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Interview de Frédéric Peynet
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Interview de Frédéric Peynet

Actusf : Comment est née l'idée du Feul et qu'est-ce qui vous a séduit dans le projet ?
Frédéric Peynet : Le Feul est né de l'imagination de Jean-Charles Gaudin. Je ne suis pas intervenu dans la construction du scénario, ni même dans l'apport d'idées aidant à faire avancer l'intrigue ; tout est de lui. En revanche, avant de commencer à écrire cette histoire, il m'a beaucoup interrogé sur mes influences dans la BD, dans le cinéma, dans la littérature, de façon à mieux cerner mes envies, à mieux comprendre comment je fonctionne. Puis, quelques temps après, il m'a dévoilé la première ébauche du scénario et j'ai alors été accroché par la fin. J'ai beaucoup aimé l'humanisme qui se dégage de cette histoire, et de la vision de Jean-Charles. Nous avons des sensibilités proches, et je me suis retrouvé dans son monde comme s'il était le mien.

Actusf : Comment avez-vous rencontré Jean-Charles Gaudin et comment travaillez-vous ensemble ?
Frédéric Peynet : Je crois que cela remonte à l'année 1998, Jean-Charles venait alors de publier chez Soleil le premier tome de Marlysa, en compagnie de Jean-Pierre Danard. Nous vivions tous deux dans la même ville sans le savoir, et c'est lors d'une rencontre entre auteurs professionnels et amateurs de BD organisée par Didier Crisse que nous avons fait connaissance. Nous sommes devenus amis, et naturellement, l'envie de travailler ensemble est née au fil des années. Depuis, j'ai déménagé, et nous travaillons principalement par email, parfois par téléphone lorsqu'une question nécessite une réponse plus élaborée qu'un simple "ok".  Jean-Charles me fait d'abord lire le synopsis du tome que je dois illustrer, puis, une fois que l'on s'est mis d'accord, il m'envoie quelques pages que je peux storyboarder. A son tour, il valide mon interprétation de son découpage en apportant généralement quelques corrections. Une fois que l'on s'est mis d'accord, je peux alors travailler de mon côté, et lui envoyer un scann de la planche une fois celle-ci terminée.

Actusf : Qu'aviez-vous envie de faire graphiquement ?
Frédéric Peynet : Une histoire réaliste avec beaucoup d'humanisme, de jeux de regards... J'avais envie d'adopter un dessin beaucoup plus réaliste que celui que j'avais sur Toran.

Actusf : D'ailleurs comment travaillez-vous, quelles techniques utilisez-vous ?
Frédéric Peynet :  Je travaille de façon traditionnelle : je crayonne puis j'encre ma planche à la plume, et je mets en couleurs à la main des reproductions de mes pages.

Actusf : Est-ce que lorsque l'on dessine une héroïne comme Valnes on s'y attache ? Certains dessinateurs ou scénaristes imaginent leurs héros presque comme des êtres vivants. Est-ce votre cas ?
Frédéric Peynet :  Oui, je suis attaché à Valnes... C'est un enfant de papier, c'est un peu ma fille. Mais je suis globalement attaché à tous les personnages que je dessine. Bien qu'ils aient d'abord été créés par Jean-Charles, je mets forcément une petite part de moi en chacun d'eux...

Actusf : Le Feul est une série passionnante pour l'instant mais aussi très dure. Quels sont les retours des lecteurs ?
Frédéric Peynet :  Beaucoup de retours positifs... Mais nous n'avons que l'avis des lecteurs qui fréquentent les festivals de BD. Généralement, ils n'osent pas être trop sévères avec nous lorsqu'on est en train de réaliser leur dédicace... Les critiques de journalistes que nous fait parvenir Soleil sont également positives. Tant mieux, cela aide à avancer, c'est certain.

Actusf : Ce cycle est-il plus dur à dessiner que Toran ?
Frédéric Peynet :  Oui. Chaque tome est plus difficile à dessiner que son prédécesseur. J'ai du mal à relire Toran, j'y vois beaucoup de mes lacunes ; fort heureusement, je pense m'être débarrassé d'une bonne partie d'entre elles aujourd'hui.

Actusf : Y'a-t-il eu d'ailleurs des choses difficiles à dessiner dans ces deux premiers tomes ?
Frédéric Peynet : Tout est difficile. Si je passe plus d'un an et demi sur chaque tome, ce n'est pas par fainéantise, c'est parce que je suis quelqu'un de laborieux qui court après un idéal de dessin, un équilibre, sans jamais arriver à le trouver vraiment... Je m'en rapproche un peu plus à chaque album , mais la route est longue... Ce qui me rassure, c'est que la très grande majorité de mes confrères réagit de la même façon, on se sent moins seul.

Actusf : Combien y'aura-t-il de tomes en tout ? Certains auteurs font des one shot ou des séries paralèlles, c'est quelque chose qui vous tente ?
Frédéric Peynet :  Il y aura 3 tomes au final.  Je ne suis pas très attiré par des one shot pour l'heure. 46 planches, c'est déjà bien long, un one shot impliquerait probablement plus de pages, je ne sais pas si je me sens près pour cela.

Actusf : Le Feul est dans un univers de fantasy, est-ce un genre que vous appréciez particulièrement et si oui pourquoi ?
Frédéric Peynet :  Ce n'est pas mon univers de prédilection. Je lis de la fantasy, bien sûr (en ce moment, Les Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett), mais je n'ai pas grandi en étant bercé par ce genre. Je lis de tout, et si l'album, le livre ou le film est bon, peu m'importe son genre.

Actusf : Votre bio sur votre site évoque deux rencontres importantes : Régis Loisel et Laurent Vicomte. Pourquoi ont-elles été importantes et que vous ont-ils apporté ?
Frédéric Peynet :  Que peut apporter quelqu'un qui a 25-30 ans de métier derrière lui à un jeune qui débute et qui a 25-30 ans tout court ? De l'expérience, beaucoup d'expérience. Ils m'ont fait gagner des années, ils m'ont fait ouvrir les yeux sur les qualités de grands dessinateurs que je mésestimais alors, mais également sur beaucoup de mes propres lacunes, ils m'ont donné des directions à suivre ou à ne pas suivre. Il m'a fallu digérer tout cela, faire le tri, et me lancer. J'ai arrêté de les enquiquiner avec mes planches depuis quelques temps maintenant, je dois tracer mon propre chemin, mais j'ai toujours leurs conseils dans un coin de ma tête.
Humainement parlant, j'ai également beaucoup appris à leur contact.

Actusf : Quels sont vos projets et vos envies ?
Frédéric Peynet : Après Le Feul, Jean-Charles et moi souhaitons continuer notre collaboration. Nous nous entendons très bien, et apprécions tout deux ce que fait l'autre. Quant à notre prochain projet, difficile de l'évoquer ici, puisque nous n'avons pas travaillé dessus encore. Je souhaite juste faire autre chose qu'un Feul bis, passer à un genre différent et me confronter à de nouvelles difficultés...

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