Nous : Comment avez-vous commencé à écrire ?
Nicolas Bouchard : J'ai écrit quand j'avais 18 à 21 ans des nouvelles fantastiques. Mais elles n'étaient pas extraordinaires, je me cherchais. Cela fait parti du processus… Puis l'envie m'a totalement passé jusqu'en 1996. J'avais alors 34 ans. Je venais de finir un cycle d'étude professionnelle qui me demandait beaucoup de boulot et de réflexion. Parallèlement, j'ai eu moins de responsabilité dans le poste que j'occupais. Je tournais alors un peu à vide sur le plan intellectuel. Et je ne savais comment combler ce vide. J'ai même commencé à faire du latin à l'époque. Puis brusquement, un matin au cours d'une réunion, j'ai eu l'idée de faire un roman. L'idée de décrire un monde qui soit une énorme réunion d'encadrement m'est venue tout de suite : une gigantesque entreprise à la taille de l'univers. C'est comme ça qu'est né Astronef aux enchères. Très rapidement, Gilles Dumay qui était à l'époque chez Encrage m'a donné une réponse positive.
Nous : Effectivement, vos trois premiers romans ont été publiés presque en même temps.
Nicolas Bouchard : C'est vrai que j'écrivais assez vite, trois ou quatre par an. Comme un éditeur a été assez rapide et l'autre assez lent, les deux livres sont sortis presque simultanément.
Nous : Vous étiez lecteur de SF ?
Nicolas Bouchard : Oui, beaucoup, depuis l'enfance. Mes frères qui étaient plus grands que moi m'ont fait découvrir Vance, Asimov, tous les grands classiques. On lisait Pilote ou Métal Hurlant que je bouquinais en cachette (c'était de la BD pour adulte et moi j'étais gamin). J'ai donc baigné dans cet univers dès mon plus jeune âge.
Nous : Vous parliez de Jack Vance, vous l'avez déjà rencontré ?
Nicolas Bouchard : Oui à Utopia il y a quatre ans. Ca m'a fait quelque chose de voir ce bonhomme très âgé mais ayant gardé une grande vivacité d'esprit. Je relirais ces derniers bouquins même si le public a souvent été déçu. Je crois qu'ils ne sont pas si mauvais que ça. Il a décidé de ne pas raconter une grande histoire, juste le récit nonchalant d'un gars qui visite la galaxie. C'est vraiment un auteur qui me fascine.
Nous : Vous avez un créneau assez particulier que l'on pourrait nommer de la SF juridique…
Nicolas Bouchard : Effectivement, Jacques Goimard dit que je fais du Space Opera juridique. J'ai commencé dans mon premier roman à intégrer cet élément : je m'amusais à montrer les statuts de cette énorme société et Gilles Dumay m'a encouragé dans cette voie car il lui semblait que cela ajoutait un plus. J'ai continué pour le plaisir puisque c'était un domaine qui m'est familier. Dans Astronef aux enchères, le personnage principal est un huissier de justice. Cet aspect avait disparu dans Le réveil d'Ymir mais revient dans L'ombre des Cataphractes qui sort dans une quinzaine de jours au Fleuve Noir.
Nous : Comment présenteriez-vous Le réveil d'Ymir à un lecteur potentiel ?
Nicolas Bouchard : Imaginez qu'un monde soit une gigantesque université où la hiérarchie se fait sur le savoir. On peut imaginer le paradis comme ça, on peut aussi imaginer l'enfer… C'est plutôt l'enfer que j'ai imaginé sur fond d'enquête policière.
Nous : Vous restez très ouvert, vous écrivez du polar, de la SF, vous mélangez les genres…
Nicolas Bouchard : Je n'aime ni écrire deux fois la même chose ni les catégories. Par contre j'aime les œuvres inclassables comme Tschaï de Jack Vance pour ne citer que lui. Par ailleurs, je retravaille en ce moment un bouquin d'Heroic Fantasy que je suis en train de replacer dans un univers plus vaste, plus fouillé et plus construit.
Nous : Pour continuer sur l'ouverture, les Utopiales nous présentent une Europe de la SF, vous sentez-vous impliqué ?
Nicolas Bouchard: D'une part j'aime beaucoup Evangelisti et Massali. L'Italie semble s'être spécialisée dans une uchronie très intéressante. C'est vrai qu'il semble y avoir une Europe de la SF. Mais à l'inverse je n'ai - pour ma part - pas eu beaucoup de contacts avec les maisons d'éditions étrangères, mais j'ai quand même bon espoir…
Nous : Quelle place prend l'écriture dans votre vie ?
Nicolas Bouchard : Je suis conseiller juridique dans une banque mais j'arrive à me réserver une à deux heures par jour si bien que mon rythme actuel est de deux romans par an. J'essaie de les documenter de plus en plus.
Nous : Vous aimeriez être écrivain à plein temps ?
Nicolas Bouchard : Non pas vraiment. Mon milieu professionnel m'assure une certaine sécurité que je n'ai pas vraiment envie d'abandonner. Aujourd'hui, mon ambition serait d'avoir un bon contrat et de prendre une année sabbatique…
Nous : Et vos projets ?
Nicolas Bouchard : La suite de mon premier roman policier sortira chez Flammarion. Il y aura d'autres collaborations avec Mnémos avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler.
La chronique de 16h16 !