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Interview de Laurent Kloetzer
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Interview de Laurent Kloetzer

Nous : Une première question assez classique pour faire connaissance : vous souvenez-vous d'un livre ou d'un moment qui vous ait fait plonger dans littérature ? Comment est née votre passion pour la littérature ?
Laurent Kloetzer : J'ai lu Le seigneur des anneaux quand j'avais 12 ans et ça a changé ma vie. Pour moi, il y a clairement eu un avant et un après. J'ai compris que les livres pouvaient faire vivre un autre monde et le faire partager.

Nous : Une seconde question tout aussi classique : Comment en êtes-vous venu à l'écriture ? A quel moment Laurent Kloetzer s'est-il dit qu'il voulait écrire des livres ?
Laurent Kloetzer : Essentiellement par le jeu de rôle. Quand j'étais gamin, j'avais écrit quelques petites histoires, puis je me suis mis à jouer, ce que j'ai adoré. Mes premiers textes étaient le récit de ce qui se passait "entre" les parties, ou bien le récit de certains évènements particulièrement intenses. Ecrire permettait de fixer ces évènements, de ne pas les oublier, de les rendre éternels d'une certaine manière. Puis j'ai écrit quelques aventures de Jaël de Kherdan (le héros prétentieux, pas le personnage de Mémoire Vagabonde) qui n'étaient liées à aucune partie de jeu de rôle. Et après les avoir fait lire, je me suis senti plus assuré et j'ai écrit quelques autres nouvelles, et un roman (qui ne sera jamais publié, parce que vraiment très mauvais). Mais j'avais réussi à remplir 400 pages, alors je me suis dit que j'allais recommencer, parce que c'était vraiment marrant.

Nous : Allez hop, une troisième : Quelles sont vos influences ?
Laurent Kloetzer : Mes grandes influences sont les livres de Fantasy que j'ai lu étant ado. Même quand ils étaient mauvais, ils m'ont beaucoup marqué… Dans le désordre :
- JRR Tolkien , pour tout. Le sens de l'épique, l'univers, le fait de pouvoir y croire. (Le seigneur des anneaux, Bilbo le Hobbit, Le Silmarillon)
- Michael Moorcock , pour l'ambition de son projet littéraire, pour son imaginaire complètement baroque.(Le cycle d'Elric, celui d'Hawkmoon, celui de Corum, Le chien de guerre et La douleur du monde, Gloriana.)
- Fritz Leiber , pour son écriture, pour le fait que ses histoires disent des choses très personnelles, pour l'humanité de ses personnages.(Le cycle des épées)
- Robert E. Howard , parce que c'était un homme très sincère, qui avait un vrai sens de l'histoire, de l'aventure, de l'épique.(Conan, Bran Mak Morn, El Borak, Kull, Soloman Kane, Wild Bill Clanton, Agnès de Chastillon, Sonya la rouge…)
- Roger Zelazny , qui a le sens de la démesure et de l'humanité. Un des rares auteurs que j'ai eu l'impression de connaître personnellement après avoir lu ses livres.(Le cycle d'Ambre, Seigneur de lumière, Toi l'immortel, La pierre des étoiles, Songe d'une nuit d'octobre…)
Ensuite, certains auteurs ont influencé certains bouquins en particulier. Arturo Perez Reverte (Le tableau du maître flamand, Le maître d'escrime, La peau du tambour, club Dumas), pour La voie du cygne, et Léo Malet (Les nouveaux mystères de Paris) pour Réminiscences 2012.

Nous : Quelles sont vos sources d'inspirations ?
Laurent Kloetzer : Les gens que je fréquente, les livres que je lis, ma vie, mon enfance, mes parties de jeu de rôle, le magazine l'Histoire, l'air du temps…

Nous : En parlant de vos influences, vous avez un personnage, Alex, que vous le nommez " Le compagnon du héros ". Est-ce un hommage à Moorcock ? Si oui, Pourquoi ?
Laurent Kloetzer : Ben oui. Je le dis même explicitement. J'aime Moorcock et j'aime son idée du champion éternel, cette théorisation qu'il a faite du rôle des héros. J'ai toujours trouvé que les compagnons de héros de Moorcock étaient plus sympathiques que ses héros. J'étais fan de Tristelune d'Eshmir, de Jhary-a-conel, de Huillam d'Averc… (Dorian Hawkmoon est d'ailleurs un héros vraiment inconsistant). Et puis quel sens des noms, chez Moorcock ! Ca claque, ces noms de personnages.

Nous : L'une des caractéristiques principales de vos trois ouvrages est apparemment un goût pour des ambiances bien particulières. Est-ce une volonté de votre part ? C'est quelque chose que vous travaillez particulièrement ?
Laurent Kloetzer : Je suis curieux de savoir ce que vous voulez dire par "ambiances bien particulières". Je ne travaille pas les ambiances des histoires, mais il y a des atmosphères que j'aime. Les ambiances de carnaval et de bordel, pour Mémoire Vagabonde, ou bien les fins du monde "à l'américaine", hyper-violentes et froides, comme pour Réminiscences. Le livre sur lequel je travaille se déroule dans une ambiance d'aventures, de batailles et de conquêtes (entre autres…)

Nous : En lisant vos trois livres, on est frappé par les liens qui les relient. A chaque fois, vous glissez des évocations, des références à vos autres romans. Etes vous attiré comme certains auteurs par l'idée d'un univers commun à tous vos récits ?
Laurent Kloetzer : J'aime le travail de Moorcock qui connecte tous ses univers. Mes récits ont au moins un univers commun : le mien ! Les mondes imaginaires, les personnages, tout ça plonge dans la vie, s'y mêle. On vit avec eux, on leur accorde de l'importance, parce qu'ils en ont et qu'ils la méritent. Il n'y a pas de fiction.

