- le  
Interview de David S.Khara sur Les vestiges de l’aube
Commenter

Interview de David S.Khara sur Les vestiges de l’aube

Actusf : Dans un premier temps, pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Le chemin qui vous a mené jusqu’aux éditions rivière blanche a-t-il été long et difficile ?
David S.Khara : Je sais à quel point les chemins menant à la publication sont généralement longs et tortueux. Mais dans mon cas, la Rivière Blanche n’aura été qu’un long fleuve tranquille.
Mais replaçons le contexte… J’ai quarante ans, jusqu’à l’année dernière je dirigeais une entreprise. Je profitais de mes déplacements professionnels pour écrire, juste pour le plaisir de me changer les idées, de donner vie à des personnages et de les faire évoluer, mais sans objectif précis. En Juillet 2009, Serge le Tendre et Thomas Geha ont accepté de lire le manuscrit des Vestiges. L’idée était simplement de connaître les impressions de professionnels chevronnés, rien de plus. Leur réaction m’a pour le moins étonné. Thomas a souhaité que je propose le livre à Philippe Ward, directeur de collection de Rivière Blanche, et Serge m’a proposé de le préfacer s’il devait être publié. Philippe a accepté le livre trois semaines plus tard. Comme en plus nous nous entendons comme larrons en foire, et que l’équipe Rivière Blanche est fantastique, je n’ai pas hésité une seconde. Je ne le regrette pas, et je pense que Philippe non plus (Rires) !  

Actusf : Quels sont les évènements ou ouvrages qui vous ont poussés à écrire du polar-SF ?
David S.Khara : Les romans de Dennis Lehane ont joué un rôle prédominant dans ma démarche. Je suis en admiration devant sa capacité à partager des ambiances quotidiennes, à rendre palpable les atmosphères et à donner corps à ses personnages. 
Le mélange des genres procède d’une dimension plus personnelle. J’aime les métissages, les frontières floues, je ne suis pas un aficionado des genres prédéfinis. En ce sens, les Vestiges est un patchwork de composantes distinctes : une pincée de roman noir, une touche de vampirisme, quelques pointes historiques, et une grand dose d’humanisme.  

Actusf : Les Vestiges de l’Aube est sorti en début d’année, quel est le bilan ? Etes-vous satisfait de l’accueil du public ?
David S.Khara : Les Vestiges de l’Aube sont sortis le 6 mars 2010, il y a environ deux mois. Nous approchons des 1 000 exemplaires, sachant que Rivière Blanche n’est pas adossé à un distributeur. Ce chiffre dépasse mes espérances, et va permettre de financer de nouveaux auteurs. C’est le point le plus important à mes yeux. D’autres auront la même chance que moi.
L’accueil des lecteurs est très positif, je le constate à chaque rencontre, et quotidiennement par e-mail puisque nombre d’entre eux m’écrivent. C’est terriblement flatteur et très intéressant car nous confrontons nos points de vue, et c’est bien là le sens de l’écriture à mon niveau. Je passe également pas mal de temps à esquiver les questions sur la suite des aventures de Werner (Rires) !

Actusf : L’intrigue se déroule aux Etats-Unis et fait référence à  deux périodes noires de leur histoire. La précision dont vous avez fait preuve montre que vous avez du faire de nombreuses recherches pour être aussi réaliste. Pourquoi avoir choisit ces lieux et ces dates ?  
David S.Khara : Ce sont deux évènements fondateurs non seulement de l’histoire de l’Amérique, mais bien de la marche globale du monde. La  guerre de Sécession n’est rien moins que la bataille entre l’industrie et l’agriculture, donc le changement, brutal, d’ère. La lutte contre l’esclavage, qui me tient évidemment à cœur, n’a pas guidé le conflit autant qu’on aimerait à le faire croire. D’ailleurs, l’esclavage a-t-il vraiment disparu aujourd’hui…
Le 11 septembre a secoué le monde car dans l’histoire d’une civilisation où tout est média, les images sont peut-être les plus impressionnantes jamais diffusées en direct. Et pendant que le public regardait, incrédule, la télévision, des gens mourraient. Ce n’est pas la dimension politique de l’événement qui m’a passionné et touché, mais bien le fait que des êtres humains mourraient sous nos yeux, nous rappelant finalement, que des gens meurent un peu partout dans le monde sans la présence de caméras…
Les Etats-Unis sont un peu ma seconde patrie. Les dérives du pays ne me sont pas inconnues, et les années Bush ont entamé mon désir de m’y rendre. Mais je suis issu d’une génération pour qui le rêve américain avait un sens. J’y ai rencontré des gens formidables et découvert des lieux impressionnants. Je suis tombé amoureux de Manhattan lorsque j’avais dix-sept ans, et pourtant je ne suis pas un fanatique du monde urbain. Mais il règne sur cette île une atmosphère unique.  

