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Interview de Nicolas Cluzeau
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Interview de Nicolas Cluzeau

Nous : Première question classique: quand as-tu découvert la fantasy ?
Nicolas Cluzeau : Le premier livre de fantasy que j'ai lu était Bilbo le Hobbit. J'avais alors quinze ans, et un ami m'avait conseillé de le lire avant de m'initier au jeu de rôles. Bien sûr, j'ai enchaîné immédiatement sur Le Seigneur des Anneaux, que j'ai dévoré, puis j'ai lentement découvert Howard et Moorcock, que j'ai dévorés aussi, avec une sacrée fringale. Je crois que c'est le créneau habituel pour beaucoup de lecteurs de fantasy. Avant ces grands auteurs, j'avais lu tout Leblanc, Conan Doyle, Dumas, Leroux, et beaucoup d'auteurs de SF comme Van Vogt, Silverberg et Asimov, les grands classiques. Mais avant Le Hobbit, jamais je n'avais ouvert de réel livre de fantasy, sauf peut-être si l'on considère l'Iliade et l'Odyssée comme de la fantasy. J'avais aussi vu la très belle série L'Odyssée (avec la superbe Irène Papas dans le rôle de Pénélope) en huit épisodes lorsque j'avais huit ans, et cela m'a vraiment donné un avant-goût de la fantasy que j'allais découvrir lors de mon adolescence.

Nous
: Pourquoi as-tu décidé d'écrire?
Nicolas Cluzeau : Je n'ai jamais eu l'idée d'être écrivain, en fait, aussi loin que remontent mes souvenirs d'enfance. Je n'avais jamais écrit d'histoires, je préférais les lire et m'en faire dire par les autres, cela me semblait beaucoup plus intéressant. Il y a eu trois véritables déclics pour que je commence à m'intéresser à l'écriture. Le premier fut mon père. Il est écrivain, aussi, mais a très peu publié. Un seul livre, réédité trois fois. Il a écrit aussi quelques pièces de théâtre qu'il nous lisait à voix haute, à ma mère et moi. J'ai toujours adoré l'écriture de mon père. C'est un véritable humaniste, avec un style malicieux et humoristique. Il m'a pas mal donné envie de l'imiter. À mes premiers essais en écriture, dans ma vingtaine, il n'était pas très enthousiaste pour mon style et mon imagination. Au lieu de me décourager, cela m'a plutôt donné l'envie de progresser. Le deuxième facteur entra en scène quelques années après que je me sois mis à pratiquer les jeux de rôle (qui soit dit en passant sont excellents pour la discipline d'écriture des scénarii). J'étais un peu déçu de ne pas pouvoir garder les bons moments des parties, les grands événements dramatiques ou amusants. Cela m'attristait un peu. Alors je me suis mis à prendre des notes, et lentement j'ai formé dans mon esprit l'idée d'écrire les histoires des jeux pour en garder une petite trace, au moins. Pas mal d'auteurs de fantasy de ma génération ou un peu plus jeunes, de quelque pays qu'ils soient, viennent du milieu du jeu de rôles, j'ai pu m'en rendre compte. Le troisième facteur fut le plus important. Dans pratiquement tous les ouvrages de science-fiction, de fantastique ou même des autres littératures, de genre ou non, j'ai toujours trouvé de quoi abreuver mon imagination et combler mon attente, et j'ai une immense admiration pour ceux qui en écrivent, car j'en serais bien incapable. Cependant, dans le cas de la fantasy, je n'ai jamais réellement trouvé mon compte - à part dans les œuvres de fantasy de Jack Vance, je dois l'avouer. J'étais insatisfait. Genre le client qui n'est jamais content de la marchandise et qui y trouve toujours des défauts. En fait, je ne retrouvais pas la magie du merveilleux que je pratiquais autour des tables de jeux, surtout en tant que scénariste. Quoiqu'il en soit, je me suis mis dans l'idée d'écrire des histoires que j'aurais aimé lire ou vivre dans le jeu. C'est aussi simple que cela. Lorsque je me suis rendu compte que je pouvais écrire une nouvelle ou un roman d'un bout à l'autre en y prenant un grand plaisir, je me suis dis : "et pourquoi pas ?" Et voilà comment j'ai décidé d'écrire. Après, pour rester écrivain et se faire publier, il faut savoir mettre de côté son ego surdimensionné, avoir un peu de chance ou des relations, tomber sur un éditeur qui flashe sur ton style, et aimer la réécriture, encore la réécriture, et toujours la réécriture (à moins que tu ne sois un génie et que ton premier jet soit parfait, mais ceci est une autre histoire).