Nous : On peut aussi noter de nombreuses références à des groupes de rock comme les Beatles, Led Zeppelin ou Noir Désir, quelle place tient la musique dans votre vie et dans votre écriture ?
Laurent Kloetzer : Si c'est la question, je n'en joue pas, je suis juste un bête amateur. La musique est toujours associée à des périodes de ma vie, à des atmosphères. Les références musicales, dans Réminiscences, me rappellent ces moments auxquels les chansons sont associées. Pour Noir Désir, il y a un truc particulier. Je trouve que les paroles de leurs chansons n'en ferment pas le sens. Ce sont des chansons qui me font rêver, qui évoquent des images.

Nous : On est frappée en lisant Réminiscences 2012 par la multiplicité des thématiques. Vous semblez à la fois attiré par le polar, la fantasy, le fantastique ou par des thèmes aussi diverses que les vampires, la drogues, l'utopie. Est-ce exact ?
Laurent Kloetzer : Réminiscences est conçu comme un catalogue de tout ce que j'aimais quand je l'ai écrit. Les auteurs, les musiques, les styles d'histoire…

Nous : Pour autant, pour l'instant, vous avez écrit surtout dans le cadre des littératures de l'imaginaire. Tout d'abord pourquoi ? Et ensuite, avez-vous envie d'œuvrer un jour dans d'autres domaines ?
Laurent Kloetzer : Je ne me suis jamais posé la question. Si j'ai écrit dans des mondes imaginaires, c'est parce que j'ai grandi avec ça et que je veux écrire des livres que je voudrais lire. Je n'ai jamais réussi à écrire sur ici et maintenant, mais ça ne veut pas dire que je ne le ferai pas.

Nous : On vous dit scientifique, et pourtant, vos intrigues ne comportent pas franchement d'éléments scientifiques ? Cela signifie-t-il que la science en tant que matière littéraire ne vous inspire pas ?
Laurent Kloetzer : J'ai une formation scientifique. Mais ça ne joue pas dans mon inspiration. Si des éléments scientifiques me font rêver, je les utiliserai. La SF pleine de théories d'astrophysiques sur les supercordes ne m'intéresse pas. Par contre, si les personnages sont bons…

Nous : Quel est la genèse de Réminiscences 2012 ? Vous aviez déjà écrit les textes ou vous les avez réalisé exprès ?
Laurent Kloetzer : J'ai écrit les 12 nouvelles entre 1994 et 1997, avec l'idée de faire un recueil dès que j'en ai eu trois de réunies. L'ordre d'écriture est le suivant :
· Monsieur K. sauve le monde (novembre 2012)
· Monsieur K. court la poupée (mai 2012)
· Dream On (janvier 2012)
· Know (octobre 2012)
· Monsieur K. et la machine à rêves (Août 2012)
· Monsieur K. et la cité de métal (Juillet 2012)
· Winterblues (mars 2012)
· Poignée de pluie (février 2012)
· Monsieur K. dans le labyrinthe (septembre 2012)
· Le scarabée (Juin 2012)
· Mauvaise rencontre dans la ville (avril 2012)
· Dream Over (décembre 2012)
(+ deux nouvelles écrites après constitution du recueil : Back In Black et Monsieur K. est en haut)

Nous : Comment qualifieriez vous l'univers de Réminiscences 2012 ? Cela à l'air d'un monde très noir non ?
Laurent Kloetzer : C'est le but, en tous cas. Si quelqu'un a envie d'y vivre, c'est que j'ai raté mon coup :o). C'est un univers très caricatural, très simplificateur, inspiré du cyberpunk et de Joël Houssin, dans Le temps du twist, excellent roman que je conseille (Folio SF). En gros, un univers glacé, urbain et sans espoir. Pas du tout comme le nôtre, quoi.

Nous : Quels sont vos rapports avec vos héros et notamment Monsieur K ?
Laurent Kloetzer : Ca fait un moment que je n'ai pas vu Alex. En mars de cette année, la dernière fois, si je me souviens bien. Je sais qu'il repassera un jour…

Nous : Quels sont vos projets désormais ?
Laurent Kloetzer : Un gros roman d'aventures épique et héroïque qui n'a pas encore de titre mais qui me tient très à cœur. Il se passe dans le même univers que Mémoire Vagabonde ou La voie du cygne, mais pas du tout à Dvern. Dans d'autres pays, et il se déroule sur une trentaine d'années.

Nous : Vous êtes encore un tout jeune auteur. Comment vous voyez-vous dans 30 ans ? Quelles sont vos envies pour le futur ? Avec des dizaines de bouquin à votre actif ?
Laurent Kloetzer : Aucune idée. Je sais juste que je veux continuer à écrire, mais peut-être que j'en aurai marre et que j'irai faire du cheval en Mongolie (ce qui nécessiterait que j'apprenne l'équitation) ou reconstruire des vieux châteaux forts. Ecrire, c'est une manière de donner du sens au monde, de lutter contre ses tendances à l'absurde et au cynisme, que je n'aime pas du tout.

Nous : Qu'est-ce que l'on peut maintenant souhaiter à Laurent Kloetzer ?
Laurent Kloetzer : Pour l'instant, d'avoir du temps. Pour finir mon roman.

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