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Interview de Kevin J.Anderson
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Interview de Kevin J.Anderson

ActuSF : Comment avez-vous découvert la science fiction et qu'est-ce qui vous a plu dans ce genre là ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'en écrire ?
Kevin J.Anderson : Enfant, j’étais déjà fasciné par les livres de science-fiction et les films fantastiques. J’ai commencé à écrire mes propres histoires vers l’âge de huit ans, et elles semblaient toutes appartenir à ce genre. C’était ça qui m’intéressait – jouer avec l’imagination, les idées.

ActuSF : Qu'est-ce qui vous a amené à écrire pour Star Wars, Star Trek, X Files, etc ?
Kevin J.Anderson : J’ai d’abord commencé une carrière d’auteur professionnel, en écrivant de nombreux romans et nouvelles de mon propre cru, qui plaisaient à mon éditeur. Quand la possibilité de publier de nouveaux romans Star Wars s’est présentée, ce dernier a suggéré mon nom aux gens de Lucasfilm, qui ont apprécié mon travail. J’ai donc accepté l’invitation…

ActuSF : Comment jugez-vous les univers de ces séries et films, d'ailleurs ? 
Kevin J.Anderson : Je les aime beaucoup, évidemment. J’étais un grand fan de Star Wars, Star Trek et X-Files avant d’accepter de travailler pour eux.  C’est aussi vrai pour les romans Superman et Batman, Les derniers jours de Krypton et Ennemis et Alliés que j’ai écrits pour DC Comics. C’est bien trop difficile d’écrire dans un univers que vous n’appréciez pas.

ActuSF : Comment travaillez-vous pour ces romans ? Vous connaissez tous les épisodes par coeur ? Vous discutez avec les scénaristes ?
Kevin J.Anderson : Pour Star Wars, j’ai visionné les trois films originaux un nombre incalculable de fois et je les ai disséqués attentivement ; j’ai ensuite lu le matériel de background disponible, d’autres romans, même des guides de jeu. En ce qui concerne X-Files, j’ai effectivement vu tous les épisodes, et j’ai pris un avion pour Hollywood afin de rencontrer Chris Carter, le créateur de la série, et discuter de mes idées avec lui.

ActuSF : Est-ce qu'il n'y a pas un certain plaisir à se glisser dans l'univers de ces films ? Un certain confort presque ?
Kevin J.Anderson : En effet – par exemple, quand je travaillais sur X-Files, le studio m’avait envoyé les vidéos de tous les épisodes et la bande originale ; je faisais tourner le son et les images en même temps pour rester immergé dans l’univers. J’ai utilisé la même méthode pour Star Wars. J’étais déjà fan avant tout ça, et je le suis devenu plus encore en travaillant sur les romans.

ActuSF : Parlons de Dune, comment est née votre collaboration avec Brian Herbert ?
Kevin J.Anderson : Dune a toujours été mon roman de science-fiction préféré. J’avais lu l’intégralité du cycle, et tous les autres romans de Frank Herbert. Avant de décéder en 1986, il était clair qu’il avait l’intention de poursuivre la série – La Maison des Mères  s’achève sur un énorme Cliffhanger, et laisse l’intrigue inachevée. Une fois que j’ai été moi-même établi comme un écrivain à succès, j’ai rencontré Brian Herbert et je lui ai fait part de mon opinion que l’histoire devait être terminée. Quand nous avons découvert les notes de son père détaillant d’autres parties de l’histoire, nous avons compris qu’il restait de nombreuses choses à raconter.

ActuSF : Quel regard avez-vous sur cette série majeur de la science fiction mondiale et sur le travail de son créateur ?
Kevin J.Anderson : Je considère Dune comme le meilleur roman de science-fiction à ce jour. Frank Herbert a bouleversé le genre entier, en écrivant une histoire qui a démontré l’immense étendue de ses possibilités. Personne d’autre n’a été capable d’en faire autant.

ActuSF : Est-ce que la peur du sacrilège n'est pas paralysante ? Vous sentez-vous complètement libre dans vos histoires, ou l'ombre de Frank Herbert pèse-t-elle sur vos épaules ?
Kevin J.Anderson : Le fantôme de Frank Herbert est toujours présent derrière nous, mais c’est une bonne chose. Il nous a légué un incroyable héritage, et avec Brian, nous avons le devoir d’en maintenir la richesse et la complexité. Dieu merci, alors que nous venons de publier le onzième opus de la série, les fans continuent à nous suivre et à manifester leur enthousiasme pour chaque nouveau volume. Quand nous élaborons nos histoires, nous devons respecter les limites établies par l’oeuvre de Frank Herbert ; mais l’univers est immense, et cela nous laisse largement l’espace nécessaire pour exprimer notre créativité.

