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Interview de Jean-Marie Michaud
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Interview de Jean-Marie Michaud

ActuSF : Comment avez-vous rencontré Serge Lehman ?
Jean-Marie Michaud : Par l'intermédiaire de Georges Merel, libraire de la librairie Aladin de Nantes, et directeur de collection du nouveau département BD des éditions l'Atalante.

ActuSF : Et comment est née l'idée du projet et de travailler ensemble ?
Jean-Marie Michaud : L’Atalante projetait de se lancer dans la BD avec Serge Lehman au scénario. Geoges Merel a donc présenté à ce dernier un panel de books de différents graphistes. Sarah Debove (Thomas Lestrange) et moi-même avons été les premiers heureux élus. J'ai rencontré Serge. Nous nous sommes entendus et quelques semaines après je recevais les premiers éléments du synopsis de La Saison de la Couloeuvre.

ActuSF : La science-fiction est un genre qui vous intéresse ?
Jean-Marie Michaud : Oui, bien qu'étant relativement inculte dans ce domaine. En tous cas sur le plan littéraire.

ActuSF : Et pourquoi ?
Jean-Marie Michaud : En ce qu'elle permet une grande liberté mais surtout, elle permet d'aborder des thèmes philosophiques (existentiels, métaphysiques, éthiques, etc.) de manière plus franche que dans d'autres genres. Il est possible bien sûr, de traiter de tous les thèmes à travers n'importe quel genre, mais il y a un risque que les clichés stéreotypés (western : vengeance, indien ; polar : recherche de l'assassin, etc.) de chaque genre prennent le dessus sur le fond "philosophique" de l'histoire. Il me semble que la SF par définition échappe - ou devrait échapper - au formatage.

ActuSF : Qu’est-ce que vous aviez envie de faire graphiquement ?
Jean-Marie Michaud : Quelque chose de beau. Qui me surprenne moi-même.

ActuSF : Avez-vous travaillé avec Serge Lehman sur l'aspect graphique ?
Jean-Marie Michaud : Serge Lehman m'a énormément apporté, et convaincu en douceur : idée de cadrage, de mise en scène de chaque planche avec un souci de l'esthétisme qui m'a réveillé moi-même. Un vrai regard, extérieur et attentif sans pour cela être directif ! J'avais quelque peu oublié depuis quelques années, de penser tout simplement à coucher, dans la mesure de mes moyens, tout mon amour de la beauté sur ma planche. Le travail et les soucis d'ordre professionnel peuvent amener à perdre l'essentiel de la raison d'être de cette activité : faire surgir, en toute humilité bien sûr et en fonction de ses propres moyens, de la Beauté.

ActuSF : Et comment avez-vous travaillé ensemble ?
Jean-Marie Michaud : De façon assez classique si ce n'est encore une fois que Serge avait pas mal d'idées de mise en scène (planches 54, 55, 1, 8 et 9, 16 et 17, 31, etc.). Je lui montrais les crayonnés sur ses suggestions. Et après les ultimes mises au point je me lançais dans la réalisation.

ActuSF : Comment imaginiez-vous l'univers de cet album ?
Jean-Marie Michaud : Comme toujours. Petit à petit. En dessinant les premières recherches, le monde se mettait en place.

ActuSF : La BD est en noir et blanc jusqu'à l'irruption de la couleur. Pourquoi ce choix et cela a-t-il été difficile pour vous en tant que dessinateur ?
Jean-Marie Michaud : Le scénario lui-même est tant basé dès le départ sur l'idée d'alternance entre le monde de la couleur et le monde du Net Blanc, la seule question était de savoir si j'optais pour un noir et blanc pur (style Tardi ou Pratt) ou un lavis. J'ai résolu le dilemme en dessinant les trois premières planches. J'ai rajouté un peu de bleu à mon noir et je me suis senti à l'aise. Je crois que Georges et Serge ont été un peu surpris au départ mais ils m'ont fait confiance. Au lecteur de juger.

ActuSF : Y’a-t-il eu des dessinateurs dont vous vous êtes un peu inspiré pour cette histoire de science-fiction ? On croit parfois reconnaître un peu de Moebius, non ?
Jean-Marie Michaud : Moebius est pour moi le plus grand. A tous égards. J’ai biberonné à Blueberry. Je suis admiratif devant sa puissance de création et son pouvoir de nous faire aimer davantage la Beauté du monde et des mondes.
Voilà.
Bien sûr, il y a tous les autres : le Bilal de Partie de Chasse, Caza, Druillet, Hermann, Schuiten et puis bon je n'en finirais pas de citer tous les créateurs que j'admire.

ActuSF : Graphiquement on a l'impression que vous avez pris du plaisir, avec des cases avec pas mal de détails et un découpage assez centré sur les personnages ?
Jean-Marie Michaud : Beaucoup, beaucoup de plaisir.

ActuSF : Cela fait maintenant quelques semaines que l'album est sorti. Quelles ont été les réactions ?
Jean-Marie Michaud : C’est encore un peu tôt mais l'accueil à l'air plutôt bon.

ActuSF : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Jean-Marie Michaud : Le deuxième tome.

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