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Interview de Licia Troisi
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Interview de Licia Troisi

ActuSF : Il est indiqué au début du livre que vous écriviez des histoires à 7 ans que vos parents compilaient dans un cahier bleu. De quoi parlaient ces histoires ?
Licia Troisi : La première chose que j’ai écrite, c'était des fables, des historiettes. Mon premier « recueil » s’appelait les Mille et Une Licia. L’année d’après, l’été de mes 8 ans, chez mes grands-parents, j’ai commencé à écrire une œuvre plus ambitieuse (rires)…de 20 pages inspirée du dessin animé Princesse Sarah. Ca s’appelait Sindy & Mindy.
 
ActuSF :  Et depuis cette époque vous avez toujours continué à écrire ?
Licia Troisi : Pendant un moment un journal, des impressions personnelles parfois des petites histoires mais qui n’avaient pas vraiment de structure. Et à 21 ans, j'ai repris la plume pour écrire l'histoire de Nihal.

ActuSF : En tant qu’astrophysicienne, vous n’avez pas été tentée d’écrire de la SF, plus proche de votre domaine de recherche ?
Licia Troisi  : Non paradoxalement je ne me suis jamais sentie attirée par la SF. Par contre l’univers de la fantasy m’a toujours attirée. Même si finalement, quand j’ai commencé à écrire, je ne le connaissais pas tant que ça. J’avais lu Tolkien ; Rowling, Marion Zimmer Bradley mais je connaissais cet univers à travers les BD, les livres, les films, les dessins animés. J’appréciais cet univers qui offrait une grande place à la créativité, à l’imagination.
 
ActuSF  : Et maintenant que vous êtes investie dans cet univers, vous lisez plus de fantasy qu’avant ?
Licia Troisi  : Oui bien sûr, c’est nécessaire. Même si je tiens à ce que la lecture reste un plaisir, j’ai besoin pour mon écriture d’être "calée" dans ce domaine. J’essaie de ne pas me limiter à ce genre là, à rester ouverte à toutes sortes de lecture comme je l’ai toujours été. C’est ça qui me nourrit..
 
ActuSF  : Justement, quelles sont les livres qui vous ont nourri ?
Licia Troisi  : Quand j’étais adolescente, j’étais passionnée par Gabriel Garcia Marques. Cent ans de solitude est resté longtemps un de mes livres préférés. Et puis il y a eu Umberto Ecco avec Le Nom de la rose, je l’ai lu des dizaines de fois.
Parmi les italiens, j’aime bien Andrea Camilleri, un auteur de polars qui introduit dans ses livres du dialecte sicilien. Récemment j’ai découvert Yasmina Khadra.
 
ActuSF  :  Et puisqu’on évoque vos goûts sur votre site Internet, vous parlez de la musique que vous aimez. Ecoutez-vous de la musique quand vous écrivez. Et si oui laquelle ?
Licia Troisi  :  Non je n’écris pas en musique car je ne veux pas être distraite.
Par contre, ça peut m’arriver de faire une compilation dans l’après-midi pour créer une ambiance, pour me préparer à écrire le soir. J’aime le rock, surtout Muse, les chanteurs italiens à texte, la musique classique, Bach notamment dont mon mari m’a offert une compilation.
 
ActuSF  : Vous dites vous préparer pour écrire le soir. C’est votre moment de prédilection pour écrire ?
Licia Troisi  : Oui. Au départ, je n’avais pas le choix puisque je travaillais au laboratoire pendant la journée. Maintenant même si je travaille un peu moins, je continue à me sentir plus créative le soir. Et pendant les longs voyages en train. Je ne sais pas pourquoi l’avion ne me fait pas le même effet mais le train m’inspire beaucoup.
 
ActuSF  : Vous avez une épée accrochée dans votre salon. Le roman compte de nombreuses scènes d’escrime. Vous pratiquez l’escrime ?
Licia Troisi  :  Non même si ça me serait certainement très utile de mieux maîtriser l’escrime médiévale. Mais comme j’ai de moins en moins de temps c’est certainement quelque chose que je n’arriverais jamais à faire. Quant à l’épée suspendue dans mon salon, elle n’a pas de fil, on ne peut pas se battre avec (heureusement ajoute-t-elle en riant). Elle a été créée par un artiste américain qui s’inspire du monde médiéval.
 
ActuSF  : Donc ce n’est pas l’épée de Nihal ?
Licia Troisi  : Non (rires). Mais des adolescents l’ont fabriquée l’épée de Nihal à l’occasion de cosplay où ils se travestissaient en personnages de la trilogie. Dans le 3e livre, il y a un pendentif comme celui-ci (elle montre celui qu'elle porte au cou). C’est un lecteur qui l’a fabriqué et qui me l’a envoyé.
 