ActuSF : Quel est le regard du public ? Est-ce que l'annonce de la poursuite de l'oeuvre de Franck Herbert a été bien accuellis ?
Kevin J.Anderson : Tous ceux qui ont lu La Maison des Mères savent que Frank Herbert voulait continuer son oeuvre, et que nous ne publions pas des histoires qui n’auraient pas besoin d’être racontées. Parce que l’ultime roman de Frank L’Homme de deux mondes était une collaboration avec son fils, et qu’il avait demandé à Brian de poursuivre avec lui l’écriture de Dune, nous sommes convaincus que cet effort est légitime. Une partie des fans étaient sceptiques quand ils ont entendu parler du projet pour la première fois, et certains ont posté des commentaires très négatifs avant d’avoir lu le premier roman, La Maison Atréides. Après la sortie du livre, cependant, nous avons reçu un grand nombre de lettres d’excuses.

ActuSF : Que répondez-vous à ceux qui pensent que ce n'est pas à la hauteur de Frank Herbert ?
Kevin J.Anderson : Nous ne pensons pas être capables (nous-mêmes ou qui que ce soit d’autre) de rivaliser avec le génie de Frank Herbert. Notre style n’est pas identique à celui des premiers Dune, mais souvenez-vous que le style de Frank Herbert a  lui-même beaucoup varié, même entre Dune et Le Messie de Dune. Nous avons une communauté de fans très active, et des millions d’exemplaires de nos romans sont diffusés à travers le monde. Bien évidemment, ceux qui le préfèrent peuvent tout à fait se contenter de relire la série originale.

ActuSF : Vous avez fait beaucoup de collaborations, que ce soit avec Brian Herbert, Doug Beason, Dean Koontz ou Rebecca Moesta. D'abord pour quelles raisons et que vous ont-elles apportées ? Quelles ont été les plus importantes ?
Kevin J.Anderson : Tous mes amis les plus proches sont également écrivains, et j’apprécie réellement d’échanger, de creuser des idées, d’élaborer des histoires avec d’autres gens. J’aime apprendre d’autres auteurs, et cela nous permet de créer quelque chose que nous n’aurions pas pu produire séparément. Je suis marié avec Rebbecca Moesta depuis 18 ans, c’est donc avec elle que j’entretiens, et de loin, la relation de travail la plus proche.

ActuSF : Comment est née La Saga des Sept Soleils ?
Kevin J.Anderson : Je voulais écrire une histoire colossale qui tirerait parti de toutes les ressources du genre – d’une certaine façon, la Saga des Sept Soleils est une lettre d’amour à la science-fiction, avec une profusion de personnages, de monstres, d’extra-terrestres et de planètes. J’ai lu beaucoup de cycles de fantasy au long cours, et j’ai pensé qu’il était temps que quelqu’un fasse la même chose en science-fiction.

ActuSF : Qu'aviez-vous envie de faire avec cette série ?
Kevin J.Anderson : Ce que j’avais à raconter nécessitait véritablement sept gros romans… pas juste un premier volume et d’autres aventures qui s’y rajoutent. Tout était structuré dans mon esprit depuis le début, puis s’est développé au fil de mon écriture. Je voulais que les gens le lisent et réalisent à quel point les possibilités de la science-fiction peuvent être excitantes. 

ActuSF : Parlez-nous des Ildirans et des Klikiss. Comment les voyez-vous ?
Kevin J.Anderson : Les Ildirans sont une race humanoïde, mais il y a des différences significatives. Dans un roman de fantasy, ils auraient été comme les elfes, une race capricieuse et ancienne sur le déclin, mais encore très puissante. Les Klikiss sont une race perdue, une civilisation d’insectes intelligents qui ont laissé derrière eux des cités en ruine et d’inquiétants robots-scarabées à leur image.

ActuSF : Envisagez-vous d'autres romans dans cet univers ?
Kevin J.Anderson : Je pense qu’il était très important de TERMINER l’histoire au moment où je m’étais engagé à le faire. Les lecteurs n’aime pas quand l’auteur persiste à leur balader une carotte sous le nez de tome en tome, bien après le moment où la série aurait dû s’achever. Les sept Soleils forment donc un cycle complet. Cependant, l’univers que j’ai créé est très vaste, avec quantité de personnages et de planètes. Il n’est pas impossible que j’y revienne avec d’autres intrigues.
Néanmoins, je suis actuellement en plein milieu de l’écriture d’une série de fantasy très ambitieuse, Terra Incognita, avec des grands navires, des monstres marins et des croisades, dans un monde qui ressemble à l’Europe au temps des grands explorateurs. Le premier tome, The Edge of the World, est sorti en juin dernier, et je viens juste de terminer le second, The Map of All Things. Un autre aspect unique de ce projet est la collaboration avec le groupe Roswell Six, qui sort parallèlement un CD où une partie de l’histoire est retranscrite sous forme d’opéra-rock (toutes les paroles sont de Rebecca et de moi.) Vous pouvez jeter un œil sur le livre et le CD ici : http://www.anderzoneshop.com

ActuSF : Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Kevin J.Anderson : The Map of All Things est en cours de production, et je suis en train de travailler avec Rebecca sur les paroles du CD qui l’accompagnera. Par ailleurs, Brian Herbert et moi sommes en train d’écrire un roman original (sans lien avec l’univers de Dune), Hellhole. Et avant la fin de l’année, je dois commencer la rédaction du troisième et dernier tome de Terra Incognita.

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