Actusf : Comment avez-vous découvert la bande dessinée ? Y'a t-il un auteur, une série ou un album qui vous a marqué ?
Florent Calvez : En fait, je n'ai pas vraiment rencontré la bd avant mes 7-8 ans. Par contre, j'ai rencontré le dessin via les bouquins animaliers, les encyclopédies pour les enfants que papi et mamie offrent à noël. J'ai donc passé ma petite enfance à dessiner des lions, des éléphants, des requins...; Et puis, on m'a fait offert Astérix chez les helvètes et là j'ai découvert un dessin codé, qui ne cherche pas à recopier une réalité, mais à la rappeler. Et c'est toujours un truc qui me fascine, le code, un dessin stylisé. A l'époque, Astérix à dessiner, c'était de la haute voltige, je me suis donc rabattu sur les Schtroumpfs...
Actusf : C'est votre premier album, quel a été votre parcours avant d'en arriver à cette première réalisation ?
Florent Calvez : J'ai passé mon adolescence à côté d'un type vraiment doué pour le dessin qui maintenant bosse chez les Humanos. Ca apprend l'humilité. Et puis ça donne envie de travailler, et on progresse...Après le bac, direction Rennes et la fac d'arts plastiques, j'ai pas mal bullé, la vie estudiantine (et surtout festive) étant ce qu'elle est...; Après, le quotidien a montré le bout de son nez...; Après divers petits boulots, je suis rentré dans la fonction publique pour en ressortir 4 ans après pour une aventure dans le Web, pour finalement arriver (revenir) à la BD. Je me suis lancé comme on se jette à l'eau. J'allais avoir trente ans, plus de temps à perdre ! Cela faisait quelques années que je ne dessinais peu, et que je stagnais. Je m'y suis remis sérieusement.
Actusf : Comment est née l'aventure d'U 29 ?
Florent Calvez : En fait, c'est grâce à une rencontre, en fait, plutôt des retrouvailles. Avec Rotomago, on se connaît depuis... Pfff, quinze ans ? Mais, on s'était perdu de vue. Si bien que quand on s'est retrouvé, on s'est dit notre envie commune de faire de la bd, et naturellement, on s'est lancé dans un petit projet de 6 planches, baptisé camera Obscura, une séance d'hypnose liée au milieu marin. On a trouvé ce galop d'essai concluant...; On a décidé de s'attaquer à un projet d'album. Il avait envie depuis longtemps d'adapter Le Temple de Lovecraft et je venais justement de lire cette nouvelle quand il m'en a parlé. On s'est décidé très vite.
Actusf : Et comment avez-vous travaillez ensemble ?
Florent Calvez : Il a travaillé très vite sur le découpage de l'album, il avait une idée très précise et structurée de la mise en page. Après, j'ai suivi son découpage, en revenant de temps en temps sur certains aspects qui pouvaient être optimisés ou dans lesquels je me sentais plus à l'aise. On a fait chacun des compromis, et je n'en suis pas mécontent. Nous avons collaboré de manière très proche : il a vu tous les jours ou presque, les planches en cours de fabrication, grâce à Internet, et à nos échanges de mail. Il s'est chargé des marges, bulles et du lettrage, si bien que chaque planche s'est construite vraiment à quatre mains. Toutes les semaines, ou tous les quinze jours on se voyait pour faire le point et pour travailler en détail les séquences qui arrivaient...
Actusf : Quelles techniques avez-vous utilisées pour réaliser cet album ? Comment avez-vous fait ?
Florent Calvez : Dessin, encrage et couleurs à la palette graphique à la base. Ca a un peu changé en cours de route, je me suis mis à retravailler sur papier et à encrer sur calque vers la fin de l'album. J'avais besoin de retrouver une façon de travailler plus organique et puis, la palette graphique c'est très bien, sauf que, parfois, on manque de précision, si bien qu'on travaille beaucoup le trait, qui devient rigide à force de le refaire. En fait, mes dessins et croquis n'ont rien à voir avec le résultat final. Aujourd'hui, je travaille sur papier et calque, tout en rectifiant l'encrage à la palette si nécessaire.
Actusf : Connaissiez-vous Lovecraft ? Est-ce un auteur que vous appréciez particulièrement ?
Florent Calvez : Oui, comme beaucoup, j'ai découvert Lovecraft à l'adolescence, et comme beaucoup, j'ai un rapport affectif avec cet auteur. Je l'ai redécouvert récemment, en relisant uniquement ses oeuvres et en mettant de côté les oeuvres des gens qui ont travaillé sur le mythe de Cthulhu : Derleth, Bellnap-Long... Ils en viennent à parasiter le côté poétique et abyssal de Lovecraft.
Actusf : Avez vous eu des contacts avec les lecteurs depuis la sortie de l'album ? Et quels ont été les retours ?
Florent Calvez : Au cours des (nombreuses) séances de dédicaces et festivals, j'ai eu d'excellents retours, j'en suis ravi. Manifestement, la narration et l'ambiance ont bien fonctionné sur le lectorat. Reste quelques irréductibles qui auraient bien voulu une suite. Désolé, il n'y aura pas de U-30 ! Une fin lovecraftienne, ça ne se discute pas !
Actusf : Quels sont vos projets ?
Florent Calvez : Je travaille actuellement sur le premier album d'une série. Une histoire grand public aux couleurs lumineuses (ça me changera !), dans un univers XVIII baroque qui rappelle un peu Les aventures du Baron de Munchaüsen. Ca devrait voir le jour courant 2006.