ActuSF  :  Les dragons jouent un rôle important dans le 1er tome. On sent une certaine fascination pour ces créatures. Quand et comment vous est-elle venue ?
Licia Troisi  : Quand j’étais adolescente j’étais passionnée par les dinosaures et convaincue que je deviendrai paléontologue. A mon avis, la légende des dragons vient des dinosaures. Quand l’homme a retrouvé certains de leurs squelettes et n’a pas compris d’où ils venaient, il a inventé la légende des dragons. Ce qui me fascine chez les dragons, c’est la puissance qu’ils symbolisent et aussi leur capacité à voler.  Chez moi il y a des statuettes de dragon partout, les gens continuent à m’en envoyer mais moi je n’en achète plus car c’est envahi de dragons.
 
ActuSF  : Vous entamez une troisième trilogie. Ca ne vous impressionne pas la distance à tenir, vous lancer chaque fois dans un travail de longue haleine ?
Licia Troisi  :  Au contraire. Je suis plutôt du style bavard et prolixe. Donc dans les livres c’est pareil. Pour mon dernier livre quand j’ai fait le plan j’avais 20 chapitres puis j’en ai rajouté, rajouté si bien que je suis passée à 30 chapitres. J’ai besoin de temps pour écrire tout ce que je veux, de déployer mes personnages. Ce qui est difficile pour moi c’est plutôt d’écrire une nouvelle
 
ActuSF  :  La Stampa a présenté votre livre comme  "le signe d'un phénomène éditorial toujours plus important : il s'agit de livres qui s'adressent à une classe d'âge comprise entre 12 et 18 ans, mais ils peuvent être lus avec plaisir par les adultes, donc des livres qui regroupent différentes générations …" A quelle(s) génération(s) avez-vous le sentiment de vous adresser ?
Licia Troisi  : Je ne me pose pas la question de la cible. Je me représente un lecteur idéal qui me ressemble, qui a les mêmes goûts que moi. Mais en tant qu’écrivain, j’espère que mes livres sont lus par un public le plus large possible.
Ca ne me dérange pas d’être "cataloguée " en littérature jeunesse, je me sens proche du monde des adolescents.
 
ActuSF  :  Quelles sont vos relations avec vos lecteurs ?
Licia Troisi  : Je reçois des mails ou de lettres de lecteurs qui ont entre 13 et 20 ans. Cela arrive que des gens plus âgés m’écrivent, notamment des parents qui ont lu les livres en même temps que leurs enfants. J’essaie de répondre à tous ceux qui m’écrivent, une moyenne de 20 mails par jour. J’ai parfois un peu de mal à gérer. Heureusement, il y a d’autres moyens  pour rester en contact avec mes lecteurs. Ils viennent lire et commenter les posts de mon blog. Il y a le forum sur lequel je passe du temps pour répondre aux questions qui me sont posées. Et puis je fais beaucoup de présentations en Italie, environ un week-end sur deux.
 
ActuSF  : Y a-t-il des projets d’adaptation cinématographique ?
Licia Troisi  : Oui il y a une maison de production italienne qui a bloqué les droits d’adaptation du 1er livre. Mais c’est encore un projet très vague. Ils essaient de trouver une solution, ils aimeraient faire une collaboration européenne. Ils cherchent des partenaires en Allemagne notamment. Mais pour l’instant c’est encore au stade embryonnaire, il n’y a pas de réalisateur pressenti. Croisons les doigts pour que les choses se précisent et se réalisent.
 
ActuSF  : Puisqu’on parle de projets transfrontaliers, dans combien de pays avez-vous été traduite ?
Licia Troisi  : Portugal, Espagne, Allemagne, Brésil, Turquie, Russie, Pologne et bientôt en Pologne, Hongrie , Roumanie, Norvège et aux Pays-Bas.
 
ActuSF  : De quel personnage que vous avez créé vous sentez-vous le plus proche ?
Licia Troisi  : Celui qui me ressemble le plus c’est Nihal, mon alter égo, un double de mon adolescence. Mais celui dont je suis le plus fière c’est Ido. C’est celui que j’ai le mieux réussi jusqu’ici.
 
ActuSF  : Quels sont vos projets ?
Licia Troisi  : Boucler la 3e trilogie du Monde Emérgé que j’ai entamée. Puis écrire le 2e tome de la Fille aux dragons, une nouvelle aventure en 5 volumes. J’en suis au stade de la documentation, c’est un univers très différent, une imbrication entre le fantastique et le monde réel...

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