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Interview de Claire Bouilhac
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Interview de Claire Bouilhac



ActuSF : Être une femme chez Fluide, le piège, le pied, le pouvoir, un pote avec la poitrine en plus ?
Claire Bouilhac : En tout cas, être une femme et faire de la BD, ça reste atypique pour les journalistes, dirait-on ! On me parle plus de ça que de mon travail. Il y a apparemment des boulots " réservés ". Quand on me voit sur les festivals de BD, on me prend parfois pour une attachée de presse . C’est un peu désespérant. Par contre chez Fluide, c’est plutôt agréable, tout le monde est charmant. De toute façon, j’ai très mauvais caractère, alors ils n’ont pas le choix, ah ah !

ActuSF : Est-ce normal d’être une fille et de dessiner Melody Bondage ?
Claire Bouilhac : Non, maintenant que vous le dites, c’est tout à fait anormal. Misère, qu’est-ce que je vais faire ?? Je ne peux pas continuer cette série !

ActuSF : D’ailleurs est-ce normal d’être une fille et d’aimer Melody Bondage ?
Claire Bouilhac : Bien sûr ! Avec Melody, on a enfin dans la BD, un personnage féminin auquel les filles peuvent s’identifier. Les héroïnes du genre de Sœur Marie-Thérèse, Carmen Cru, ou la Castafiore, avouons que c’est difficile. Et souvent, les héroïnes plus girondes, mais imaginées par des hommes, reflètent avant tout des fantasmes masculins, tant au physique qu’au caractère. Melody est fille, pas seulement image de fille, et j’aime à croire que c’est grâce à mon intervention. Et tiens paf ça y est, moi aussi, j’entre dans ce débat débile : être une femme dans la BD, faire du "dessin de femme", et patati… Pff !

ActuSF : Melody Bondage, parodie des récits d’espionnage, heureux mélange de James Bond et d’Emma Peel et symbole du féminisme qui lutte contre la toute-puissance machiste ?
Claire Bouilhac : Assez bien vu ! C’est tout à fait le genre de références auxquelles nous pensions en créant ce personnage. Mais pour ce qui est de vouloir créer un symbole du féminisme, je n’irai pas jusque-là. Je n’ai pas l’ambition de faire passer des trucs pareils. Plus simplement, je cherche à faire de belles BD et de beaux dessins. Et puis on ne devrait plus avoir besoin de ce genre de symbole, non ?

ActuSF : Dessiner dans les pages de Fluide, un rêve de gamine ?
Claire Bouilhac : C’est sûr que j’ai fait des bonds partout quand j’ai su que Melody Bondage allait passer dans Fluide. C’est tout de même une institution, qui regorge de monstres sacrés.

ActuSF : Comment en es-tu arrivée à travailler avec Raynal ?
Nous nous sommes rencontrés à l’école d’art appliqué après le bac. Nous nous entendions bien, et Jacques a pensé à opposer mon dessin « disneyien » à un scénario horrible . C’est avec Francis, le blaireau farceur que nous avons commencé à collaborer, pour la célèbre Sbrödj review, puis les éditions Cornélius. Nos styles sont très différents, et nous sommes assez complémentaires. Nous nous entendons suffisamment bien pour nous permettre de critiquer ce qu’on fait l’un l’autre sans nous fâcher. C’est très enrichissant, et c’est une chance de ne pas être isolé, comme le sont beaucoup d'auteurs de BD.

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