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Interview de Richard Ely
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Interview de Richard Ely

Actusf  : Tout d'abord comment est née l'idée de ce livre ?
Richard Ely : L’idée du livre germait en moi depuis quelques années. A l’origine, une question toute simple : d’où viennent ces fées, elfes, lutins... A force d’écrire des news et articles sur le sujet dans le magazine Khimaira d’abord, sur le blog Peuple-feerique.com ensuite, cette question était devenue une obsession. Je me suis donc mis à lire essais et articles sur le sujet jusqu’à me conduire à une autre question : ces créatures féeriques, cette petite mythologie existe-t-elle dans les autres cultures ? L’origine des fées et lutins d’une part, l’universalité de leurs légendes de l’autre, voilà les deux chemins qui se sont rejoints dans le Grand Livre des Esprits de la Nature.

Actusf  : Comment as-tu travaillé pour le concevoir? Il y a 1150 noms répertoriés de fées, de lutins, d'elfes, de sirènes... Le travail de documentation a dû être énorme... 
Richard Ely : Plus de 300 livres, des dizaines d’articles… et beaucoup de mails échangés avec des personnes situées un peu partout sur notre planète. Je ne te raconte pas l’état de mon bureau à la fin de ce projet ! En réalité, j’ai procédé en deux temps. Pendant un an, j’ai exploré tous azimuts, notant les noms, les principales caractéristiques et les sources liées pour aboutir à plus ou moins 100 créatures correspondant aux 100 fiches principales du livre. Ensuite, j’ai repris et approfondi chacune de ces 100 créatures pour la rédaction du livre. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir dans cette étape, travaillant chaque jour entre 2 à 6 heures sur le sujet, en étant très régulier et très rigoureux car je savais la masse de travail énorme. Une fois les informations amassées jugées suffisantes pour écrire une fiche, je la rédigeais en rendant le texte plus poétique, rêvé, féerique, oubliant le côté encyclopédique du fond pour que la forme adhère à l’univers illustré que nous désirions, Frédérique et moi, au final. Deux années passèrent ainsi sans que je m’en rende vraiment compte car c’était un vrai bonheur que de côtoyer les fées de tant de cultures et folklores.


Actusf  : Comment as-tu choisi ceux à qui tu as consacré une page ? Quels étaient les critères de ce choix ?
Richard Ely : J’ai pris comme critères de sélection une grille croisée combinant l’élément de la créature (eau, air, terre…) ; sa première lettre (puisque nous voulions un classement alphabétique) et sa position géographique (pour qu’en final, nous ayons un joli tour du monde des fées et lutins).

Actusf  : C'est un vrai tour du monde auquel tu nous invites. Trouve-t-on des créatures féériques dans tous les secteurs ?
Richard Ely : Oui, bien sûr. Cela vaut à l’échelle d’une région où tu trouveras des créatures typiques d’un lieu, d’un hameau, d’un bosquet comme à l’échelle du monde où chaque pays, chaque culture, chaque croyance possèdent leurs esprits de la nature. J’aime l’idée de « petite mythologie » car d’une part, elle explique que ces êtres étaient pour la plupart des anciens dieux diminués d’importance et donc d’apparence mais aussi car on admet facilement l’idée de trouver des mythologies partout dans le monde, et donc il en va de même pour les petites mythologies.

Actusf : Comment expliquer la création de ces créatures dans l'imaginaire des hommes et leur persistance ?
Richard Ely : Je ne sais si les mythes sont nés avant les hommes ou les hommes avant les mythes… Deux choses sont certaines : ils ont toujours existé et ils sont vivants. La plupart des origines de nos fées et lutins remontent aux religions animistes et donc à notre préhistoire. Ces croyances perdurent mais surtout se transforment au fil du temps. Ce qui est sûr, c’est que lorsqu’un mythe, une croyance disparaît, il n’y a jamais quelque chose de bien qui suit cette absence de « présence ». Là où les esprits de la nature n’existent plus, la nature est bafouée, détruite, ignorée… alors que là où la nature est toujours sacrée, l’homme vit dans une sorte de symbiose, dans une harmonie délicieuse… Ceci est toujours possible chez nous, il suffit de suivre le chemin des fées ou mieux encore, de s’y perdre…

Actusf  : Quelles sont tes créatures préférés ou celles pour lesquelles tu as le plus de tendresse ?
Richard Ely : Toutes me passionnent bien entendu. Mais il est évident que j’ai une affection particulière pour les êtres de ma région, de mon cher Pays des Collines, en Belgique. Ainsi par exemple, les Marluzines, ces fées liées au vent, anciens croquemitaines dont on menaçait les enfants turbulents de chez nous et dont le cri se faisait entendre au travers des chambranles lors des nuits de tempête.

Actusf  : Et certaines t'ont elles étonnés ?
Richard Ely : Elles m’ont toutes étonné ! C’est dans leur nature de nous surprendre, de nous jouer des tours. Mais je dois avouer que j’ai été fort intrigué par ces pauvres Pipintus d’Amérique du Sud qui, les pauvres, sont dénués d’anus et de là de cette capacité que nous avons à manger de délicieux mets qui les font fort saliver sans pouvoir, à cause de ce manque physique, y goûter à leur tour.

Actusf  : Comment as-tu travaillé avec l'illustratrice ?
Richard Ely : Nous avons d’abord travaillé sur le style. L’idée était d’une part de « montrer l’invisible », d’où ces effets de transparence dans les créatures. Ensuite, puisque le sujet était les esprits de la nature et donc quelque part un retour à celle-ci, Frédérique a suivi la même idée que les artistes Art Nouveau, celle de revenir à la nature au départ d’un monde industrialisé et humanisé à outrance… Le résultat fut étonnant, loin des représentations habituelles des fées et lutins sur fond de fantasy. Personnellement, j’ai de suite adhéré et adoré son style, sa démarche, son approche. Mais je n’étais pas étonné, Frédérique est une personne qui vit avec les fées, entourée de nature, de fleurs et de papillons, sous le regard bienveillant d’un Green Man et d’autres créatures qui font son univers.

Actusf  : Quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu ?
Richard Ely : Je poursuis mon chemin en Féerie. En octobre prochain sortira un livre regroupant fées, lutins, dragons et autres créatures de France. Un ouvrage co-écrit avec Amélie Tsaag-Valren. Ensuite, je compte revenir à quelques projets jeunesse, toujours en lien avec la féerie avant de m’attaquer à la suite prévue de ce Grand Livre qui devrait paraître courant 2015…

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