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Interview de Christophe Van De Ponseele
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Interview de Christophe Van De Ponseele

Actusf : Avant d'attaquer ce bilan, rappelles-nous les raisons qui vous ont poussé à passer en kiosque il y a un an ?
Christophe Van De Ponseele : Il y en avait trois. La première était que nous étions arrivé à un croisement de chemins. Soit on faisait évoluer le mag, soit on continuait la formule d’alors, fort limitée dans ses moyens. La deuxième était la rencontre avec Spootnik Studio, jeune entreprise créative qui cherchait à développer des publications. La troisième, c’était de se dire qu’il n’y avait pas de publication en kiosques pouvant amener un maximum de personnes à s’intéresser aux arts de l’Imaginaire. L’objectif d’une telle publication doit être fédérateur, une sorte de présentoir pour tous les acteurs de l’Imaginaire.

Actusf : Un an après le passage en kiosque, quel bilan tires-tu ? Enthousiaste ou déçu ?
Christophe Van De Ponseele : Les deux. Enthousiaste car on a pas mal bossé pour le lancement, on a reçu plein de courriers très sympathiques et on est arrivé aujourd’hui à passer de 64 pages noir et blanc et 36 pages couleurs à 100 pages couleurs. Ce qui représente un gros effort vu le coût.
Déçu car on s’attendait à recevoir plus de soutien de la part des éditeurs. On avait imaginé que les annonceurs se bousculeraient ou que de nombreuses portes s’ouvriraient pour nous faciliter la tâche. Ils furent, très, très peu à tendre la main au tout début... Bref, la réalité a vite fait place au rêve et on s’est rendu compte que ça marchait pas comme ça. Qu’il fallait du temps pour gagner leur confiance malgré nos 6 années d’existence en tant que fanzine. Maintenant, ça commence à s’éclaircir franchement de ce côté-là et on respire !
Mais la plus grosse déception vient des rouages impitoyables de la distribution. C’est un étau terrible et probablement le plus gros danger pour le mag... Car de nos jours, ce n’est plus l’éditeur qui décide de ses produits mais bien le distributeur.

Actusf : Khimaira a-t-il trouvé sa place en kiosque ? Dans quel catégorie peut-on désormais le trouver ?
Christophe Van De Ponseele : Pas encore totalement. Il y a toujours ce manque de concurrence qui fait que le magazine se promène du côté des mags de ciné, jeux de rôles ou BD... Mais bon, les lecteurs habitués le trouvent beaucoup plus facilement maintenant, oui. J’encourage tous les autres à le demander partout pour accroître sa visibilité et convaincre par là le distributeur qu’un magazine sur l’Imaginaire, c’est génial ! Je pense que les gens qui ne trouvent pas le mag pensent le plus souvent que c’est notre faute. Certains mails reçus tendent à confirmer mes soupçons. Alors qu’encore une fois, ce n’est pas nous qui tenons cette carte en mains. Un distributeur n’est intéressé que s’il voit qu’il y a une demande croissante et cette demande, il n’y a que les amateurs d’Imaginaire qui peuvent le faire.
Moi qui rêvait depuis toujours de magazine sur l'Imaginaire en kiosque, j’ai toujours acheté très régulièrement les titres présents. Si leur qualité n’était pas terible, je le faisais en me disant qu’elle s’améliorera avec le nombre de lecteurs croissant. Si la qualité était au rendez-vous je le faisais aussi bien entendu. SF Mag, Ekklipse, Pavillon Rouge, MadMovies, L’Ecran Fantasique, Kog, Golem, Casus belli... Autant de titres achetés le plus souvent possible. Je reste convaincu que des magazines en kiosque, c’est important pour amener le public aux arts de l’Imaginaire. Certes, aujourd’hui les sites ont gagné en importance mais le principe de lecture sur le net induit moins de visibilité pour une oeuvre que dans un magazine. Sur le net, il faut des actus quotidiennes et les gens se branchent 30 secondes en moyenne. Bref, faut du court, du rapide, de l’info... Un mag peut se permettre de prendre plus de temps et le lecteur d’un mag prend d’ailleurs plus de temps à lire, s’informer. Ce support reste, pour moi, l’idéal pour découvrir des sujets, se plonger dans sa passion.

