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Interview de Terry Bisson
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Interview de Terry Bisson

Nous : On commence à vous découvrir en France, comment êtes-vous venu à la littérature, et surtout à l'écriture ?
Terry Bisson : J'ai commencé assez tard. Je travaillais dans une maison d'édition à New York au milieu des années 70 quand on m'a proposé un premier essai pour écrire un livre. Comme il a plutôt bien marché, on m'a suggéré d'en écrire un deuxième. J'étais lancé. J'ai donc commencé vers l'âge de 35 ans, j'étais déjà un vieux (rires).

Nous : Est-ce que cela vous a servi de travailler dans une maison d'édition, avant ?
Terry Bisson : Oui bien sûr. C'était plus simple car je n'avais pas besoin de beaucoup chercher pour trouver un éditeur. Cela m'a bien servi pour démarrer.

Nous : Pourquoi avoir choisi la science-fiction comme genre littéraire ?
Terry Bisson : Je n'ai pas choisi la science-fiction. Je lisais de la science-fiction lorsque j'étais jeune mais je me suis ensuite intéressé à la littérature générale. Disons que pour ma première nouvelle Le jour où les ours ont découvert le feu, j'ai écrit de la science-fiction parce que mon éditeur était spécialisé dans ce domaine. Ensuite, il m'a dit que je pouvais écrire ce que je voulais. Mon deuxième roman Homme qui parle relevait donc plutôt du fantastique. En fait la science-fiction était pour moi plutôt un moyen pour démarrer. C'est pour cette raison que j'ai d'abord choisi d'écrire Voyage vers la planète rouge, de la science-fiction plus traditionnelle. Je voulais avoir du succès et être reconnu de façon à acquérir ensuite plus de liberté pour écrire d'autres choses.

Nous : Pourtant dans Voyage vers la planète rouge, on ressent une critique de la société, une satire du monde du cinéma, du show bizz, était-ce voulu dès le départ ?
Terry Bisson : Oui tout à fait, car c'est ma vision de l'Amérique et du capitalisme.

Nous : En France, on vous présente comme un écrivain engagé. On rappelle d'ailleurs souvent que vous avez écrit une biographie de Mumia Abu Jamal (un condamné à mort aux Etats Unis). Revendiquez-vous ces positions dans vos livres ?
Terry Bisson : J'ai toujours été très engagé politiquement, c'est pour ça que j'ai tenu à rencontrer Mumia Abu Jamal, Cela reste donc toujours très présent dans mes romans. Je suis de gauche, plutôt socialiste, et je me sens proche des nouveaux mouvements qui sont apparus aux Etats-Unis à la fin des années 70.

Nous : Vous avez l'air d'avoir une vision très pessimiste des Etats-Unis.
Terry Bisson : Je vois les Etats-Unis comme un pays impérialiste et j'ai du mal à accepter cet état de fait.

Nous : Est-ce que les derniers événements du 11 septembre et ceux qui en découlent ont conforté ou bien remis en cause votre opinion ?
Terry Bisson : Oui, c'est clair. Ces événements ont confirmé la politique d'impérialisme des Etats-Unis.

Nous : Il y a un livre qui sort en France, qui s'appelle Nova Africa, comment le présenteriez-vous à une personne qui ne l'a pas encore lu ?
Terry Bisson : Ce nouveau roman est une utopie socialiste des mouvements afro-américains aux Etats-Unis au moment de la guerre civile, la guerre de sécession. C'est peut-être difficile à comprendre pour beaucoup de gens mêmes pour des Américains, car ils ne connaissent pas très bien leur propre histoire.
Je me suis inspiré de ma vie politique et de l'engagement de John Brown. En l'étudiant, j'ai appris beaucoup sur son histoire et sur son combat politique contre l'esclavagisme, le racisme. En fait, dans mon roman, le gouvernement veut former un Etat indépendant noir. Je décris alors la situation où celui-ci devient réalité. Il y a donc plusieurs états qui sont créés à l'intérieur des Etats-unis : un noir, un autre indien, un autre mexicain etc. C'est la description de l'utopie pour laquelle je milite.

Nous : Qu'aimeriez-vous que les gens retiennent de vos livres ?
Terry Bisson : Dans les livres de science-fiction, j'ai toujours senti que ce sont d'abord les idées qui retiennent l'attention de lecteurs, plutôt que l'histoire. J'espère que pour mes romans aussi, se seront les idées qu'ils retiendront.

Nous : Récemment, vous avez été primé en France pour une nouvelle Meucs, c'est votre 3e roman publié dans notre pays, vous avez une relation particulière avec les français et la France en général ?
Terry Bisson : J'ai eu de la chance avec la France surtout au niveau de l'édition car le traducteur était Jean-Daniel Brèque. Avec Jean-Daniel, nous sommes devenus amis et je pense que c'est grâce à lui que ma deuxième nouvelle a été publié chez Galaxies. Après, j'ai pu continuer le livre de Walter M.Miller L'héritage de Saint Leibowitz. J'espère pour la suite avoir encore du succès.

Nous : Le livre de Walter M. Miller est considéré comme un chef-d'œuvre en France. Est-ce facile de poursuivre l'œuvre d'un tel monument ?
Terry Bisson : En fait, je ne l'ai jamais rencontré. Je n'ai écrit que la fin de son deuxième livre. On ne peut pas dire que j'ai continué son œuvre. C'est vrai que c'était intéressant. Malheureusement, le roman na pas eu beaucoup de succès aux Etats-Unis, je le regrette beaucoup.

Nous : Quels sont vos projets à venir ?
Terry Bisson : J'ai deux nouvelles en projet dont une pour Bifrost. Je viens aussi de finir un nouveau roman et j'espère que les éditeurs français seront intéressés. Bref, beaucoup de travail.

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