Actusf : Pour commencer, parlez-nous un peu de votre parcours. Etiez-vous un gros lecteur étant petit et adolescent ? Quand avez-vous commencé à vous interesser à la science-fiction ?
Jérôme Leroy : Oui, aussi loin que je remonte, je me vois toujours un livre à la main. J’ai d’ailleurs toujours un livre sur moi de peur de me retrouver coincé dans un embouteillage ou dans une gare à attendre un train. Et même de m’ennuyer, dans certaines soirées J’ai commencé à m’intéresser à la SF très tôt, en classe de cinquième en 77 grâce à une professeur de français qui avait choisi de travailler sur ce genre pendant un bon trimestre. Mon premier choc fut Ravage de Barjavel. Quel que soit l’arrière fond idéologique un peu douteux de ce roman avec un final franchement pétainiste (il a été écrit en 43), je tiens Ravage pour un texte majeur, encore aujourd’hui.…
Actusf : Vous souvenez-vous d'auteurs qui vous ont particulièrement marqué ?
Jérôme Leroy : Très vite j’ai été attiré par une SF qui tirait davantage vers l’anticipation politique. 1984 reste pour moi indépassable et c’est pour cela que ma collection, cela ne vous a pas échappé, est en fait dirigé par Winston Smith, le personnage créé par Orwell. Plus généralement, mon goût, en tant que lecteur, auteur et directeur de collection me pousse vers ce qu’on appelle pompeusement des dystopies ou des contre-utopies. J’aime aussi, mais c’est finalement assez voisin, ce que j’appelle les apocalyspes intimistes comme JG Ballard en a écrit avec Le vent venu de nulle part ou Sècheresse. J’adore aussi les uchronies et celles de Johan Héliot, un auteur de la collection, me semblent tout à fait remarquables. J’ai aussi une dette importante envers des écrivains qui ont compris le statut précaire de la réalité dans un monde hypertechnologique. Dick est le premier d’entre eux… Mais la génération cyberpunk aussi. En revanche, et je sais qu’en disant cela je ne vais pas me faire que des amis, l’heroic fantasy m’ennuie profondément. Cette évasion à tout prix me semble aussi infantilisante que les jeux de rôles ou les jeux sur console.
Actusf : Parlons un peu de votre poste aux éditions Le Rocher. Comment êtes vous devenu directeur de collection ? Est-ce vous qui avez proposé le concept de Novella SF ? Quelle est d'ailleurs la ligne directrice de la collection ? Qu'avez-vous envie de faire ?
Jérôme Leroy : Oui, c’est moi qui ai proposé le concept avec une idée simple : puisque je ne trouvais pas sur le marché ce que j’avais envie de lire, autant l’écrire et/ou le publier. La ligne directrice de la collection est simple : à travers le format de la Novella qui est historiquement lié au genre, j’ai voulu retrouver cette SF « adulte » des années soxante-dix qui se voulait une littérature d’évasion mais aussi une littérature d’intervention, au sens politique et contestataire du terme. Voilà pourquoi un des premiers auteurs que j’ai choisis fut Andrevon qui est un maître en la matière et qui lui aussi a du mal à supporter cette infantilisation du genre à travers l’impérialisme éditorial de l’heroic fantasy. Andrevon est le témoin d’une époque où la SF s’attaquait à de vris problèmes qui sont encore plus aigues aujourd’hui : pollution, marchandisation du monde, risque totalitaire lié aux technologies de pointes. Les textes que je sollicite ou que je recherche sont donc des textes de combat, des opérations de commando : je les veux rapides, violents et impitoyable dans la critique du monde d’aujourd’hui à travers le prisme de l’anticipation, par exemple Héliot sur le clonage et la société du spectacle ou Wagner sur les rapports Europe-Usa
Actusf : Comment avez-vous choisis les premiers textes ? Est-ce des commandes ?
Jérôme Leroy : J’ai tout simplement contacté les gens que j’aimais lire. Aussi bien dans la « sf », Walther, Wagner que dans le polar, Quadruppani. Dans un premier temps, les textes sont effectivement des commandes. Pour une raison simple, je voudrais avoir le temps d’installer la collection avec des noms un peu connus pour ensuite donner sa chance à des gens moins connus ou à des débutants. Je reçois d’ailleurs des manuscrits souvent très bons.
Actusf : Le fait d'être aussi écrivain et d'avoir été anthologiste est-il une aide pour travaillez sur cette collection ?
