Corinne Guitteaud : À la base, il s’agissait de faire plaisir aux lecteurs qui savaient qu’il existait une suite à la Trilogie Atlante (les Chevaliers Trinitaires). En 2007, lors d’un salon à Paimpont, je discute avec les charmants libraires de chez Critic auprès desquels je me plains de la qualité moyenne de la première impression des Trinitaires. Ils me parlent de Lulu.com, prestataire d’impression à la demande et j’ai alors mis le doigt dans un engrenage. Comme j’avais récupéré les droits de la Trilogie Atlante en plus de ceux des Portes du Temps, je me suis dit que je pourrais poursuivre le jeu. Mais avec Lulu, ça ne fonctionnait plus du tout, les tarifs sont devenus prohibitifs, j’ai donc trouvé un autre imprimeur (LSI), le même que… celui de Rivière Blanche, m’a appris par la suite Alain Douilly de la Tête Ailleurs à Creil.
Puis j’ai entendu parler du statut d’auto-entrepreneur qui me permettait, du coup, de ne plus me limiter à l’auto-édition, mais de pouvoir publier d’autres auteurs. Depuis janvier, donc, j’ai donné une nouvelle direction à Voy’[el]. Ainsi, un comité de lecture a été créé, je travaille aussi avec une correctrice, un webmestre et je me fais conseiller autant que possible sur les aspects techniques que je ne maîtrise pas encore.
ActuSF : Quelle est votre ligne éditoriale ? Qu'avez-vous envie de faire ?
Corinne Guitteaud :Voy’[el] souhaite publier des romans (et quelques recueils) de science-fiction, fantasy et fantastique (et aussi j’espère des uchronies) destinés à un public de 15 à… 75 ans ou plus. Nous cherchons des textes qui ne trouveront peut-être pas leur place ailleurs, car entre deux genres, par exemple.
ActuSF : Quels sont vos objectifs en termes de ventes et de rythme de parution ?
Corinne Guitteaud :L’avantage, c’est que nous fonctionnons en impression à la demande, grâce à LSI (Lightningsource.com), mais j’espère tourner autour de 200-250 exemplaires pour chaque titre. Les rythmes de parution seront de 5 titres au moins par an, en fonction des opportunités (sachant que je veux quand même terminer de publier la trilogie des Portes du Temps et la Trilogie Atlante). Donc ça pourrait être plus, tout dépend du temps qu’il faudra consacrer aux manuscrits et à leur mise en maquette pour l’imprimeur (mais bon, ça, ça semble enfin réglé).
ActuSF : Cherchez-vous de nouveaux auteurs ? Et si oui, quels genres de récits ?
Corinne Guitteaud :Oui, nous cherchons de nouveaux auteurs, notamment dans la tranche de lecteurs « jeunes adultes. » En ce moment, nous recevons d’ailleurs des manuscrits, puisque la soumission a été ouverte début juillet (je voulais consolider les bases de Voy’[el] avant de commencer, ce sont mes titres qui ont essuyé les plâtres et les bévues avec l’imprimeur). Certains ont déjà retenu notre attention et nous espérons que cela se concluera très vite. Je suis assez fière de mon comité de lecture, les membres ont placé la barre plus haut que je ne l’aurais fait. Nous avons discuté de la ligne éditoriale au début, ils avaient un peu peur de se tromper, mais j’approuve leurs choix sans concession depuis qu’ils se sont lancés avec moi dans l’aventure.
ActuSF : Tu as réédité plusieurs de tes romans. Continueras-tu à publier des récits chez d'autres éditeurs ?
Corinne Guitteaud :Bien sûr. Je sais qu’on doit croire que j’utilise Voy’[el] comme une béquille et que désormais, je ne vais plus me fatiguer à chercher un autre éditeur, puisque j’ai ma propre maison. C’est vrai que j’ai publié comme ça Le Crépuscule des Anges, après plusieurs refus successifs chez les « grands » éditeurs. Mais je n’ai pas l’intention de renoncer à me « mettre en danger » en envoyant des manuscrits ailleurs. Je suis ainsi en train de travailler sur un roman jeunesse que je comptais proposer au concours de Michel Lafon, mais les impératifs de Voy’[el] m’ont empêché de pouvoir travailler autant que je voulais sur ce projet cet été. C’est une contrainte que j’accepte tout à fait. J’ai aussi un roman de Fantasy qui attend sur le feu et des synopsis ou débuts de roman et/ou nouvelles qui patientent sur mon disque dur que j’ai un peu de temps à leur accorder.
ActuSF : Quel est votre premier bilan après quelques mois d'existence pour Voy’[el] ?
Corinne Guitteaud :Voy’[el] commence juste à marcher. C’est encore un bébé. Le démarrage a été un peu difficile, on a mis en place toute l’équipe, la structure de diffusion et de distribution, mais les invitations aux salons arrivent petit à petit : deux pour septembre, un autre en novembre et encore un en mars 2010. Le bouche à oreille commence à fonctionner. Les libraires, par contre, sont un peu réticents, je pense que c’est parce que 95% du catalogue, pour l’instant, est en autoédition. J’espère qu’ils viendront plus à notre rencontre avec la publication d’autres auteurs.
ActuSF : Voy’[el] propose ses romans en version numérique. Êtes-vous satisfait de l'expérience ? Sentez-vous un public pour ce genre de format ?
Corinne Guitteaud :Effectivement, nous travaillons avec Numilog, je suis d’ailleurs très bien conseillée par leur équipe, je viens d’envoyer le premier fichier .epub, celui d’Aquatica, pour leur plateforme et les autres devraient arriver assez vite, maintenant que j’ai compris comment faire. J’ai eu de la demande, donc je me suis forcée à mettre le nez dans le format .prc et .epub, ce dernier semblant avoir plus d’avenir sur les liseuses électroniques. J’ai des lecteurs qui me disent que, depuis le Canada, par exemple, ils ont peu de chance de trouver mes livres en librairie, mais grande envie de les télécharger en .epub. D’autres pensent au gain de place que le format numérique pourra leur apporter (et je peux les comprendre, je ne sais plus où mettre les miens, je vais finir par dormir sur les miens). Je pense qu’il faut laisser sa chance aux nouvelles technologies et je ne redoute pas qu’elles tuent le livre. Il y aura toujours les amateurs du format papier.
ActuSF : Quels sont vos prochains titres à venir ?
Corinne Guitteaud :Un appel à texte pour une anthologie de nouvelles, le Monde selon Ève, se termine le 30 septembre, j’ai déjà deux nouvelles. J’espère en recevoir vite d’autres. Une partie des bénéfices (celle qui ne servira pas à rembourser les frais de fonctionnement de Voy’[el]) ira à l’APEFIB, une association qui œuvre pour l’éducation des petites filles en Inde. Je compte proposer d’ailleurs ce recueil sous deux formats, suite à un débat très intéressant que j’ai suivi sur ActuSF concernant les anthologies. On pourra ainsi télécharger les nouvelles une par une (j’espère associer Numilog à ce projet).
Le Destin des Eaglestone, le premier tome de la Saga d’Orion d’Isabelle Wenta, ma coéquipière sur GeMs, est disponible depuis le 22 août. En fin d’année ou début janvier, j’espère publier un nouvel auteur, mais tant que ce n’est pas conclu, je préfère ne pas en dire plus à ce sujet. Il y a une soumission qui a enthousiasmé tout le comité de lecture et moi-même et j’espère que l’auteur acceptera de faire confiance aux Éditions Voy’[el].
