, employé à la New York State Bank. A 15 ans, travaille dans une ferme à Pittsfield, Massachusetts. S'inscrit ensuite au lycée classique d'Albany, puis s'engage comme mousse à bord d'un navire marchand en partance pour Liverpool. Se rend à Nantucket où il signe son inscription sur le rôle d'un trois-mâts baleinier de 350 tonnes, et embarque à New Bedford. Après le moratoire sur la chasse à la baleine, s'établit aux Açores, où il continue la chasse sur un mode artisanal. Les années 1980 ayant vu la fin de la chasse au cachalot des Açores, affrète un vieux gréement et part vers l'ouest. Ou alors, il s'appelle Ismaël... (C'est le nom du héros de Moby Dick.) Alors dire que j'y ai pensé, c'est peu dire.
Actusf : Tu t'approches de près du personnage de Van Helsing et le dotant même d'une histoire d'amour. Y'avait-il des consignes de la part de Xavier Mauméjean et Guillaume Lebeau sur le personnage ?
Catherine Dufour : Il y a une bible CVH, où figurait Senoufo Amchis comme chasseur potentiel et Van Helsing comme grand patron. Pour le reste, j'ai eu une totale liberté de ton ainsi que le droit de parler de Van Helsing tant que je n'en faisais pas un portrait trop précis (qui aurait pu encombrer les auteurs suivants).
Actusf : Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Catherine Dufour : Sur un bouquin de SF plein de gros mots qui réjouit mon coeur et use mon cerveau. Sortie possible dans, hm, deux ans ? Si un éditeur en veut.
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.