Actusf : Je voudrai commencer par le premier titre de la nouvelle collection, Exofictions. Comment avez-vous choisi Silo et qu'est-ce qui vous a donné envie de le publier ?
Manuel Tricoteaux : Cela faisait un petit moment que nous voulions lancer une collection de SF chez Actes Sud. Mais il nous fallait un titre fort et grand public à la fois pour lancer une telle collection en grand format. J'avais eu le manuscrit de Silo par le biais d'un agent mais je ne l'avais pas lu tout de suite. Et puis j'ai découvert que Ridley Scott en avait acheté les droits. Et là je me suis dit qu'il fallait que je le lise !
J'ai été pris tout de suite par le texte. La trame n'est pas révolutionnaire, mais j'ai trouvé une puissance narrative extraordinaire, qui est la marque des plus grands.
Actusf : Est-ce que c'est le genre de science fiction que vous souhaitez dans la collection : du postapocalyptique qui dit des choses sur notre monde ?
Manuel Tricoteaux : La science fiction dit toujours des choses sur la société. Mais non, je ne vais pas faire que du postapocalyptique. L'idée c'est que la collection aura des titres très différents. On aimerait par exemple en plus de Silo rééditer des livres de R. A. Lafferty, un auteur important mais qui n'est pas trop connu et dont la plupart des romans ne sont pas traduits chez nous. Et puis, comme on le fait chez Actes Sud, on aimerait explorer des domaines linguistiques peu représentés en France. On a par exemple retenu un roman japonais de steampunk et un roman israélien de fantasy. Après c'est vraiment la force des récits qui nous importe. Et on les veut solide sur le plan de l’écriture. On aura un rythme de parution assez faible, entre quatre et six romans par an.
Actusf : Parlez-nous des deux volumes à venir de Silo ?
Manuel Tricoteaux : C'est difficile de vous en parler sans gâcher le plaisir de ceux qui n'ont pas encore lu le tome 1. Disons que dans le premier tome on découvre l'univers du silo. Et que dans le tome 2, on en explore à la fois l'origine et l’avenir.
Actusf : Je voudrai revenir sur R. A. Lafferty. C'est vrai que cela fait longtemps qu'il n'a pas été édité en France. Qu'est-ce qui vous intéresse chez lui ?
Manuel Tricoteaux : Ses livres ne ressemblent à aucun autre. Sa prose est complément folle. Plus que de science fiction, on pourrait parler de philo-fiction. Tous à Estrevin ! possède par exemple une liberté et une démesure extraordinaire. D'ailleurs Neil Gaiman a racheté ses droits pour le monde anglo-saxon. J'espère que cela va faire un peu d'actualité là bas pour le mettre en lumière. Et l'année prochaine, ce sera le centenaire de sa naissance...
Actusf : Vous publierez des français ?
Manuel Tricoteaux : Si on en trouve, pourquoi pas. Nous ne sommes pas fermé. Ils seront en tout cas logés à la même enseigne que les étrangers. Quand un texte est bon, il est bon.
Actusf : Quels sont les autres romans que vous allez publier ?
Manuel Tricoteaux : On a une trilogie de James S. A. Corey (un pseudo qui cache deux auteurs, Daniel Abraham et Ty Franck, l'assistante de George R.R.Matin). C'est un space opera où il y a un peu de tout, du polar, des zombies. Il est aussi passionnant que ludique.
Actusf : Après ce premier tome de Silo, quel est le planning de la collection ?
Manuel Tricoteaux : Les choses ne sont pas encore totalement arrêtées. Nous aurons deux ou trois titres au premier semestre 2014. Parmi ceux-là, il y aura probablement le roman japonais de steampunk. Il s'appelle Ada de Yamada Masaki et évoque Ada Lovelace, la fille de Byron. Nous aurons aussi peut être le premier roman de Lafferty et le deuxième de Silo.
Quant au second semestre, on fera sans doute le tome 3 de Silo, le début de la trilogie space opera et le roman israélien, Le Monde de la Fin d'Ofir Touche Gafla.