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Interview de Jean-David Morvan
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Interview de Jean-David Morvan

ActuSF : Vous travaillez avec de nombreux auteurs étrangers. Y a-t-il une raison particulière ?
Jean-David Morvan : C'est parce que je pense que ça n'a pas d'importance (rires). J'ai quelqu'un de très efficace qui traduit en espagnol pour moi, qui adapte, qui connaît bien les dessinateurs… Je travaille aussi avec un mexicain, et cette aide facilite bien les choses. Quant au contact, on se comprend par la BD mais c'est bien de se voir aussi. J'aimerais bien par exemple rencontrer ce mexicain avec lequel je travaille. Ça me manque un peu.

ActuSF : Est-ce une attirance particulière pour ces dessinateurs étrangers ou le hasard des rencontres ?
Jean-David Morvan : C'est souvent au hasard des rencontres. Après il y a de nombreux dessinateurs qui ont du talent. Mais les miens, je les aime. Parfois même sans se rencontrer et à l'autre bout du monde, on se rend compte via internet qu'on a les mêmes envies, les mêmes centres d'intérêts.

ActuSF : Vous réalisez beaucoup de séries. Est-ce que c'est un fardeau ?
Jean-David Morvan : Non, c'est un plaisir. C'est hard des fois mais c'est un plaisir. Si j'en fais autant, c'est que je sais que je peux le faire. J'ai envie de mener tous ces projets. Donc ça ne me frustre pas si je ne pars pas en vacances par exemple. J'ai 33 ans, peut-être que dans dix ans je tiendrai un autre discours. Pour le moment, quand je vois un dessinateur que j'aime bien et qui a du talent, je me dis "qu'est-ce qu'on peut raconter de fort avec son graphisme". C'est ce qui m'excite. Après il faut que je fasse attention à ne pas être trop présent sur le marché de la BD.

ActuSF : C'est un risque ?
Jean-David Morvan : Je ne sais pas si c'en est un, mais ça peut le devenir. On commence à me dire que j'en fais trop. Et je crois qu'ils ont raison. De toute façon, je ne pourrais pas travailler beaucoup moins. Donc il faut que je trouve un moyen de donner l'impression que j'en fais moins en travaillant plus. Peut-être faut-il attaquer d'autres marchés ?

ActuSF : Ça veut dire éventuellement écrire des nouvelles ou des romans ?
Jean-David Morvan : Non, je ne suis pas un écrivain. J'ai besoin d'images. Il faut peut-être voir ce que l'on peut faire avec les japonais par exemple. Ça ne me gênerait pas non plus de ne pas mettre mon nom sur la BD. C'est vrai que c'est valorisant mais ce n'est ne pas le plus important pour moi. Je fais des albums pour écrire et me marrer avec des dessinateurs.

ActuSF : Vos histoires relèvent quasiment toutes des genres de l'imaginaire. Pourquoi ?
Jean-David Morvan : Ça me permet de transformer la réalité plus facilement. Je prends des situations d'aujourd'hui, j'en amplifie une partie et ça donne soit de la fantasy soit de la science-fiction. En même temps j'espère toujours parler des problèmes actuels et susciter des questions aux lecteurs. Après je ne sais pas s'ils le perçoivent. Une fois sorti, le livre n'est plus à moi. Les gens voient alors les choses selon leurs préoccupations. Mais si un des sujets de l'album croise une de leurs préoccupations, je suis content.

ActuSF : Avez-vous identifié le chemin de l'inspiration ?
Jean-David Morvan : Je crois que maintenant je le tiens. Je pense que je fais des albums de BD pour comprendre les choses. C'est devenu ma manière de réfléchir. J'ai du mal à avoir un avis tranché sur telle ou telle question. Je me dis toujours qu'il y a d'autres points de vue. C'est mon métier finalement de me mettre dans la peau de personnages différents. Et mes BD c'est ça. Chaque protagoniste a un point de vue sur le thème central. L'actualité et mes questions personnelles sont souvent mes sujets principaux. Mais j'aimerais beaucoup réussir à faire de vraies histoires d'amour. Parce que les relations entre les gens, c'est compliqué. Sans forcément mettre des soldats tout le temps et des vaisseaux spatiaux. Mais c'est hyper difficile à creuser en BD parce que c'est déjà hyper difficile à comprendre au quotidien.

ActuSF : Quels sont vos projets ?
Jean-David Morvan : Il y en a plein qui arrivent mais surtout je vais rencontrer un ami japonais pour voir si on peut lancer un projet ensemble. Ça a une saveur particulière même si je me rends compte qu'en fait le choc des cultures n'est pas si grand que ça. En plus on fait le même métier. On a des moyens différents mais on a le même but. Donc on va essayer.

ActuSF : Vous faites beaucoup d'interviews, quelle est la question qu'on ne vous a jamais posée ?
Jean-David Morvan : Si j'avais fait des plagiats.

Nous : Et ?
Jean-David Morvan : Je ne pense pas, même si parfois ça s'en est peut-être rapproché. Maintenant j'ai l'impression de savoir ce que je veux. Je pense que je commence à mieux tenir mes idées. Quant à faire du plagiat, je préfère faire une adaptation.

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