Actusf : Les deux héros de votre romans sont des personnages torturés, vous sentez vous proches d’eux ?
David S.Khara : Le premier opus des Vestiges traite d’une amitié naissante, improbable. Barry et Werner ont traversé des épreuves similaires et y réagissent à l’aune de leurs époques respectives. Mais leurs interrogations sur la nature humaine soulèvent des questions intemporelles. La grandeur et la noirceur de l’âme humaine sont au centre de leur rapport au monde. Dans cette perspective, je suis effectivement très proche d’eux. Et par certains aspects, je pense que nous le sommes tous.  

Actusf : Pourquoi avoir choisit un vampire comme héro ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
David S.Khara : J’ai beaucoup d’affection pour un vampire créé par Tracy et Laura Hickman, nommé Strahd Von Zarovitch. Le nom même de Werner est un hommage à ce personnage. Le choix du vampire découle de la personnalité humaine de Werner. Alors oui, il est élégant, séduisant, cynique, inquiétant parfois. Mais ces traits de caractères, il les possédait de son vivant. C’est sa nature qui m’a amené presque naturellement à en faire un vampire.  J’ai découvert le mythe du vampire par Anne Rice, en lisant Lestat le Vampire, puis Entretien avec un Vampire. Chez Werner, il y a un peu de Lestat, et un peu de Louis. Le film Fright Night m’avait aussi marqué lors de mon adolescence. Je regardais le personnage incarné par Chris Sarandon en me disant « Avoir un ami pareil, ça pourrait être cool ! »  

Actusf : N’avez-vous pas craint de tomber dans les stéréotypes et clichés courant aux vampires ?
David S.Khara : J’ai plus la sensation d’avoir joué avec les stéréotypes. Le vampire a été traité par de très nombreux auteurs, avec une accélération flagrante de la production depuis une poignée d’années. Je n’ai pas cherché à réinventer totalement ou à plagier le mythe. Werner se situe sur la ligne séparant le vampire « moderne » du vampire « classique ». D’une certaine manière, Werner est plus un hommage au mythe vampirique. Il faut savoir également que, et c’est peut-être une particularité des Vestiges de l’Aube, l’intrigue de fond, que vous découvrirez à partir du Tome 2, tourne autour du statut de Werner. Je pose une question simplement : Werner se transforme-il en faucon parce que l’auteur l’a décidé de façon péremptoire, ou est-ce un élément constitutif d’une intrigue plus globale ?  Je vous laisse imaginer la réponse (Rires) !  

Actusf : Les Vestiges de l’Aube est le premier volume d’une saga autour du vampire Werner, mais retrouvera-t-on le personnage de Barry dans les prochains ouvrages ?
David S.Khara : Aie ! Vous aussi ? Vous n’imaginez pas le nombre de lecteurs qui me posent cette question (Rires) ! Voyons si mes capacités à éluder la question sont intactes…
Oui, les Vestiges de l’Aube est le « pilote », comme l’a judicieusement relevé un chroniqueur avisé, d’une saga impliquant Werner Von Lowinsky. Le Tome 2 répondra d’ailleurs à toutes les questions, et elles sont nombreuses, laissées en suspens dans le premier opus. Des indices, apparemment anodins, sont d’ailleurs disséminés dans le roman et prendront tout leur sens très bientôt.
Quant à Barry, s’il devait être présent dans le Tome 2, il y jouerait un rôle bien plus important que dans le Tome 1…  

Actusf : Quels sont vos prochains projets ? Aura-t-on rapidement un second volume des aventures de Werner ?
David S.Khara : Je viens de terminer l’écriture du Projet Bleiberg, un thriller historique se déroulant entre la deuxième guerre mondiale et l’époque actuelle. Le livre sortira en Septembre 2010 aux Editions Critic (Le Sabre de Sang, La volonté du Dragon).
En décembre 2010, ma première nouvelle sera publiée dans l’anthologie « de Cape et d’Esprit » dirigée par Eric Boissau, chez Rivière Blanche.
Le second volet des Vestiges de l’Aube est bien avancé, et devrait être disponible fin 2010, début 2011.
Deux autres romans devraient sortir en 2011 et 2012 mais je ne vous en dis pas plus pour l’instant…

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?