Jérôme Leroy : Disons que ça a plutôt facilité les choses. Auprès de l’éditeur pour le convaincre et auprès des auteurs qui me connaissaient et savaient qu’ils pouvaient me faire confiance, enfin je veux dire confiance à Winston Smith.
Actusf : Les deux premiers volumes de novella SF sont sortis à la fin de 2004. Il aura fallu attendre presque un an pour en voir deux autres volumes. Pourquoi ce laps de temps ? Que s'est-il passé ?
Jérôme Leroy : Non, pas un an : il y a eu deux volumes en octobre 2004 (Andrevon et moi-même), deux volumes en mai 2005 (Walther et Quadruppani) et deux autres en novembre 2005 (Héliot, Wagner). Si je compte bien, ça fait six en un an… En revanche, il faudra attendre fin 2006 pour une rafale de quatre.
Actusf : Quel est le premier bilan que vous tirez de cette aventure après ces premiers mois ? Parlons économies, de nombreux lecteurs nous disent être un peu arrêté par le prix des livres de la collection. Avez-vous le même retour ? Jérôme Leroy : D’abord je suis très heureux et très fiers d’avoir pu convaincre des écrivains que j’aime de tenter l’aventure. Pour le prix, bien sûr, c’est beaucoup trop cher. Mais sachez que c’est la seule chose qui ne dépend pas de moi. Des gens du Cafard Cosmique ont attaqué férocement le choix des textes et les couvertures : ca je veux bien assumer et je leur répondrais que s’ils peuvent faire mieux, qu’ils le fassent mais que s’acharner comme ça n’est ni très confraternel (j’accepte la critique, pas le lynchage) ni très malin quand on voit l’état du paysage éditorial en SF, toujours très précaire quand on veut publier des inédits. Alors, le prix, bien sûr. On réfléchit avec l’éditeur à une baisse qui a déjà commencé (les deux derniers titres ont passé sous la barre symbolique des 10 euros. Pour les quatre titres fin 2006 on voudrait tourner autour de sept euros. En même temps, je tiens à signaler, et il est hors de question qu’il en soit autrement, que les auteurs touchent un a-valoir pour travailler et que, sur le plan de la fabrication, il s’agit d’un boulot soigné. Mais encore une fois, pour le prix, je ne peux que donner mon avis, et je ne m’en prive pas.
Actusf : Quels sont les titres que vous programmez pour les mois qui viennent ?
Jérôme Leroy : Secret défense….
Jérôme Leroy : Oui, aussi loin que je remonte, je me vois toujours un livre à la main. J’ai d’ailleurs toujours un livre sur moi de peur de me retrouver coincé dans un embouteillage ou dans une gare à attendre un train. Et même de m’ennuyer, dans certaines soirées J’ai commencé à m’intéresser à la SF très tôt, en classe de cinquième en 77 grâce à une professeur de français qui avait choisi de travailler sur ce genre pendant un bon trimestre. Mon premier choc fut Ravage de Barjavel. Quel que soit l’arrière fond idéologique un peu douteux de ce roman avec un final franchement pétainiste (il a été écrit en 43), je tiens Ravage pour un texte majeur, encore aujourd’hui.…
Actusf : Vous souvenez-vous d'auteurs qui vous ont particulièrement marqué ?
Jérôme Leroy : Très vite j’ai été attiré par une SF qui tirait davantage vers l’anticipation politique. 1984 reste pour moi indépassable et c’est pour cela que ma collection, cela ne vous a pas échappé, est en fait dirigé par Winston Smith, le personnage créé par Orwell. Plus généralement, mon goût, en tant que lecteur, auteur et directeur de collection me pousse vers ce qu’on appelle pompeusement des dystopies ou des contre-utopies. J’aime aussi, mais c’est finalement assez voisin, ce que j’appelle les apocalyspes intimistes comme JG Ballard en a écrit avec Le vent venu de nulle part ou Sècheresse. J’adore aussi les uchronies et celles de Johan Héliot, un auteur de la collection, me semblent tout à fait remarquables. J’ai aussi une dette importante envers des écrivains qui ont compris le statut précaire de la réalité dans un monde hypertechnologique. Dick est le premier d’entre eux… Mais la génération cyberpunk aussi. En revanche, et je sais qu’en disant cela je ne vais pas me faire que des amis, l’heroic fantasy m’ennuie profondément. Cette évasion à tout prix me semble aussi infantilisante que les jeux de rôles ou les jeux sur console.