Actusf : En terme de vente, j'imagine qu'elles ont progressé par rapport à avant ce passage. Où en êtes-vous ? Et quels vos objectifs ?
Christophe Van De Ponseele : Effectivement par rapport au temps du fanzine, elles ont triplé. Mais elles sont encore insuffisantes par rapport à nos prévisions. On dépasse les 3.000 ventes à parution mais ce serait vraiment super de doubler ce chiffre au final. Là le mag roulerait à plein régime. Ce qui signifie aussi un tirage d’au moins 20.000 exemplaires mais pour cela, il faut l’accord du distributeur. Comme je l’ai dit plus haut, c’est lui le grand décideur, le dieu qui tient notre destin entre ses mains...

Actusf : Votre lectorat s'est sans doute élargit, mais a-t-il évolué ? Et avez-vous plus de retour de la part des lecteurs ? On vous écrit plus ? :-) Avez-vous plus de pression ?
Christophe Van De Ponseele : Oui, le lectorat s’est élargi. Nous touchons de plus en plus de gens intéressés mais qui sans le mag n’auraient jamais connu telle ou telle oeuvre. Et quand on reçoit des courriers de remerciement pour nous dire qu’ils ont découvert un auteur, une maison d’édition, un illustrateur grâce à Khimaira, et bien ça, ça réchauffe vraiment le coeur. Il y a plus de râleurs aussi, c’est normal. Et même si on ne répond pas à tout le monde vu le temps disponible, on tient compte de tous les avis et on planifie les améliorations possibles. D’ailleurs, il suffit de regarder l’évolution sur 7 numéros et ça c’est grâce aux remarques de nos lecteurs. Le tout est d’être patient, Khimaira progresse mais tous les changements ne peuvent pas se faire immédiatement. Ça demande réflexion, planification, etc.

Actusf : Avez-vous dû adapter le contenu rédactionnel par rapport à ce passage, l'ajuster peut-être ?
Christophe Van De Ponseele : La seule consigne suivie a été celle de proposer plus de titres accrocheurs, de se tourner vers plus de “stars” de l’Imaginaire. Ceci afin d’accrocher le public en kiosque. Ce n’était pas nous faire violence car notre objectif a toujours été de faire découvrir des choses aux lecteurs et ceci le permet pleinement. Il y a et il y aura toujours des sujets que vous ne connaissez pas dans Khimaira. Chacune de nos équipes rédactionnelles est spécialisée dans un domaine et peut proposer à la fois des choses très connues et d’autres beaucoup moins. Cette envie de faire découvrir des choses est là depuis le début de Khimaira, il y a 8 ans et elle restera toujours.

Actusf : Vous venez de passer à des numéros 100% couleurs. Faut-il s'attendre à d'autres évolutions dans les mois qui viennent ?
Christophe Van De Ponseele : Ahah... Oui, il y en a plusieurs de prévues. Mais il est trop tôt pour en dire plus. De toute façon, ce sera toujours des améliorations positives pour le lecteur.

Actusf : Et quels sont tes envies et vos objectifs pour Khimaira pour le moyen et le long terme ?
Christophe Van De Ponseele : Je crois que mes propres envies de départ, lors de la création du titre, sont aujourd’hui atteintes voire dépassées. Un magazine de 100 pages, tout en couleurs, distribué en kiosque, c’était vraiment le rêve du tout début, lorsque, étudiant, j’agrafais mes premiers fanzines. Pour moi, cet objectif là est atteint. Pour le magazine, je ne peux que lui souhaiter longue vie et surtout qu’il soit une jolie vitrine pour les arts de l’Imaginaire, qu’il fasse connaître et apprécier un maximum d’auteurs, d’illustrateurs, de scénaristes et tous ces acteurs de notre petit monde. Qu’il contribue à faire admettre et développer l’Imaginaire dans la vie de chacun. Car sans le rêve, il n’y aurait rien de possible...

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