Nous : Quels sont les auteurs qui t'ont marqué et pourquoi?
Nicolas Cluzeau : Difficile question. Enormément d'auteurs m'ont marqué et me marquent encore. Dans la littérature ancienne, je peux cependant citer : Homère, Hérodote (lisez L'Enquête, c'est fabuleux), Hésiode, Skalagrimsen, l'Edda poétique ; je me sers toujours des modèles classiques et nordiques lorsqu'il me faut construire une cosmogonie. Les références légendaires classiques sont les plus intéressantes en ce qui me concerne, et me donnent de solides références historiques. Ensuite, Tolkien, bien sûr, parce que Le Seigneur des Anneaux et Le Silmarillion ont su me donner l'envie de construire des mondes semi-imaginaires cohérents, avec des histoires et des légendes qui se recoupent avec logique sur des millénaires, voir des dizaines de millénaires. Jack Vance a mis aussi son empreinte sur mon âme, car les histoires qu'il raconte ont beau être souvent dramatiques, elles restent toutes teintées d'un humour d'une grande qualité, d'une poésie subtile et de dialogues somptueux, pleins d'esprit et de vigueur. Pour la profondeur des messages et de la psychologie des personnages, j'ai toujours admiré Dan Simmons et Philippe José Farmer. Ils m'ont vraiment donné envie de créer des personnages crédibles dans des mondes crédibles, qui ont de réelles relations avec leurs environnements. Pour ce qui est du visuel et de la profondeur des décors et des couleurs, la bande dessinée américaine et japonaise, ainsi que les très bons films de SF et d'animation japonaise (comme tous les Hayao Myazaki, de Nausicaa à Chihiro par exemple) m'ont appris à donner une vie propre à mes décors - on pourrait dire trois dimensions -, et non simplement à décrire des paragraphes de carton-pâte.

Nous : Ton premier cycle en solo, Nordhomme faisait état d'une fantasy un peu différente. Que voulais-tu faire? Garderas-tu les mêmes principes pour la suite (et la fin)?
Nicolas Cluzeau : Je ne sais pas vraiment ce que tu entends par 'différente', exactement. J'ai voulu un peu bousculer les barrières du genre et comme je le disais plus haut, écrire ce que je ne trouvais pas chez tous les autres auteurs de fantasy. J'ai voulu donner (péché d'orgueil, sans doute) à celle-ci une touche de beau langage, et j'ai voulu aussi introduire des éléments sociaux, politiques et religieux, que je ne retrouvais pas du tout dans les ouvrages de fantasy que je lisais alors (ou en tout cas dans leur grande majorité, ce qu'on appelle la Big Commercial Fantasy). Et surtout, je voulais teinter tout d'une petite dose d'humour, de celui qui te fait sourire en coin plutôt que de déclencher le rire gras. Je garderai toujours les mêmes principes pour tous mes écrits. J'aime la langue française avec passion, mais je vais mettre de l'eau dans mon vin, car tout de même, la fantasy c'est aussi l'aventure trépidante et la magie du récit, non un ouvrage littéraire sentencieux et ennuyeux, ou au langage trop précieux. Celui-ci doit être distillé de manière habile et propre à l'histoire, et non de façon trop forcée. Je vais refondre les deux premiers tomes de Nordhomme(Embûches et Erika) en un seul, réécrire complètement la structure du scénario et des personnages, et assouplir (sans le censurer) tout ce qui alourdissait les livres. Mais je garderai à l'esprit, pour la suite du cycle, tout ce qui en fait sa force : l'environnement social et politique du continent où Nordhomme se trouve, la qualité que j'apporte aux caractères des personnages, et la dynamique des changements qui sont à venir.

