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Présentation de l'interview :
Autre coup de cœur mais cette fois-ci côté Japon, cette série (2 volumes parus, série complète en 6 volumes, le dernier devrait sortir en France en mars 2013) est atypique et ensorcelante à plus d’un titre.
Peintre de formation, Mari Yamazaki a voyagé, c’est le moins qu’on puisse dire, en Europe, en Italie notamment où elle a vécu, puis au Maroc, au Portugal et à Chicago où elle vit désormais.
Avec cette série elle montre son amour et sa connaissance du monde antique : L’action se situe dans la Rome impériale, sous le règne éclairé d’Hadrien (Empereur du 10 août 117 au 10 juillet 138 après J.C.). Lucius Modestus, architecte spécialisé dans les thermes se voit congédié du cabinet pour lequel il travaille car on juge ses réalisations pas assez modernes… Dépité, fatigué notre héros va aller se changer les idées dans les bains publics romains. Plongeant la tête sous l’eau, il va être aspiré par un trou d’évacuation et se retrouver projeté de nos jours dans un bain public japonais !
On peut assurément comparer ce manga à un tour de magie : tout d’abord le graphisme atypique de Mari Yamazaki, qui peut surprendre au premier abord, rend ce manga différent et possède un charme certain.
Ensuite vient l’histoire, si le voyage dans le temps apparaît régulièrement dans le manga, que ce soit avec Zipang de Kaiji Kawaguchi, ou sa nouvelle série, Boku wa Beatles non encore traduit en France, Jin de Motoka Murakami, mais également Amakusa 1637 de Mishiyo Akaishi, L’école emportée de Kazuo Umezu et Quartier Lointain de Jiro Taniguchi, le voyage est ici un prétexte idéal pour confronter un homme à l’inconnu.
La formule est à prendre ici au pied de la lettre : Modestus, découvre un monde qui peut lui paraître à la fois proche et formidablement lointain, et est obligé de comprendre non seulement les us et coutumes « modernes » mais guère éloignées de pratiques de son temps, et le processus de fabrication d’un objet moderne qu’il veut reproduire à son époque avec les moyens du bord… On songe alors au steampunk et à l’uchronie. Mais ce n'est pas le cas ! Mari Yamakazi s’amuse à mettre en œuvre dans chacune de ces petites histoires, qui ont comme fil rouge l’ascension de Lucius Modestus au sein de la société romaine grâce à ses idées originales, le quotidien et à sublimer celui-ci à travers la cérémonie du bain où toute conscience sociale tend à disparaître dans la vapeur du bain chaud et où l’homme, nu, vulnérable, peut tendre vers le divin.
On peut dire la même chose que cette œuvre, qui s’avère à la fois très didactique, osée, drôle, posée et permet d’apprendre dans un grand éclat de rire ! A lire et à offrir, et ce sans aucune hésitation.