Actusf : Y'a-t-il des albums ou des dessinateurs qui vous ont particulièrement marqué ou qui vous ont laissé un souvenir fort ?
Marc-Antoine Boidin : Des dessinateurs qui m'ont marqué, il y en a plein... c'est surtout les contacts directs aux planches originales dont je me souviens. J'ai été par exemple, très impressionné par le travail de François Boucq lors d'une expo sur "bouche du diable" que j'ai vu par hasard en 92, dans une école d'arts appliqués à Roubaix où j'étais étudiant. Splendide ! Ca a été vraiment un choc. J'y suis retourné tous les jours durant les deux semaines d'exposition pour m'imprégner du moindre détail.
Actusf : Quand avez vous décidé de devenir dessinateur BD ?
Marc-Antoine Boidin : C'est en rentrant à l'école d'Angoulême, après avoir essayé la pub et les Beaux-arts où je ne trouvais pas ma place. C'est le dessin qui m'intéressais plus que la BD et c'est à l'école d'Angoulême, avec la rencontre d'autres étudiants que j'ai découvert le potentiel narratif de ce support.
Actusf : Comment avez-vous rencontré Pascal Bertho et comment avez-vous décidé de travailler ensemble ?
Marc-Antoine Boidin : J'ai rencontré Pascal par le biais d'un ami, Malo Kerfriden, étudiant lui aussi à Angoulême. J'avais envie de dessiner et lui avait des histoires qui me plaisaient, c'est pas plus compliqué.
Actusf : Pascal Bertho dit être partit d'une liste de vos envies. Quelles étaient-elles ?
Marc-Antoine Boidin : Il m'a, en effet, demandé ce que je voulais dessiner. J'ai alors commencé à dessiner des trucs dans le vide avec des légendes du type "ça c'est un scaphandrier, ça c'est une sorte de bus, ça c'est un tube de colle, ... " Un beau bordel ! Il a fini par me demander de faire une liste de ce que je voulais dessiner. Pour la retrouver c'est simple, vous prenez les trois tomes de la série et vous faites l'inventaire des objets et décors qui la composent. Pascal a tout pris et m'a fait un scénario sur mesure tout en y mettant ses idées. Bref un professionnel.
Actusf : L'univers de Kérioth est quelque part entre la science fiction et le steampunk, est-ce que ce sont des genres que vous appréciez ? (en littérature ou en BD, ou au cinéma)
Marc-Antoine Boidin : Je connais-pour être honnête-très peu de choses, de domaines ou de genres. Je manque de curiosité. Je fonctionne plus au coup par coup. Quand j'ai l'occasion de voir ou de lire quelque chose qui me touche, je ne peux donc pas dire que j'apprécie tel ou tel genre, je ne les connais pas vraiment.
Actusf : En vous lançant dans Kérioth, y'avait-il des oeuvres auxquelles vous aviez envie de vous référer ?
Marc-Antoine Boidin : Disons que mes références et (peut-être) celles de Pascal(à part quelques dialogues des tontons flingueurs repris tels quels), sont remontées à la surface sans y penser forcément. Je suis, pour ma part, un instinctif, c'est plus des influences que des références. J'aurai, d'ailleurs, là aussi, du mal à en dresser une liste. C'est peut-être le gros défaut de la série. On est parti d'une liste de mes clichés, de trucs que j'aimais bien, une liste de références personnelles inconscientes. Le tout manque donc un peu de "personnalité". De plus quand on est deux sur un projet qui plus est le premier, il faut du temps pour trouver cette dernière. Peut-être le prochain.
Actusf : Kérioth est votre première série, quel regard portez-vous sur l'expérience et cela vous a-t-il donné envie de poursuivre ?
Marc-Antoine Boidin: J'aimerai à l'avenir travailler plus sur l'aval du projet, bien mettre en place la narration en travaillant la totalité du story-board avec Pascal afin d'éviter les "re-dites" narratives et les problèmes de rythme. Mais pour cela il faut qu'un éditeur nous en donne les moyens... Envie de continuer la BD ? Oui, bien sûr, on n'a à peine commencé… Envie aussi d'essayer d'autres domaines comme le dessin-animé ou l'illustration. Enfin à tout ce qui touche au dessin... on y travaille.
La chronique de 16h16 !