Nous : Avec le recul, comment juges-tu les deux premiers tomes que tu as publiés chez Nestiveqnen?
Nicolas Cluzeau : Certaines personnes m'ont dit que les lecteurs me reprochaient mon style trop littéraire (ce qui est un comble, si on y réfléchit bien, même si c'est justifié dans une logique de Big Commercial Fantasy), et d'autres me disaient qu'avec la richesse de mon style, je ne devrais pas me fourvoyer dans le genre mineur qu'est la fantasy. Cela m'a bien fait rire. Enfin, il y a quand même eu une lettre que quelqu'un m'a envoyée, qui me disait que Embûches et Erika l'avaient réconcilié avec la fantasy, et il y donnait les raisons pendant quatre ou cinq pages. J'étais estomaqué. Même si tu ne reçois qu'une seule lettre comme celle-là tout le long de ta vie, tu te dis que tu n'as pas écrit pour rien. Et la question est difficile, encore une fois. Avec le recul, je pense maintenant comme beaucoup de lecteurs et de critiques : les deux tomes auraient pu être coupés d'au moins de moitié et réunis en un seul - comme ils le seront pour la réédition. Dialogues un peu trop bavards, trop longue introduction, décors et descriptions trop détaillés, le lecteur y perd son imaginaire et son indépendance. J'ai beaucoup changé dans mon travail d'écriture et dans l'approche à l'histoire, aux descriptions et aux informations distillées pendant le récit. Les anglo-saxons disent " ne montre pas, raconte ", et j'essaie de me conformer à ce schéma tout en essayant de rester le plus moi-même.

Nous : Comment va évoluer l'intrigue dans les deux prochains volumes?
Nicolas Cluzeau : J'ai laissé de côté Nordhomme pour le moment. Ce cycle qui sera rattaché à celui du Dit de Cythèle par la fin du quatrième volume de celui-ci. Mais j'ai déjà prévu la suite, bien évidemment. Le tome suivant se passe dans Nystelgard, la capitale, et va conter le développement du complot simultanément avec l'intrigue d'Erika, et le résultat que cela aura sur le reste du continent. De nombreux personnages mentionnés en filigrane dans les deux premiers tomes interviendront en tant que personnages principaux, les nouvelles " technomagies " feront une entrée fracassante dans la vie de ce monde. J'avais déjà décidé de donner un dynamisme permanent aux mondes que je décris, à bouleverser les paysages économiques, sociaux, politiques. Un monde statique est un monde ennuyeux.

Nous : Autre univers, celui d'Harmelinde et Deidre, comment est née l'idée de ces deux personnages féminins?
Nicolas Cluzeau : Un jour, une amie, qui créait un personnage de magicienne pour un jeu de rôles, m'a dit : " Et pourquoi les magiciens n'auraient pas une famille, eux aussi ? ". J'ai aussitôt imaginé une magicienne avec un disciple qui serait autant sa fille que son élève. Une vieille idée de magicien enquêteur, que j'avais mis dans un tiroir, m'est revenue en tête, et hop, Sage comme une image, la première nouvelle mettant en scène Harmelinde et Deirdre, était née. J'ai voulu que ces personnages respectent bien sûr des lois d'une magie mécaniste pour que les aventures qu'elles vivent et les enquêtes qu'elles mènent restent crédibles. Jusqu'à présent, écrire des nouvelles pour ces deux personnages a été à chaque fois un grand moment d'excitation et de joie. J'ai aussi exploré l'adolescence d'Harmelinde dans une longue histoire non encore publiée, et ces deux personnages font à présent des apparitions dans mes romans, des sortes de cross-overs qui m'amusent énormément. C'est le cas dans Les Larmes du Démon, qui paraît en juillet, ce sera le cas dans le quatrième tome du Dit de Cythèle. On retrouvera Harmelinde en doyenne de l'Université de Vilanöé dans les tomes suivants de Nordhomme. En attendant d'autres nouvelles ou romans qui les mettront en scène.

