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Interview de Jacques Baudou
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Interview de Jacques Baudou

Actusf : Comment est née l'idée de cette collection ? Quelle est sa ligne directrice ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de la faire ?
Jacques Baudou : Xavier Mauméjean qui dirige la collection fantasy de Mango m'a appelé au téléphone pour le dire que Mango cherchait un directeur pour une collection policière jeunesse. Il m'a demandé, sachant mon passé polareux, si ça m'intéressait. J'ai dit oui. J'ai eu un rendez-vous avec le directeur de Mango qui m'a demandé un projet. Ce que j'ai fait en me réclamant de Pierre Véry: proposer des romans d'aventures et de mystères. Je voulais une collection ouverte, éclectique, et non pas engoncée dans un système. Etant à la retraite, je pouvais m'y consacrer et après vingt et quelques années de critiques, passer de l'autre côté, du côté de la fabrication des livres.

Actusf : Combien y aura-t-il de titres par an ?
Jacques Baudou : Quatre en 2009 pour le lancement, six les années suivantes.

Actusf : Peux-tu nous présenter les quatre premiers livres de la collection ?
Jacques Baudou : Il y a une réédition de Pierre Véry, "Signé Alouette", un polar écrit pour la bibliothèque verte en 1960 (je tiens beaucoup à une ligne de rééditions de classiques du policier jeunesse), et trois inédit : un roman d'énigme d'André- François Ruaud qui se passe dans un collège de Lyon où sévit un voleur masqué, un roman policier historique de Nicolas Bouchard qui met en scène Erik Satie et Joséphin Péladan et un roman de suspense contemporain signé Béatrice Nicodème, une spécialiste du genre.

Actusf : Comment les as-tu choisi ?
Jacques Baudou : J'ai choisi des auteurs que je connaissais: Béatrice Nicodème que je lisais depuis longtemps et qui avait écrit une nouvelle pour une de mes anthologies, Nicolas Bouchard, qui se partage entre imaginaire et polar et A-F Ruaud, dont je connaissais les goûts pour le roman d'énigme. J'ai choisi les auteurs et ensuite accepté leur synopsis, validés aussi par les éditrices Mango, Danielle Védrinelle et Marion Bordier avec qui je travaille.

Actusf : Où places tu la frontière entre la littérature "jeunesse" et la littérature "adulte" ? Est-ce une question de style, de narration, d'ambiance, de héros... ?
Jacques Baudou : Elle est plus floue qu'elle n'était quand j'étais môme : il peut y avoir crime de sang maintenant. Les héros peuvent ne pas être des enfants. Nous sommes attentifs à la violence (et à la complaisance avec laquelle elle est parfois utilisée), à ne pas heurter des sensibilités de pré-adolescents. Pour ma part, je souhaite pouvoir les donner à lire à ma petite-fille Rachel âgée de 10 ans, sans en avoir honte. Et je ne suis pas un partisan du réalisme qui a prévalu un moment en littérature jeunesse où il fallait préparer le lecteur à la vie adulte. J'ai plutôt envie de lui donner du rêve, du mystère et de l'aventure...

Actusf : Tous les héros de ces quatre livres sont des enfants. Est-ce un passage obligé en jeunesse pour une meilleure identification du lecteur ?
Jacques Baudou : Non, plus maintenant. C'est le choix des 4 auteurs. Mais bien sûr, c'est l'identification qui est recherchée par eux, la complicité avec le lecteur. Déjà, Jacques Rogy, dans les années 60, était un journaliste adulte (série de Pierre Lamblin chez Rouge et Or).

Actusf : La collection sera-t-elle ouverte aux jeunes auteurs qui n'ont jamais encore publié ?
Jacques Baudou : Oui, j'ai déjà lu des manuscrits et j'en ai commandé un à un auteur qui avait déjà écrit pour moi une nouvelle de Noël.

Actusf : Les premiers livres viennent tout juste de sortir. C'est sans doute encore un peu tôt mais quels sont les premiers retours ?
Jacques Baudou : Le roman de Béatrice Nicodème avait été envoyé à des libraires et à la presse: résultat, elle est déjà sélectionnée pour un prix et est très sollicitée pour des rencontres.

Actusf : Quels sont tes projets. Sur quoi travailles-tu actuellement ?
Jacques Baudou : D'abord, la suite de "Chambres noires" : un Jubert, un Marie Berherat de la série Le samovar, un René Réouven et une réédition de Paul Berna, j'espère. Je travaille ensuite sur un "Omnibus" Daphné du Maurier, un de mes auteurs favoris, pour lequel j'ai choisi romans et nouvelles (dont son roman de S-F "La maison sur le rivage"), fais la préface et l'accompagnement éditorial (Il y aura une nouvelle inédite en France) Je dois réécrire en allongeant sa dimension un article sur André Dhôtel et le fantastique pour un volume d'essais. Enfin, je prépare pour la Bibliothèque Rouge des Moutons électriques un Nestor Burma.

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