Actusf : Parlons un peu de votre poste aux éditions Le Rocher. Comment êtes vous devenu directeur de collection ? Est-ce vous qui avez proposé le concept de Novella SF ? Quelle est d'ailleurs la ligne directrice de la collection ? Qu'avez-vous envie de faire ?
Jérôme Leroy : Oui, c’est moi qui ai proposé le concept avec une idée simple : puisque je ne trouvais pas sur le marché ce que j’avais envie de lire, autant l’écrire et/ou le publier. La ligne directrice de la collection est simple : à travers le format de la Novella qui est historiquement lié au genre, j’ai voulu retrouver cette SF « adulte » des années soxante-dix qui se voulait une littérature d’évasion mais aussi une littérature d’intervention, au sens politique et contestataire du terme. Voilà pourquoi un des premiers auteurs que j’ai choisis fut Andrevon qui est un maître en la matière et qui lui aussi a du mal à supporter cette infantilisation du genre à travers l’impérialisme éditorial de l’heroic fantasy. Andrevon est le témoin d’une époque où la SF s’attaquait à de vris problèmes qui sont encore plus aigues aujourd’hui : pollution, marchandisation du monde, risque totalitaire lié aux technologies de pointes. Les textes que je sollicite ou que je recherche sont donc des textes de combat, des opérations de commando : je les veux rapides, violents et impitoyable dans la critique du monde d’aujourd’hui à travers le prisme de l’anticipation, par exemple Héliot sur le clonage et la société du spectacle ou Wagner sur les rapports Europe-Usa
Actusf : Comment avez-vous choisis les premiers textes ? Est-ce des commandes ?
Jérôme Leroy : J’ai tout simplement contacté les gens que j’aimais lire. Aussi bien dans la « sf », Walther, Wagner que dans le polar, Quadruppani. Dans un premier temps, les textes sont effectivement des commandes. Pour une raison simple, je voudrais avoir le temps d’installer la collection avec des noms un peu connus pour ensuite donner sa chance à des gens moins connus ou à des débutants. Je reçois d’ailleurs des manuscrits souvent très bons.
Actusf : Le fait d'être aussi écrivain et d'avoir été anthologiste est-il une aide pour travaillez sur cette collection ?
Jérôme Leroy : Disons que ça a plutôt facilité les choses. Auprès de l’éditeur pour le convaincre et auprès des auteurs qui me connaissaient et savaient qu’ils pouvaient me faire confiance, enfin je veux dire confiance à Winston Smith.
Actusf : Les deux premiers volumes de novella SF sont sortis à la fin de 2004. Il aura fallu attendre presque un an pour en voir deux autres volumes. Pourquoi ce laps de temps ? Que s'est-il passé ?
Jérôme Leroy : Non, pas un an : il y a eu deux volumes en octobre 2004 (Andrevon et moi-même), deux volumes en mai 2005 (Walther et Quadruppani) et deux autres en novembre 2005 (Héliot, Wagner). Si je compte bien, ça fait six en un an… En revanche, il faudra attendre fin 2006 pour une rafale de quatre.
Actusf : Quel est le premier bilan que vous tirez de cette aventure après ces premiers mois ? Parlons économies, de nombreux lecteurs nous disent être un peu arrêté par le prix des livres de la collection. Avez-vous le même retour ? Jérôme Leroy : D’abord je suis très heureux et très fiers d’avoir pu convaincre des écrivains que j’aime de tenter l’aventure. Pour le prix, bien sûr, c’est beaucoup trop cher. Mais sachez que c’est la seule chose qui ne dépend pas de moi. Des gens du Cafard Cosmique ont attaqué férocement le choix des textes et les couvertures : ca je veux bien assumer et je leur répondrais que s’ils peuvent faire mieux, qu’ils le fassent mais que s’acharner comme ça n’est ni très confraternel (j’accepte la critique, pas le lynchage) ni très malin quand on voit l’état du paysage éditorial en SF, toujours très précaire quand on veut publier des inédits. Alors, le prix, bien sûr. On réfléchit avec l’éditeur à une baisse qui a déjà commencé (les deux derniers titres ont passé sous la barre symbolique des 10 euros. Pour les quatre titres fin 2006 on voudrait tourner autour de sept euros. En même temps, je tiens à signaler, et il est hors de question qu’il en soit autrement, que les auteurs touchent un a-valoir pour travailler et que, sur le plan de la fabrication, il s’agit d’un boulot soigné. Mais encore une fois, pour le prix, je ne peux que donner mon avis, et je ne m’en prive pas.
Actusf : Quels sont les titres que vous programmez pour les mois qui viennent ?
Jérôme Leroy : Secret défense….