Nous : Comment pourrais-tu présenter cette série à quelqu'un qui ne l'aurait pas lue?
Nicolas Cluzeau : L'ensemble des nouvelles d'Harmelinde et Deirdre racontent les histoires de deux magiciennes, mère et fille, qui enquêtent sur des mystères basés sur la magie. Là où se déroule un événement magique qui laisse les autorités perplexes, Harmelinde et sa fille interviennent. Qu'il s'agisse de meurtre surprenant, de cuisine étrange, de déplacement de forêt, de magiciens fous, de temps détraqué ou de quelqu'autre puzzle enchanté, les deux magiciennes sont là pour les résoudre, avec plus ou moins de réussite à chaque fois. Les nouvelles qui composent le cycle ont pour héroïne Harmelinde ou sa mère, ou les deux magiciennes ensemble. L'humour est omniprésent, pour désamorcer des situations trop dramatiques, les querelles de famille peuvent surgir à tout moment et les magiciennes découvrent des choses sur elles-mêmes, tout en restant limitées face à des situations qui les dépassent un peu. En basant toutes les aventures d'Harmelinde et Deirdre sur le merveilleux, la poésie que la magie peut inspirer et les mystères enchantés (ce qui était les éléments cruciaux des histoires), je crois que j'ai réussi à créer une série d'enquêtes assez cohérentes, amusantes et surprenantes.

Nous : Quels en seront les futurs développements?
Nicolas Cluzeau : J'ai écrit un petit roman qui met en scène l'adolescence de Harmelinde lorsqu'elle prépare sa thèse de magie appliquée en Orlandie, ce qui m'a bien amusé, et je compte en écrire quelques autres, qui seront peut-être édités en série ou en recueils, je n'en sais encore rien. De plus, Harmelinde et Deirdre sont appelées à intervenir de nombreuses fois dans mes futurs écrits. Elles n'auront jamais le rôle principal, cela je leur réserve dans les nouvelles et novellas dont elles sont les héroïnes. Elles évoluent au fur et mesure du temps qui passe, et deviennent des personnages politiques importants. La résolution d'énigmes magiques sera toujours leur plus grande passion, mais je ne sais pas quand j'aurai le temps d'écrire réellement à plein temps pour ces deux magiciennes - ce que j'aurais fichtrement adoré.

Nous : Tu vis en Turquie. Le pays a-t-il une influence sur ton écriture? T'inspire-t-il? Et pourquoi?
Nicolas Cluzeau : Bien sûr, je pourrais te décrire les paysages magnifiques de la Turquie, les mers au bleu de cristal, les terres centrales magnifiques d'Anatolie, les montagnes majestueuses et le sublime Bosphore sur Istanbul, le tout avec des couplets sur l'hospitalité des Turcs et leur joie de vivre. Je n'en ferai rien, car ce sont des clichés que tout le monde connaît. En vivant au sein de la communauté turque de l'Istanbul asiatique, en apprenant leur langue, en découvrant l'amertume et l'état de fatalisme qui recouvre le pays, tu comprends que la Turquie est fracturée de partout. Il faut avoir vécu parmi eux et commencé à apprendre leur langue et appréhender leur culture, pour comprendre ce peuple. Attention, quand je parle du peuple turc, je parle des citoyens de la République Turque, et donc de toutes les ethnies : Turque, Kurde (peuplade au langage indo-européen), Laz (descendants des celtes qui s'étaient établis en Anatolie), Grecque (qui n'ont jamais quitté le patriarcat d'Istanbul), Arménienne, Turkmène, etc… Au-delà de tous les événements historiques qui l'ont secoué (et que je ne discuterai pas ici), c'est tout de même resté un pays cosmopolite, unifié sans l'être et victime de malentendus tragiques, de gouvernements incompétents et d'idées préconçues. Je ne cherchais pas vraiment l'inspiration au moment où je suis parti y vivre, mais je l'ai trouvée tout de même, car on ne peut rester indifférent en découvrant les grandes fractures sociales de la Turquie. Ma femme a vécu deux guerres : Chypre en 1974 et la guerre civile des années 90 qui a ruiné le pays. Tu en parles avec les habitants, cela fait partie de leur vie quotidienne, ces événements (comme l'inflation terrifiante qui frappe l'économie) sont comme une espèce de fatalité dont seule l'Union Européenne pourrait être le point d'arrêt. Mais les débats sur la Turquie sont trop nombreux pour en parler ici. Il est évident que la complexité turque, ethno-politico-religieuse, ne peut être qu'une source d'inspiration pour un écrivain, surtout dans un pays qui est le trait d'union entre Europe et Asie, si riche d'Histoire - Guerre de Troie, Hittites, Assyriens, Ioniens, les Guerres Médiques, Invasion des Tribus Seldjoukides, l'Empire Ottoman, la naissance de la République etc... J'ai déjà commencé de prendre des notes pour des romans historiques dans cette région du monde. Si je sens que ma maîtrise du sujet est assez grande, je pourrais, dans quelques années, m'y attaquer, mais d'ici là, je préfère m'abstenir, car beaucoup de sujets restent très délicats à aborder.

Nous : Tu as été anthologiste et directeur de collection. Tu as également écrit à quatre mains. Ces expériences ont-elles été des plus pour ton activité d'écrivain ? Qu'en as-tu appris?
Nicolas Cluzeau : Toute expérience sur l'écriture est un plus pour un écrivain. Que l'expérience soit négative ou positive, cela te fait progresser. Pour mon travail d'anthologiste, j'ai réellement pris un grand plaisir à travailler avec les auteurs, bien qu'à cette époque j'avais quelques gros problèmes personnels, et Chrystelle [Camus] a effectué la plus grosse part des corrections. L'anthologie Science et Sortilèges appartient à ce que j'appelle la rupture des genres. Ce que Gilles Dumay (si mes souvenirs sont bons) appelle la " Fusion ". Je ne conçois pas la littérature avec des compartiments bien agencés. Je lis de tout, je pense qu'une histoire, si elle est bien racontée, que ce soit de la fantasy ou des chants poétiques, ou encore du policier ou une étude de caractère, reste avant tout de la littérature tout court. C'est ce que j'ai essayé de mettre en avant en mélangeant Science-Fiction et Fantasy. J'ai appris de ce projet que rien n'empêche le mélange des genres, et qu'ils n'en sont qu'enrichis plus encore en se mélangeant. Pour ce qui est de l'écriture à quatre mains, les deux romans du cycle de La Terre Déchirée ont été un grand moment pour Laurent et moi. Nous n'avions jamais pensé être publiés. Nous nous amusions à inventer un univers et une histoire dont nous échangions les chapitres comme deux joueurs de tennis. A toi la balle et renvoie-la moi si tu peux ! Ce qui explique le caractère un peu fouillis ; je dois d'ailleurs préciser que le roman a été publié tel quel, en premier jet, alors qu'il aurait mérité un gros travail de réécriture, mais nous étions très naïfs à l'époque, et nous ne connaissions rien au vrai travail de l'écrivain. Mais personnellement, j'aime beaucoup l'univers (qui soit dit en passant a été conçu entièrement par Laurent) et cela a été une expérience extraordinaire pour moi : Laurent et moi avons appris à concevoir des rebondissements permanents dans le scénario, même si là cela confinait à un abus quasi agaçant pour beaucoup de critiques. Lorsque nous avions mis en chantier un autre roman dans la Terre Déchirée, nous avions décidé d'être un peu moins chaotique. Puis le Fleuve Noir a arrêté la collection SF Legend, et on s'est un peu retrouvé le bec dans l'eau avec notre univers. Ensuite, nos vies et nos projets personnels n'ont pas permis de reprendre avec sérieux la Terre Déchirée.

Nous : Quels sont tes projets?
Nicolas Cluzeau : Je suis aujourd'hui complètement plongé dans la tétralogie Le Dit de Cythèle, dont le deuxième tome sort en juillet (Les Larmes du Démon). Je finis le troisième tome juste au moment de cette interview, et je vais attaquer ensuite le dernier tome, qui devrait être bouclé en quelques mois. Ensuite, je me ré-attaque au Cycle de Nordhomme, qui comptera quatre volumes aussi et changera de nom. Je vais pas mal m'attacher ces deux prochaines années aux mondes décrits dans tous ces livres, pour les développer encore plus et les inscrire dans un tableau d'ensemble de mon Multivers. Entre deux gros livres, je m'attaque à des choses qui me tiennent aussi à cœur : des histoires pour la jeunesse mettant en scène Harmelinde, des nouvelles et puis un roman d'aventures maritimes dans un monde fantasy, aussi, mêlant technologie et magie, que je rêve d'écrire à chaque fois que je lis un roman d'Alexander Kent ou de Patrick O'Brian.

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